Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Basic Instinct » de Paul Verhoeven.
« Il y a plein de traces de sperme sur ses drapes : pas de doute, ce gars-là s’est envoyé en l’air avant d’être envoyé ailleurs »
Nick Curran, inspecteur de police à San Francisco, enquête sur le meurtre d'une star du rock, Johnny Boz, tué de trente et un coups de pic à glace par une inconnue alors qu'il faisait l'amour. Nick apprend que le chanteur fréquentait Catherine Tramell, riche et brillante romancière. Au cours de son enquête, il s'aperçoit que les parents de Catherine sont morts dans un accident suspect, que son professeur de psychologie a été assassiné dix ans plus tôt à coups de pic à glace et qu'enfin, une de ses meilleures amies a, en 1956, tué ses trois enfants et son mari.
« Je ne vais pas te confier tous mes secrets simplement parce que j’ai eu un orgasme »
Formé au sein du service cinématographique de la marine royale néerlandaise, Paul Verhoeven s’impose au cours des années 80 comme une valeur montante puis une figure incontournable du cinéma hollandais. Remarqués pour leur esprit résolument provocateur et anticonformiste, ses premiers films traitent ainsi de façon frontale de sujets jusqu’alors considérés comme tabous : le sexe (« Turkish delight », nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger) et la violence (« Spetters ») comme ressorts d’une société toujours binaire en ce qu’elle demeure tiraillée entre un Bien et un Mal (« Le choix du destin », « Katie Tippel »). Fort de son succès, il part à Hollywood au milieu des années 80, où il connait un succès fulgurant le temps de quatre films : « La chair et le sang » (1985), « Robocop » (1987), « Total Recall » (1990) et surtout « Basic instinct » (1992). Ce dernier film, présenté en ouverture du Festival de Cannes, constituera son plus gros succès commercial et le sommet de sa carrière américaine, en dépit d’une critique assez divisée. S’en suivront une série d’échecs critiques et commerciaux (« Showgirls », « Starship troopers ») qui précipiteront la fin de sa carrière américaine et son retour en Europe (avec les succès de « Black book » et de « Elle » notamment).
« Je suis déjà amoureux de toi. Mais je t’aurai quand même ! »
Après s’être frotté avec succès à l’épopée médiévale et à la science-fiction lors de ces trois films précédents, Paul Verhoeven s’essaye cette fois au film noir avec « Basic Instinct ». Un genre qui a connu son heure de gloire dans les années 40 et 50 et qui revient en grâce à Hollywood au début des années 80, agrémenté cette fois d'une dimension explicitement érotique que la censure n’aurait pas tolérer trois décennies plus tôt. On y suit la sombre enquête criminelle d’un inspecteur de police désabusé, pris au piège de sa principale suspecte, une romancière à succès. Il faut dire que le meurtre ressemble comme deux gouttes d’eau à celui qui est au cœur de l’un de ses romans. Simple coïncidence ou véritable préméditation ? A l’évidence, Verhoeven tisse un thriller vénéneux basé sur un scénario particulièrement retors qui joue sur l’ambivalence de ses personnages ainsi que sur une fin totalement ouverte qui laisse planer le doute quant à l’idée réelle du coupable. Mais plus encore, le film brille par sa dimension perverse et explicitement sexuelle qui lui donne sa tonalité résolument provocatrice et sulfureuse. A l’image de cette scène d’interrogatoire devenue instantanément culte. Surtout, avec son pic à glace, son langage cru et sa sexualité totalement débridée, la sculpturale Catherine Tramell transforme la traditionnelle femme fatale en un nouvel archétype de personnage féminin vénéneux qui fera date : la garce. Merveilleusement personnifiée ici par Sharon Stone, qui sera propulsée instantanément au rang d’icône. Trente ans plus tard, force est de constater que le film fonctionne toujours aussi bien.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une magnifique version restaurée 4K inédite supervisée par Paul Verhoeven et proposé en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, cette édition comprend les modules « Basic Instinct Sex, Death and Stone » (53 min.), « Basic Instinct une bande originale intemporelle » (16 min.), « Blonde Poison » : making of (25 min.), Interview de l’équipe du film (7 min.), Comparaison storyboard/film (11 min.), Essais des actrices (9 min.), Bande-annonce (2 min.), un Commentaire audio de Paul Verhoeven et Jan de Bont et un Commentaire audio de Camille Paglia. Un livret de 28 pages consacré au tournage du film vient avantageusement compléter cette riche édition.
Édité par StudioCanal, « Basic instict » est disponible en édition steelbook 4k ultra HD + blu-ray depuis le 16 juin 2021.
Le site Internet de StudioCanal est ici. Sa page Facebook est ici.