Après le succès de "The Lodger" (1927), le producteur Michael Balcon veut profiter de ce bel élan et pousse à repartir au travail en espérant un nouveau succès. Le choix se porte sur "Down Hill", pièce écrite par Constance Collier et Ivor Novello ce dernier étant aussi l'étrange locataire de "The Lodger". Le réalisateur collabore à nouveau avec son scénariste attitré de l'époque, Eliot Stannard qui signe tous ses films depuis "Le Jardin du Plaisir" (1925) et qui poursuivra jusqu'au 9ème film "The Manxman" (1929). Hitch retrouve aussi logiquement Ivor Novello qui reprend le rôle qu'il tenait sur les planches malgré ses 34 ans et que son personnage soit normalement un adolescent. Le réalisateur trouvait la pièce plutôt "médiocre" mais il assume ce film de commande, d'abord en titrant le film en un seul mot "Downhill", puis en signant le carton de présentation : "Voici l'histoire de deux écoliers qui conclurent un pacte de loyauté. L'un d'eux y a été fidèle... En en payant le prix."...
Etudiant, Roddy préfère assumer un vol qu'il n'a pas commis plutôt que de dénoncer son meilleur ami. Il est alors renvoyé de l'université au grand dam de ses parents dont le père qui ne croit pas en son innocence. Roddy décide alors de partir en France où il va connaître plusieurs épreuves de vie... Le protagoniste principal est donc incarné par Ivor Novello, retrouvant Hitchcock après avoir été le héros mystérieux de "The Lodger" dont il jouera un remake éponyme (1932) de Maurice Elvey. Son ami est joué par Robin Irvine vu dans "The Secret Kingdom" (1925) de Sibnclair Hill, qui retrouvera Hitch pour leprochain "Easy Vertue" (1927) et vu dans "Le Navire des Hommes Perdus" (1929) de Maurice Tourneur. L'atout charme est dévolu à Isabel Jeans qui retrouvera Hitch également dans "Easy Verue" (1927) puis dans "Soupçons" (1941). Citons encore Ian Hunter qui retrouevra aussi Hitch pour "Easy Vertue" puis "The Ring" (1927) et qu'on verra plus tard dans les classiques "Les Aventures de Robin des Bois" (1938) de Michael Curtiz et "Docteur Jekyll and Mister Hyde" (1941) de Victor Fleming... Il semble que le réalisateur, peu inspiré par le côté très mélo de l'histoire, ait voulu instillé de la comédie dont une bagarre en mode burlesque mais les producteurs feront le nécessaire pour garder dans l'ensemble le genre mélodrame. L'histoire est finalement assez peu intéressante, un simple mélo effectivement qui se prive de surcroît de scènes qui auraient pu donner de la densité comme le pourquoi du comment du vol ou comment la vérité est-elle dévoilée ?!
Le film s'intéresse donc plus à la déchéance sociale et morale de son personnage principale, qu'on pourrait comparer à la trame ascension-gloire-chute-déclin, malgré une fin très moralisatrice très et trop vite expédiée pour ne pas dire gâchée. Mais le film demeure passionnant pour une chose essentielle : Hitchcock devient de plus en plus grand, il améliore son style et performe toujours plus loin dans sa mise en scène. Ce qui explique par exemple que le vol originel n'est pas franchement traîté, il s'agit pour Hitch d'un "Macguffin", un prétexte pour lancer l'intrigue alors qu'il s'intéresse avant tout au cheminement de son personnage. On remarque aussi plusieurs passages symboliques que le maître améliorera et perfectionnera dans ses futurs chefs d'oeuvres. On peut citer la séquence du flirt de Roddy avec Julia en arrière-plan d'un robinet qui coule juste au moment de l'arrivée de l'amant pour marquer que Roddy est chassé comme par le jet d'eau, l'évolution sociale symbolisée par les escaliers qu'emprunte Roddy, le filtre verdâtre pour les hallucinations où meilleur encore avec l'entrée de Roddy dans la loge la tête en bas dont l'idée sera reprise par le cinéaste pour le sublime "Les Enchaînés" (1946). En conclusion, un mélo sur le fond trop classique pour passionner, mais sur la forme on s'amuse à constater les coups de génie de Hitch et c'est déjà beaucoup.