Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « JF partagerait appartement » de Barbet Schroeder.
« Tu vas partir et te fiancer. Et moi je vais me retrouver toute seule. Je ne me trouverai pas quelqu’un. Je le sais. Car je n’ai ni ta classe ni ton élégance. »
Séparée de son fiancé, Allie Jones tient cependant à ne pas quitter le grand appartement qu’elle loue dans l’Upper West Side, l’un des quartiers les plus chics de New York. Et quoi de mieux pour le conserver qu’une colocataire ? Allison croit avoir trouvé la perle rare en la personne d’Hedy Carlson, une jeune femme de son âge. En apparence douce, discrète et bienveillante, Hedra Carlson se révèle bientôt de plus en plus envahissante. Dangereusement envahissante…
« Ton problème c’est que tu es trop bonne : les hommes sont des porcs et tu finis toujours par te faire avoir »
Compagnon de route des débuts de la Nouvelle Vague, Barbet Schroeder fut plus encore le grand complice de toujours d’Eric Rohmer. S’il apparait au départ comme auteur de ses premiers films, il est surtout, à ses côtés, le cofondateur des Films du losange, société de production qui servira à produire les films de Rohmer puis, par la suite et de façon occasionnelle, d’une poignée d’autres réalisateurs atypiques du paysage cinématographique français (Jacques Rivette, Michel Deville ou encore Jean-Claude Brisseau). Passant à son tour derrière la caméra au début des années 70, Schroeder se fera d’abord remarquer pour ses films d’essence hippie (« More », « La vallée ») et pour ses documentaires (« Général Amin Dada : autoportrait »). Sa carrière connait cependant un véritable tournant au milieu des années 80 lorsqu’il décide de partir aux États-Unis dans le but de travailler avec son ami le romancier Charles Bukowski. Une aventure tumultueuse, qui donnera d’abord lieu à un documentaire, « The Bukowski tapes » (1985), puis à un film, « Barfly » (1987), dont Bukoswki écrira le scénario. Deux films remarqués qui permettront au cinéaste de s’installer durablement dans le paysage cinématographique américain où il se spécialisera dans la réalisation de thriller délicatement pervers, dont les plus célèbres resteront sans doute « Le mystère Von Bülow » (1990) pour lequel Jeremy Irons obtiendra l’Oscar du meilleur acteur, et surtout « JF partagerait appartement » qui demeure à ce jour son plus gros succès commercial.
« Dis donc, j’espère que tu ne te mettras jamais en colère contre moi ! »
Adaptation d'un roman de John Lutz, « JF partagerait appartement » semble être, de prime abord, un thriller qui repose sur un postulat assez simple, à savoir celui de l’intrus qui s’immisce insidieusement dans la vie d’un personnage jusqu’à se révéler être une présence malveillante. Soit, dans le cas présent, une nouvelle colocataire, d’apparence bien trop terne et naïve pour être honnête, qui va débarquer dans la vie de l’héroïne. Mais l’entente des débuts entre les deux jeunes femmes laissera vite place à une relation bien plus complexe et vicieuse, basée sur la jalousie, le mensonge et la manipulation. Toute l’intelligence du scénario étant de donner à cette variation sur le thème de l’autre une dimension psychologique - et même psychanalytique - en introduisant un subtil jeu de miroirs qui apporte au récit toute sa noirceur et sa perversion. Ainsi, vivant dans la culpabilité de la mort de sa sœur jumelle, la colocataire voit dans l’héroïne la possibilité d’une nouvelle gémellité, qui se matérialisera par la recherche d’un look et d’une apparence identique. Tandis que l’héroïne verra pour sa part dans cette étrange colocataire un Némésis, sorte de double maléfique qui ose exprimer ses désirs les secrets, comme menacer au téléphone un client sexuellement trop entreprenant ou aller dans le background des clubs sado-maso. Leur affrontement final, d’une grande violence, n’en apparaitra que plus cathartique. Porté par deux actrices aussi formidables que troublantes (Jennifer Jason Leigh et Bridget Fonda) et fort d’une ambiance très équivoque, « JF partagerait appartement » apparait comme un thriller parfaitement maitrisé et d’une redoutable efficacité. Dans son genre, totalement jouissif.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une interview du scénariste Don Ross (25 min.) et d’une interview de l’acteur Steven Weber (19 min.). Un livret de 20 pages que Marc Toullec consacre à la genèse du film et au tournage vient avantageusement compléter cette édition.
Édité par BQHL Editions, « JF partagerait appartement » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 24 mars 2021.
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