Vu d'abord comme le premier film d'une trilogie ce film est l' adaptation du manga éponyme (1994-1999) de Nobuhiro Watsuki sur samouraï déchu devenu vagabond pour expier ses péchés passés. Evidemment on pense aux nombreux chanbara (films de sabre japonais) dont l'un des plus grands représentants avec le vagabonds aveugles Zatoichi (dernier en date le en 2003 de Takeshi Kitano) . Le film est réalisé et écrit par Keishi Ohtomo qui n'avait réalisé qu'un long métrage avant cela, "Hagetaka" (2009). Il co-signe le scénario en collaboration avec Kiyomi Fujii qui venait de signer le scénario du film "Death Note : L Change the World" (2008) de Hideo Nakata. Le film est si bien reçu que la trilogie est confirmée et suivra donc avec la même équipe les films "Kenshin : Kyoto Inferno" (2014) et "Kenshin : la Fin de la Légende" (2014)... Après avoir participé à la terrible bataille de Toba-Fushimi en 1868, Kenshin disparaît et devient un vagabond qui offre son aide aux plus démunis tout en refusant de tuer. Il devient vite une légende sous le nom de Battosai. Une dizaine d'années passent, Kenshin arrive dans une région où un tueur est recherché sous le nom de Battosai, tandis qu'un ancien ennemi devenu policier tente d'arrêter également un trafiquant d'opium que l'instauration de l'ère Meiji a facilité sous couvert de modernité et d'ouverture à l'Occident. Kenshin, réel Battosai va devoir faire des choix et se battre une nouvelle fois pour ses convictions...
Le rôle titre est incarné par Takeru Sato vu dans "Goemon" (2009) de Kazuaki Kiriya et passera encore un cap avec "Real" (2013) de Kiyoshi Kurosawa. D'ailleurs il retrouve deux partenaires après "Goemon", Yosuke Eguchi et "Eiji Okuda. Les deux belles par qui tout arrive sont interprétées par Emi Takei vue dans "Sakura No Sono" (2008) de Shun Nakahara et "Ai To Makoto" (2012) de Takashi Miike, puis Yu Aoi vue dans "Tokyo !" (2008) du trio Gondry-Carax-Joon-Ho et dans (2012) de Kiyoshi Kurosawa. Yu Aoi retrouve après ces deux derniers films l'acteur Teruyuki Kagawa remarqué dans plusieurs films tels que "Sukiyaki Western Django" (2007) de Takashi Miike, "Tokyo Sonata" (2008) de Kiyoshi Kurosawa, la trilogie "20th Century Boys" (2008-2009) de Naoki Urasawa ou encore le plus hollywoodien (2009) de Florian Gallenberger. Citons encore Munetaka Aoki vu dans "Battle Royale 2 : Requiem" (2003) des frères Fukasaku et "Hara-Kiri : Mort d'un Samouraï" (2011) de Takashi Miike, Koji Kikkawa vu dans "Les Prisonniers du Paradis" (2000) et "La Cité des Âmes Perdues" (2001) tous deux de Takashi Miike, Genki Sudo acteur occasionnel surtout connu comme le "Néo-Samouraï" combattant célèbre de combat libre et de kickboxing devenu par ailleurs député depuis 2019 (!), et enfin Taketo Tanaka l'enfant de l'histoire qui a bien grandit et qu'on a pu voir récemment dans "True Mothers" (2021) de Naomi Kawase... Tout d'abord, précisons que les aventures de Kenshin le Bottusai se déroulent au début de l'ère Meiji (Tout savoir ICI !), et que l'avènement de l'ère Meiji appelé "Bakumatsu" (Tout savoir ICI !) fait suite à une période de troubles importants. Cette transition des années 1860-1870 marque le passage du Japon de la féodalité à la modernité avec l'ouverture sur le monde et l'Occident. On ne peut pas comprendre le manga sans s'intéresser un minimum à ce contexte tout particulier. Rappelons entre autre que le port du sabre devient interdit dès 1876 ce qui va amener à la révolte des guerriers les plus pauvres ; ce qui n'est pas anodin dans le contexte du manga "Kenshin" ! Ainsi, le film se place dans un contexte géo-politique instable au Japon, une période historique souvent méconnue en Occident et qui a pourtant des conséquences inouïes pour les années à venir jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. Le film nous plonge donc dans un environnement dense, une Histoire passionnante.
La reconstitution historique est magnifique, costumes comme décors et surtout semée de détails qui semblent inutiles voir peut-être invisibles pour les néophytes mais on peut déceler par exemples des dialogues qui instillent des infos sur le contexte géo-politiques du Japon, des anecdotes comme sur le sabre zanbato, l'interdiction du sabre ou la caste des samouraïs devenus "indésirables". Le seul vrai soucis repose en fait sur le héros, Kenshin incarné par Takeru Sato, un acteur un peu fade et lisse à l'image de son visage poupon qu'on a bien du mal à imaginer en guerrier affûté et aguerri depuis plus de 15 ans. L'acteur n'a d'ailleurs que 22 ans lors du tournage, alors que son personnage devrait avoir environ 31-32 ans. Dommage. Néanmoins le film est esthétiquement sublime, avec une photographie au ton délavé idéal et une mise en scène qui oscille entre accalmie qui permet quelques plans icôniques tout aussi sublimes et des accélérations fulgurantes, notamment dans des combats chorégraphiés de façon magistrale mêlant réalisme et une pointe de surréalisme. On salue le fait que ce film ne tombe pas dans l'écueil du "Zatoichi" de Kitano qui abusait d'images de synthèse hideuses jusque dans le sang et les blessures. L'autre soucis, plus terre à terre, c'est le sabre à lame inversée de Kenshin ; en effet même ainsi le sabre reste une arme mortelle et donc vis à vis de ne pas tuer est forcément pas crédible, sauf si on se laisse aller à croire qu'en fait Kenshin est beaucoup plus ambigu qu'il le laisse paraître ?! Si le héros avait au minimum un sabre en bambou ou en bois cette idée de principe serait déjà plus vraisemblable. Outre la petite touche de fantastique (on est très loin des "Tigre et Dragon" de Ang Le ou de "Le Secret des Poignards Volants" de Zhang Yimou), on note quelques dialogues superflus parfois risibles tant il appuie une évidence mais cela est aussi inhérent au genre "manga". Mais finalement on se laisse prendre dans cette aventure de "cape et d'épée" nippone, à une époque ou les samouraïs disparaissent mais livrent leurs derniers combats face à un pays qui leur tourne le dos (selon eux !). Keishi Ohtomo signe un chanbara vraiment passionnant sur le fond comme sur la forme, avec beaucoup d'action, un peu d'humour, un peu d'émotion, sans jamais oublier de placer cette fiction dans un contexte historique riche et en prime des personnages secondaires bien écrits et nombreix. À voir.
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :