Enfin pourrait-on dire, voici donc le premier film d'une trilogie annoncée il y a une dizaine d'années comme ce qui sera la suite de la série TV culte "Kaamelott" (2005-2009) qui avait été précédé par le court métrage fondateur "Dies Irae" (2003). Notons également la bande dessinée éditée depuis 2006. Le créateur Alexandre Astier (qui a créé cette oeuvre en hommage à Louis de Funès !) aurait bien voulu signer ce 1er film dès 2013 mais suite à un conflit entre ayants droits il faudra attendre 2015 avant qu'il puisse récupérer les droits. Ensuite, il faudra attendre d'obtenir un financement qu'on aurait pu croire plus aisé avec une série aussi culte. Malgré tout, le film est doté d'un budget confortable (pour une production française) de 15 millions d'euros. Ainsi le tournage ne débutera qu'en 2019. Entre temps Alexandre Astier a réalisé "David et Madame Hansen" (2012), et surtout deux nouvelles adaptations d'une autre oeuvre culte, "Astérix : le Domaine des Dieux" (2014) et "Astérix : le Secret de la Potion Magique" (2018) en collaboration avec Louis Clichy. Astier porte les casquettes de Producteur-réalisateur-scénariste-monteur-compositeur de son film. Le film débute 10 ans après le dernier épisode de la série à la fin du Livre VI quand Arthur quittait Kaamelott après avoir rendu Excalibur à son rocher...
Voilà 10 ans que Lancelot du Lac a brûlé la Table Ronde et règne avec terreur avec l'aide de mercenaires saxons. Les Dieux ne pouvant continuer à accepter cette situation font revenir Arthur Pendragon qui s'était exilé à Rome. Sans accepter de reprendre le trône, Arthur va pourtant tenter de fédérer les clans contre Lancelot... Alexandre Astier reprend logiquement son rôle mythique de Arthur Pendragon et retrouve tout aussi logiquement la plupart des personnages de la série avec pêle-mêle Thomas Cousseau en Lancelot, Lionnel Astier en Léodagan, Anne Girouard en Guenièvre, Franck Pitiot en Perceval, Jean-Christophe Hembert en Karadoc, Joelle Sevilla en dame Séli, Jacques Chambon en Merlin, on retrouve aussi quelques guest stars dont Christian Clavier aussi au cinéma simultanément dans "Mystère à Saint-Tropez" (2021) de Nicolas Benamou, Antoine de Caunes, François Rollin, Clovis Cornillac, Guillaume Gallienne, Alain Chabat, Géraldine Nakache, François Morel, Audrey Fleurot... Sans oublier les filles de Karadoc et Mevanwi qui sont jouées par Ariane et Jeanne Astier les propres filles du cinéaste, ainsi que deux autres nouveaux venus dans cet univers, la chanteuse Jehnny Beth qui vient de se faire particulièrement remarquer au Festival de Cannes dans "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard, puis la rock star Sting qu'on avait pas vu au cinéma depuis "Zoolander 2" (2016) de Ben Stiller... Après plus de 10 ans il est peu de dire que ce film était très attendu ! Mais surtout très attendu par les fans de la série TV culte que les moins de 20 ans n'ont pas connu. Mais on y va avec une certaine appréhension tant les formats courts ont tous donné des longs métrages médiocres voir râtés. On pense par exemple la série TV "Caméra Café" et son film "Espace Détente" (2005) de Yvan Le Bolloch et Bruno Solo, voir même certains sketchs comme les navrants "Coco" (2009) de et avec Gad Elmaleh ou "Cyprien" (2009) de David Charhon sur un personnage de Elie Semoun. Bref, passer de 4-5mn à 2h n'est pas gagné d'avance même si cette fois on se dit que Alexandre Astier est un cran au-dessus, que les 10 années ont pu porter leurs fruits. Le début du film débute assez mal, non pas que ce soit mal fait mais on démarre avec 10-15 minutes beaucoup trop sérieuses, sans fantaisie outre un panel d'acteurs connus qui font passer la pilule.
On va constater que ce début est symptomatique de tout le film : trop sérieux ! Un comble pour faire suite à une des séries TV les plus efficaces de ces dernières années. Un sérieux qui plombe et parasite l'ensemble du film, notamment avec ces flash-backs peu utiles et surtout mal intégrés au récit à l'exception d'une escalade romantique. On retrouve bien l'atmosphère inhérente à la série sur l'ensemble, surtout le goût des bons mots aussi mais ils sont moins percutants et plus rares. On se surprend à noter la disparition de quelques répliques historiques comme le "C'est pas faux !" de Perceval. Le côté théâtre sonne encore trop fort malgré les efforts laborieux pour étoffé un peu l'épopée. En effet, Astier semble avoir voulu faire des efforts sur les costumes notamment mais (oh mon dieu !) que c'est laid ! Entre les couleurs chatoyantes façon carnaval des Burgondes et les uniformes façon guignol des soldats de Lancelot on est plus outré que fasciné. Par contre les effets spéciaux sont soignés avec un château magnifique. Il y a donc deux grands défauts : des gags trop peu efficaces et un côté forte déprime du côté Arthur/Astier qui plombe forcément le genre comédie pourtant assuré dès le départ. Résultat on rit très peu (2-3 grand maximum et encore !) et on sourit tout aussi peu. Conclusion appuyée par une salle d'une centaine de personnes qui a rit au diapason seulement 3 fois, et sinon une sensation d'ennui pregnante pour tous. Astier montre peut-être surtout qu'après tant d'années (rappelons qu'il voulait ce film dès 2013) l'envie n'était sans doute plus vraiment là. Ces flash-backs appuyés très sombres, ce romantisme très sérieux, cet aspect du suicide très et trop présent font que le film est parasité par un manque de fantaisie flagrant. Arthur/Astier n'arrête pas de refuser le trône ou les responsabilités mais alors, pourquoi va-t-il chercher Excalibur ?! Incohérent... Pour finir, le film sera un succès en salle assurément, trop de fans ont attendu pour ne pas aller voir ce long métrage. Mais avec un minimum d'objectivité force est de constater que le film est une déception et est d'ores et déjà un film surestimé grâce à l'amour de la fan base de la série TV. Si on retrouve bien l'absurde qu'on aime c'est avec trop de parcimonie, en tous cas pas assez présente pour compenser une dépression constante autour de Arthur/Astier. Dommage... Note généreuse eu égard au souvenir de la série TV.
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :