[CRITIQUE] : Summer White

[CRITIQUE] : Summer White

Réalisateur : Rodrigo Ruiz Patterson
Acteurs : Adrián Rossi, Sophie Alexander-Katz, Fabián Corres,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h28min.
Synopsis :
Rodrigo, adolescent solitaire, a une relation forte avec sa mère. Les choses changent quand elle invite son nouveau petit ami à venir vivre dans leur maison, à la périphérie de Mexico. Rodrigo doit décider s'il peut accepter cette nouvelle famille ou se battre pour son trône, écrasant le bonheur de la personne qu'il aime le plus.


Critique :

Évoquant les cinémas des frères Dardenne et d'Andrea Arnold avec ses prises de vues caméra au poing, captant au plus près des corps les réactions et l'anxiété de ses personnages, #SummerWhite est un beau - même si un poil convenu - drame oedipien sur la possessivité maladive. pic.twitter.com/9QeYR2cXqd

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 19, 2021

Que faire quand s'exprimer nous est physiquement possible ?
Que faire quand un changement soudain dans notre quotidien, est en passe de mettre tout notre corps et notre âme dans une sorte de désordre extrême jamais ressentie auparavant ?
Pour le jeune Rodrigo, treize printemps au compteur, ces troubles sont directement causés par l'arrivée soudaine d'un " étranger " dans sa propre maison : le nouveau petit ami de sa mère.
Pour lui, sa mère est tout son univers, et le genre de relation intime et fusionnel qu'il partage avec elle, ne laisse aucunement de place à la socialisation, comme si le monde extérieur était consumé par le propre petit monde qu'ils ont crée autour d'eux...
C'est un sujet pas forcément original (un double choc générationnel et familial) mais joliment puissant et personnel, que met en images Rodrigo Ruiz Patterson pour son premier long-métrage Summer White, drame familial intimiste prenant les contours d'un récit initiatique ou le jeune cinéaste fait autant preuve d'un vrai tact envers ses personnages que d'une compréhension instinctive de leurs émotions.

[CRITIQUE] : Summer White

Copyright Destiny Films


En plaquant le sentiment ambivalent et destructeur de la jalousie, sur un changement hormonal inévitable à la puberté, ou la sensation d'étouffement physique et sentimental peut amener à briser une stabilité mentale déjà fragile, la péloche s'attache avec pertinence sur le complexe d'Oedipe tumultueux d'un môme (trop) gâté par sa mère - et sans figure paternelle présente -, qui se voit catapulter dans une odyssée vers la maturité à l'évolution constante, qui s'accompagne d'une belle série de vérités mal comprises; et avant tout celle d'un amour inavoué, et la nécessité de céder sa place d'homme le plus important dans la vie de sa génitrice.
Formellement éblouissant (superbe photographie de María Sarasvati Herrera), évoquant les cinémas des frères Dardenne et d'Andrea Arnold avec ses prises de vues caméra au poing, captant au plus près des corps les réactions et l'anxiété de ses personnages, tous finement croqués et incarnés; Summer White est un beau drame oedipien sur la possessivité maladive, certes un poil convenu et manquant de corps sur certains points (la toxicité de la relation n'est jamais remise en question, elle semble même célébrée au final), mais dont la sobriété et la qualité naturelle de son interprétation, en font une belle séance en cet fin fête pluvieux.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Summer White