[CRITIQUE] : Passion Simple

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Danielle Arbid
Avec : Laetitia Dosch, Sergei Polunin, Lou-Teymour Thion, Caroline Ducey, Grégoire Colin,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Belge, Libanais.
Durée : 1h39min
Synopsis :
"À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi. Tout de lui m'a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix..."


Critique :

En filmant au plus près et avec une crudité rare, l'intensité dévorante des ébats de son couple vedette, tout en traduisant par la chair, le manque qui dévore lentement et irrémédiablement son héroïne, #PassionSimple incarne une auscultation pertinente de l'aliénation amoureuse. pic.twitter.com/Xw97hqU2v3

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 13, 2021

Personne ne pourra infirmer que la cinéaste franco-libanaise Danielle Arbid manquait d'ambition dans son désir d'adapter " l'inadaptable ", réputation difficile allouée au roman Passion Simple d'Annie Ernaux, véritable monologue intérieur ou l'auteure décrivait en détails sa relation passionnelle adultère avec un diplomate russe marié.
Un récit scrutant toute l'ambivalence fascinante et les contradictions de la passion sentimentale et physique qui peut unir - et désunir - jusqu'à l'extrême les coeurs mais surtout les corps; une relation ici circonscrite à un cadre très précis : des étreintes fugaces et charnelles uniquement dictées par les envies de l'homme, que le récit original ne développait pas forcément plus que de raison.

Copyright Julien Roche


Arbid elle, décide d'en faire le poumon de son adaptation personnelle - et donc perfectible, aussi fidèle soit-elle -, traduisant par la chair, le manque qui dévore lentement et irrémédiablement son héroïne, dans une auscultation au demeurant pertinente de l'aliénation amoureuse, arborant les contours d'un étourdissement entre (court) bonheur et (lente) souffrance.
En filmant au plus près et avec une crudité rare, l'intensité dévorante de leurs ébats - sans pour autant tomber dans la vulgarité crasse -, pur ballet des corps et des sens aussi fiévreux qu'urgents, la cinéaste (subtilement inscrite dans la même lignée que ses précédents longs, Peur de Rien, Beyrouth Hôtel et Un Homme Perdu) se fait le témoin de la soumission volontaire et assumée d'une femme qui se consume littéralement de l'intérieur, et ne fait que survivre entre deux exultations envoûtantes, avec une figure fantomatique et pourtant essentielle.
Dommage que ce soit justement dans ces errements/attentes là que le récit pêche le plus, dans cette manière de ne pas donner suffisamment de puissance cinégénique à cette absence, à cette manière qu'à Alexandre de littéralement hanter son quotidien sans être là (à la différence de la plume d'Annie Ernaux, ce qui ajoute un pavé dans la marre de ceux qui jugent son oeuvre peu cinématographique), résumant presque l'attente d'Hélène, uniquement à son avidité sexuelle.

Copyright Magali Bragard


Ce qui ne serait pas totalement faux (le récit semble d'ailleurs constamment chercher à maladroitement combler les trous entre chaque retrouvailles), si la partition bouleversante de Laetitia Dosch ne venait pas constamment remettre l'église au milieu du village, et pointer la vérité de ce portrait de femme emportée par une relation trouble : la redécouverte sur le tard, d'une féminité enfouie qui ne demandait qu'à s'épanouir.
Jonathan Chevrier