Le contrat qui lie Hitchcock à son producteur Michael Balcon arrive à sa fin et ce dernier pousse son réalisateur vedette à enchaîner les tournages pour optimiser la poule aux oeufs d'or. Ainsi, alors que tourne les dernières scènes de "Downhill" (1927) il débute les prise de vue pour "Easy Vertue", "Le Passé ne Meurt pas" en V.F. avec quasi le même casting, pourquoi pas puisque tout le monde est déjà sur place ! Hitchcock venait de connaître le succès avec le thriller "The Lodger" (1927) et un échec avec "Downhill" (1927) mais étonnament la société de production Gainsborough imposa au réalisateur une énième adaptation de pièce de théâtre mélodramatique, à savoir la pièce "Easy Vertue" (1924) de Noel Coward où il est une nouvelle fois question de déshonneur social. Le scénario est signé du fidèle Eliot Stannard avec qui Hitchcock collabore une nouvelle fois. Les deux hommes imaginent 40mn en préquel à l'histoire puisque lapièce débute avec l'arrivée du couple à la demuere familiale de monsieur. Ainsi le scénariste écrit tout ce qui se passe avant, à savoir le scandale, le fait divers, le procès... etc...
Larita Filton est accusée d'avoir trompée son époux, une affaire qui fait les choux gras de la presse à scandale. A l'issue du procés, Larita Felton s'exile sur la Côte d'Azur où elle reprend goût à la vie petit à petit. Elle rencontre bientôt John Whittaker qui tombe amoureux d'elle et l'épouse. Sa famille étant en Angleterre, Larita se voit dans l'obligation de revenir dans son pays pour rencontrer sa belle-famille mais l'accueil n'est pas des plus agréable et bientôt son passé resurgit... L'héroïne est incarnée par Isabel Jeans qui venait donc de jouer dans "Downhill" et qui retrouvera encore Hitchcock dans "Soupçons" (1941). Son époux (le 2nd) est interprété par Franklin Dyall dont on peut citer entre autre "La Vie Privée d'Henry VIII" (1933) et "La Grande Révolte" (1948) tous deux de Alexander Korda. L'avocat est joué par Ian Hunter tout juste sorti également de "Downhill" et qui retrouvera aussitôt après une nouvelle fois son réalisateur pour "The Ring" (1927) avant de le revoir dans quelques grands films comme "Les Aventures de Robin des Bois" (1938) de Michael Curtiz et "Docteur Jekyll and Mister Hyde" (1941) de Victor Fleming. Le patriarche est joué par Frank Elliott vu dans "Le Calvaire de madame Mallory" (1922) de Sam Wood et "Secrets" (1924) de Frank Borzage. Puis enfin citons le petit rôle non crédité mais au combien marquant de la standardiste incarné par Benita Hume vue ensuite dans des films comme "Le Juif Süss" (1934) de Lothar Mendes et "La Vie Privée de Don Juan" (1934) de Alexander Korda... La première partie du film raconte donc le fait divers qui va faire de Larita une paria, une femme de mauvais vie. On passe donc 40mn devant un procès dont le fond est matérialisé par les flash-backs sur cet adultère et le drame.
Si cette partie est intéressante, voir nécessaire elle est sans doute beaucoup trop longue alors que c'est le retour en Angleterre et au sein de sa nouvelle belle-famille qui reste l'intérêt premier de l'histoire. Comme à son habitude le cinéaste expérimente et offre une mise en scène créative comme le tribunal vu du point de vue du juge via un monocle "géant" et surtout cette séquence magnifique de la standardiste dont le visage nous révèle la réponse à la demande de mariage. Alors que la pièce était une comédie au ton corrosif Hitchcock en fait un mélo plus sombre où il critique les vautours des tabloïds, puis les hypocrisies qui entourent les bonnes moeurs bourgeoises et le poids des convenances. Mais comme la plupart des films de sa première période britannique, ce film est intéressant de par les prémices du génie de Hitchcock qui se dessinent derrière un film certe mineur mais qui sert de bases à une future filmographie aussi cohérente que prestigieuse. D'ailleurs, ce mélo renvoie sur plusieurs points aux futurs chefs d'oeuvres "Rebecca" (1940) et "Les Enchaînés" (1946). Le film sera un nouvel échec au box-office, sans doute justement parce que Hitchcock ne fait qu'assurer un film de commande sans autre envie. Le cinéaste apparaît en caméo passant derrière un court de tennis.