Monsters of Man (2021) de Mark Toia

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de l'inconnu Mark Toia, producteur-réalisateur-scénariste-Directeur photo de son film il cumule les casquettes pour ce premier film aussi audacieux qu'ambitieux sur le fond comme sur la forme. On se demande comment un inconnu a pu monter un tel film ?! En fait, ce cinéaste a d'abord été un photographe publicitaire réputé, à tel point que nombreux furent ses clients qui l'ont poussé à réaliser des films publicitaires. Il aura donc fallu une vingtaine d'années pour voir évoluer l'artiste et le mener derrière une caméra de cinéma. Le cinéaste s'est en grande partie auto-financé, par l'immobilier et aussi via un soutien participatif via une plateforme spécialisée. Il co-signe le scénario de cette histoire avec Jeff Hand qui a signé auparavant des scénarios essentiellement pour l'animation avec les films "Frère des Ours" (2003) et "Everyone's Hero" (2006) mais aussi pour les séries TV "Angry Birds" (2016-2018). Au vu du speech on pense évidemment à d'autres titres fameux comme "Predator" (1987) de John McTiernan, "I Robot" (2004) de Alex Proyas ou encore (2015) de Neill Blomkamp ; certains y voient du "Robocop" mais vraiment si peu !... Une compagnie spécialisée dans l'Intelligence Artificelle a mis au point des robots militaires autonomes commandités par la C.I.A. et il est temps de les tester grandeur nature sur le terrain dans une opération d'observation. Mais une fois les robots sont sur le terrain, les ingénieurs comprennent que l'opération est réellement active et opérationnelle. Le pire c'est que parmi les victimes potentielles il y a des médecins américains humanitaires et qu'un robot semble prendre conscience de sa condition...

De nombreux personnages dans ce film joué pour la plupart par des acteurs de secondes zones ou des acteurs méconnus souvent cantonnés dans des seconds voir troisièmes rôles. Le plus connu reste le responsable de la C.I.A. incarné par Neal McDonough vu dans de nombreux films comme (1999) de Antonia Bird, "Minority Report" (2002) de Steven Spielberg où dans le rôle Dugan dans "Captain America : First Avenger" (2011) de Joe Johnston et qu'il reprend à plusieurs reprise dans les séries dérivées de Marvel. Citons ensuite de Jose Rosete vu dans plus de 300 rôles de "L'Enfer du Dimanche" (1999) de Oliver Stone à "Terrapocalypse" (2019) de Nick Lyon en passant par "Les Rois du Désert" (2000) de David O'Russell et "Asteroid VS Earth" (2019) de Christopher Ray, Jessica Blackmore vue dans "Killer in Law" (2018) de Danny J. Boyle, Kayli Tran vue dans "Black Violet" (2017) de Istvan Varady, Tatjana Marjanovic également en salle avec "Great White" (2021) de Martin Wilson, Brett Tutor surtout connu comme un spécialiste de la survie dans des émissions TV comme "Entertainment Tonight" (2018) et "Trading Spaces" (2019), Conrad K. Pratt vu dans "V.H.S. Viral" (2014) oeuvre collective et cascadeur sur "Wolverine : le Combat de l'Immortel" (2013) de James Mangold, David Haverty artiste multi-casquette ayant travaillé sur des films comme "Love Meet Hope" (2016) de Benny Woodell et "Le Club des 27" (2019) de Patrick Fogarty", Paul Haapaniemi aperçu dans "The West and the Ruthless" (2017) des frères Trivundza et "All for Nikki" (2020) de Brandon Willer, Ma Rynet vue dans "The Last Reel" (2014) de Koulikar Sotho et "Hanuman" (2015) de Jimmy Henderson... Le film démarre vite et sous tension, une certaine effervescence fait face à l'innocence d'un village. Sur l'histoire elle-même on constate que ça reste assez primaire mais elle reprend des thématiques toujours aussi centrales aujourd'hui, l'intelligence artificielle et tout ce qui en découle, mais aussi est-ce que tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins ?! Malheureusement le premier bémol vient du casting, pas tous très bons, la plupart sans une once de charisme, sans présence ou jouant mal à tel point qu'on a bien du mal à s'identifier et/ou à s'attacher à eux à 3-4 exceptions près.

Par contre on est impressionné par les effets spéciaux, assez remarquables surtout lorsqu'on sait que le budget a été serré ! Les robots sont de structures archi-classiques mais cela fait leur force et rend crédible le récit bien implanté dans notre époque, les effets pyrotechniques bien rendus sans jouer la surenchères, par là même les blessures et les effets hémoglobines sont parfaitement gérés. Un très bon point. Le réalisateur parvient toujours à tenir la tension, jouant entre les différents lieux des protagonistes (C.I.A., salle opérationnelle, village), créant des rebondissements qui donnent un vrai rythme et une ébullition à tous les niveaux. Malheureusement on ne peut que constater des incohérences, des maladresses un peu stupides et des choix peu innovants : un ex-Navy Seal évidemment inattendu, un trio amoureux, un module qui sort de nulle part alors qu'il aurait été utile dès le premier incident, un robot qui perd son arme mais que personne ne pense à prendre pour l'éliminer, les robots qui ratent leur cible un peu trop souvent lorsqu'il s'agit des "héros"... etc... Par contre un excellent bonus pour les morts qui surviennent quand on y pense pas, leur importance ne jouant aucunement sur leur destin ce qui crée un suspense non négligeable. Les décors sont idéaux façon vestige guerre du Viêtnam, les scènes sanglantes sont d'un réalisme gore efficaces avec des scènes d'action tout aussi efficaces malgré des robots défaillants quand ils visent les protagonistes principaux (compensés par quelques surprises). Mark Taio a de l'ambition et de l'audace, et avec un budget sans nul doute limité (4-5 millions de dollars ?!) il a su optimiser sur tous les plans pour offrir un film d'action et d'anticipation plutôt bien foutu comparé aux moyens, rien que ça mérité le respect et un minimum d'intérêt. Imparfait assurément, forcément plombé par les références majeures inhérents au genre, mais avec une telle envie derrière que ce "petit" film fait le job et reste un divertissement qui n'a pas à rougir face à certaines superproductions hollywoodiennes. Un bon moment.

Note :