Premier long métrage de la réalisatrice danoise Jeannette Nordahl, qui jusqu'ici a signé plusieurs courts métrages comme "Bastion" (2008), "My baby the Butterfly" (2012) ou "Nylon" (2015) mais elle a aussi surtout été assistante réalisatrive sur quelques longs métrages notamment sur les épisodes "Les Enquêtes du Departement V : Miséricorde" (2013) et sa suite "... Profanation" (2014) tous deux de Mikkel Norgaard. Cette histoire est écrite par Ingeborg Topsoe, scénariste du film "The Charmer" (2018) de Milad Alami. Notons que derrière ce projet on retrouve les producteurs derrière les bijoux (2020) de Alejandro Landes et "Les Oiseaux de Passage" (2019) de Ciro Guerra et Cristina Gallego. Cette histoire sur une famille criminelle, mais non mafieuse (nuance !), a déjà offert quelques très bons films où souvent il y a une matriarche qui mène son monde entre menace primaire et amour maternelle. Dans le genre, récemment on pense surtout à des films comme en Australie avec "Animal Kingdom" (2011) de David Michôd ou l'Argentine avec "El Clan" (2016) de Pablo Trapero...
Au Danemark, suite à la mort brutale de sa mère dans un accident de la route, Ida 17 ans est prise en charge par sa tante chez qui elle emménage avec ses trois fils, jeunes adultes. Très vite elle comprend que sa famille est en fait criminelle spécialisée dans le racket. Sa tante n'essaie même pas d'être discrète, Ida est quasi aussitôt mise u courant des secrets familiaux. Mais un drame va bousculer l'osmose du clan et va mettre sous pression les membres du gang avec Ida au milieu... La mère maquerelle de cette joyeuse famille est incarnée par Sidse Babett Knudsen remarquée dans "After the Wedding" (2006) de Susanne Bier et "The Duke of Burgundy" (2014) de Peter Strickland et surtout vue en France dans (2015) de Christian Vincent, "La Fille de Brest" (2016) de Emmanuelle Bercot et plus récemment dans "Les Traducteurs" (2019) de Régis Roinsard. La nièce orpheline est jouée par la méconnue Sandra Guldberg Kampp surtout connue pour la série TV "The Rain" (2018-2021). Les trois fils sont joués par Joachim Fjelstrup, Elliott Crosset Hove et Besir Zeciri, les deux premiers se retrouvant après la série TV "Invasion Day" (2017), le premier et le troisème se retrouvent après la série TV "Greyzone" (2018) ainsi que leur partenaire Sofie Torp. Le second, Hove, a joué aussi dans un opus "Les Enquêtes du Departement V : Dossier 64" (2019) de Christoffer Boe. Citons enfin l'éducateur interprété par Omar Shargawi vu dans "Nymphomaniac" (2014) de Lars Von Trier et (2018) de Gustav Moller... Le départ débute de façon très classique, avec une arrivée de Ida dans la famille qui peut laisser perplexe à bien des niveaux et qui va parasiter tout le film. D'abord on annonce à l'ado qu'elle va vivre chez une tante qu'elle ne connaît pas, qu'elle ne vaut pas forcément y aller, mais que les services sociaux acceptent comme famille d'accueil sans se poser la moindre question ?! Ok...
Ensuite on s'étonne que Ida, à peine arrivée soit aussi vite et aussi facilement impliquée dans les affaires de la famille : pas d'apprentissage, pas de mise en garde, pas de questions ni de la famille ni de l'ado non plus (?!), en quelques jours l'ado joue le jeu et la famille l'intègre sans un minimum de sécurité quant à l'innocence de Ida ?! Une arrivée qui est donc plombée par une crédibilité tendancieuse. Par là même, quand l'accident arrive on a un éducateur consciencieux cette fois, un flic en présence qui connaît la famille et personne ne fait rien en laissant la mineure repartir sans sourciller au sein de cette famille connue des services spécialisés ?! Ida est montrée comme une ado quasi mutique, peu bavarde, introvertie malgré 2-3 passages où elle semble chercher à s'imposer, elle reste soit influençable soit soumise, jamais on ne peut en savoir davantage sur elle outre le fait qu'elle subisse son environnement. D'ailleurs 2-3 scènes sont incompréhensibles, qui ne correspond pas à ce qui nous a été suggéré jusque là comme le pétage de plomb de la mère alors qu'elle est maître d'elle-même, au self-control qui se doit d'être justement celle sur qui tout doit se tenir. Par contre les relations intra-familiales avec les autres membres sont beaucoup plus pertinentes et intéressantes d'un point de vue psychologique et demeurent le point fort du film même si la mère mafieuse et hyper protectrice est très référencée. L'intrigue en elle-même ne surprend guère, l'évolution (tension, angoisse, solution, épilogue) est cousue de fil blanc et attendue même si cela reste à minima assez efficace jusqu'à ces dernières secondes qui frustrent plus qu'elles surprennent, une fin comme un cheveu sur la soupe : ok... En conclusion un film qui surprend par une fin abrupte et maladroite, sinon un récit trop balisé avec surtout trop d'incohérences en ce qui concerne Ida.