Nora, elle, reste constamment fidèle à ses principes. Elle n’est qu’abnégation, courage et générosité.
Hafsia Herzi dresse un très beau portrait de femme, plein de tendresse et d’humanité. Nora est une mère-modèle, aimante et protectrice, qui laisse une certaine liberté à ses enfants, mais sait être sévère quand il faut. C’est une grand-mère-modèle qui transmet son savoir et son savoir-faire à ses petits-enfants. C’est aussi une travailleuse-modèle, qui ne rechigne pas à la tâche et illumine autant la vie de ses collègues, à qui elle concocte de bons petits plats, que celle de la vieille dame à qui elle tient compagnie chaque jour. En bref, une femme formidable, incarnée avec ce subtil alliage de force et de fragilité par Halima Benhamed dont la douceur illumine chaque plan.
Elle aurait sans doute pu remporter le prix d’interprétation de la section Un Certain Regard (2), mais le jury a préféré attribuer au film un “prix d’ensemble”. Une belle façon de récompenser le travail de toute une équipe, une belle aventure humaine et un long-métrage qui vante justement l’idée de communauté, de famille – celle de sang et celle de cœur – de solidarité. Il est vrai que, si le film réussit à ce point à toucher le spectateur, c’est aussi grâce à Sabrina et Maria Benhamed, Justine Grégory, Saaphyra, Anissa Boubekeur, Jawed Hannachi Herzi, Malik Bouchenaf, Mourad Tahar Boussatha, ou encore Waga Kodjinon Marthe Lobé, dont la reprise de « Elle imagine » (3), a cappella, donne illico au récit sa tonalité poétique et sensible.
Et bien sûr, c’est avant tout la réussite de Hafsia Herzi, qui affirme avec cette seconde réalisation un vrai talent de mise en scène. Certes, la jeune femme a été à bonne école auprès d’Abdellatif Kechiche, Sylvie Verheyde, Raja Amari ou Hiam Abbass, mais il y a, dans cette façon de filmer les êtres et les lieux, un véritable regard d’auteure, une patte singulière, très personnelle.
On sent que cette histoire lui est chère. À travers Nora, c’est à sa propre mère qu’elle rend hommage. Comme Sabah, Hafsia Herzi est une enfant des Oliviers. Elle a grandi dans les quartiers nord, s’y est forgé une carapace, y a affirmé cette personnalité attachante qui a fait d’elle non seulement une excellente actrice, mais également une jeune réalisatrice pleine de promesses.
Son film lui ressemble : charmant, lumineux, généreux, plein de caractère et d’optimisme et vibrant d’humanité.
(1) : La “Bonne Mère” désigne la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, qui surplombe Marseille. Celle du titre désigne aussi, bien sûr, le personnage principal.
(2) : Cette section parallèle officielle du Festival de Cannes remet généralement le prix Un Certain Regard, plus un certain nombre de prix décidés au bon vouloir du jury. L’un d’eux récompense généralement une performance d’acteur, d’actrice ou de groupe.
(3) : “Elle imagine”, chanson du groupe Nacash – 1987
Bonne mère
Bonne mère
Réalisatrice : Hafsia Herzi
Avec : Halima Benhamed, Sabrina Benhamed, Maria Benhamed, Justine Grégory, Saaphyra, Anissa Boubekeur, Jawed Hannachi Herzi, Malik Bouchenaf, Mourad Tahar Boussatha, Waga Kodjinon Marthe Lobé
Origine : France
Genre : chronique sociale généreuse et humaniste
Durée : 1h36
Date de sortie France : 21/07/2021
Contrepoints critiques :
”Comme Soria Zeroual dans Fatima , de Philippe Faucon, film aux trois César, l’actrice non professionnelle Halima Benhamed crève l’écran dans le rôle de la bonne mère.”
(Nathalie Chifflet – Dernières Nouvelles d’Alsace)
”Sans échapper à une certaine lourdeur démonstrative, Bonne mère produit du moins une tension intéressante par cette construction en miroir qui oppose l’inébranlable Nora à ses enfants, tous plus ou moins perdus (…) Rien qui ne permette d’échapper à la banalité d’un récit en forme d’hagiographie.”
(Hugo Mattias – Critikat)
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