Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Alamo » de John Wayne.
« Il y a des mots qui vous piquent les yeux. République est de ces mots qui vous réchauffent le cœur »
En 1836, après la rébellion de la province mexicaine du Texas, 185 civils américains, dont Davy Crockett et Jim Bowie se réfugient dans le monastère d’Alamo transformé en fort et résistent jusqu’à la mort aux 7 000 soldats mexicains dirigés par le général Santa Anna…
« Je ne suis pas un vrai soldat : je n’ai affronté que des indiens. Et des anglais quelquefois. »
Figure majeure de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, John Wayne demeure, près de cinquante ans après sa mort, comme une sorte d’icône. L’incarnation définitive d’un idéal masculin de virilité, de puissance et de droiture. Au cinéma, il est ainsi l’archétype du cowboy héroïque, justicier sans peur et sans reproche toujours prêt à défendre à coup de colt la veuve et l’orphelin. Mais l’homme fut aussi politiquement - par ses prises de positions particulièrement radicales - le symbole d’une Amérique conservatrice et d’un patriotisme exacerbés. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il s’essaya aussi, de façon plus marginale, à la réalisation. Il signera ainsi deux films : « Alamo » (1960) et « Les bérets verts » (1968, coréalisé avec Ray Kellogg). Deux films qui ont d’ailleurs en commun de traiter de sujets patriotiques similaires, à savoir la défense par les armes des valeurs et des intérêts américains contre la menace des puissances étrangères.
« On doit savoir subir son destin »
« Alamo » aurait ainsi dû ne rester qu'un lieu anonyme. Le siège d'une mission perdue aux confins du désert texan. Mais l'Histoire en aura décidé autrement, faisant de cet endroit reculé le lieu d'une bataille (23 février - 6 mars 1836) opposant l'armée mexicaine à quelques dizaines de révolutionnaires texans, partisans de la sécession et de l'instauration d'une république. Un sujet qui attira le très conservateur John Wayne pour deux raisons évidentes: sa dimension morale forte (le combat sacrificiel pour la défense de la liberté et de la République) et sa dimension tragique (les défenseurs du fort se sacrifieront jusqu'au dernier pour le tenir). Pour sa première et avant-dernière réalisation (il coréalisera encore le très controversé « Les bérets verts », qui restera comme le seul film pro-guerre du Vietnam), il signe ainsi avec « Alamo » une grande fresque oscillant en permanence entre film d'aventures, western et film de guerre. Un film clairement articulé en deux parties distinctes: une première - un peu longuette et bavarde - dédiée à la présentation des personnages et de leurs motivations, et une seconde dédiée à la bataille en elle-même. C’est d’ailleurs cette seconde partie, dédiée à l’action, qui se révèle de loin la plus spectaculaire et la plus prenante. Mais dans tous les cas, qu’il filme le quotidien de ces hommes se préparant à être assiégés ou la bataille en elle-même, le réalisateur John Wayne fait toujours montre d’une belle générosité (bagarres joyeuses et homériques pour sceller des amitiés viriles, incursions nocturnes dans le camp ennemi pour détruire ses canons ou voler son bétail), apprise notamment chez son ami et mentor John Ford. De quoi faire passer, un peu, la teneur très patriotique du film et les libertés prises avec la réalité historique (notamment la vision très édulcorée du personnage de Davy Crockett). Un grand classique indémodable, porté par une belle brochette de vedettes charismatiques (outre John Wayne, on compte notamment Richard Widmark, Laurence Harvey ou Richard Boone).
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Le blu-ray : le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, cette riche édition est accompagnée de « La Passion d’Alamo » : entretien avec le journaliste Jean-François Giré (38 min.). Un second disque consacré aux suppléments contient également la Version longue inédite du film (SD, 202 min.), le Making of « The Alamo » (version longue inédite, 68 min.), « John Wayne mon père » : entretien avec Patrick Wayne (33 min.), Un musée pour John Wayne (10 min.), une Galerie photos et une Bande-annonce.
Édité par ESC Éditions, « Alamo » est disponible en DVD ainsi que – pour la première fois – en édition collector blu-ray depuis le 16 juin 2021.
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