Reminiscence (2021) de Lisa Joy

Premier long métrage en tant que réalisatrice-scénariste pour Lisa Joy, d'abord connue pour avoir écrit des épisodes pour les séries TV "Pushing Daisies" (2007-2009) et "Burn Notice" (2009-2011), mais surtout connue pour être co-créatrice de la série TV "Westworld" (2016-...) avec son conjoint, un certain Jonathan Nolan co-scénariste réputé pour avoir collaboré avec son frère Christopher sur plusieurs films de "Memento" (2000) à "Interstellar" (2016) en passant par "Le Prestige" (2006) et les "Dark Knight" (2008-2012). Elle a logiquement son époux comme producteur tandis qu'elle collabore avec plusieurs techniciens de la série "Westworld" sur ce film, du Directeur Photo au compositeur en passant par le chef décorateur ou le monteur. La cinéaste aurait eu idée du film alors qu'elle était enceinte et qu'après la mort de son grand-père elle est tombée sur une photo d'une jeune femme inconnnue au dos de laquelle était inscrit "Suki Lin", Lisa Joy précise : "Cette femme magnifique, qui venait d'une autre époque, avait de toute évidence une grande importance à ses yeux. J'imagine la nature de leur relation... mais je ne connaîtrai jamais la vérité. La réalité de leur relation n'existe que dans leurs souvenirs."... Dans un futur proche Miami est submergé par l'océan suite aux effets climatiques qui ont eu aussi pour effet de créer des tensions violentes au sein de la communauté. Depuis lors, Nick Bannister, vétéran des guerres du Golfe, s'est reconverti dans l'exploitation des souvenirs, la nostalgie étant devenu une drogue comme une autre. Un jour il tombe amoureux d'une femme qui disparaît du jour au lendemain. Plus que l'ombre de lui-même, il reprend espoir quand il revoit lors d'une enquête pour la police, cette femme dans les souvenirs d'un mafieux. Il n'a plus qu'une idée en tête, retrouver cette femme...

Reminiscence (2021) de Lisa Joy

Le héros est incarné par Hugh Jackman qui jouait dans "Le Prestige" et qu'on avait pas vu depuis "The Front Runner" (2018) de Jason Reitman si on excepte ses caméos dans (2018) de David Leitch et (2021) de Shawn Levy. Son associée est jouée par Thandie Newton (sa fille Nico Parker apparaît également dans un petit rôle) magnifique actrice de "Beloved" (1998) de Jonathan Demme et "Collision" (2004) de Paul Haggis qu'on avait pas vu depuis "Solo : a Star Wars Sotry" (2018) de Ron Howard, tandis que la femme disparue est jouée par Rebecca Ferguson révélation de "Mission Impossible : Rogue Nation" (2015) de Christopher McQuarrie et qui retrouve Hugh Jackman après "The Greatest Showman" (2017) de Michael Gracey. Parmi les adversaires, citons Daniel Wu star chinoise vu récemment à Hollywood dans "L'Homme aux Poings de Fer" (2012) de et avec RZA, (2016) de Duncan Jones et "Tomb Raider" (2018) de Roar Uthaug, puis Cliff Curtis second couteau de luxe vu de "La Leçon de Piano" (1993) de Jane Campion à "Doctor Sleep" (2019) de Mike Flanagan en passant par "L'Âme des Guerriers" (1994) de Lee Tamahori et "Fast and Furious : Hobbs and Shaw" (2019) de David Leitch ; Curtis retrouve ses partenaires Hugh Jackman après "The Fountain" (2006) de Darren Aronofsky et Rebecca Ferguson après "Doctor Sleep". Citons encore Angela Sarafyan vue entre autre dans (2013) de Robert Luketic et "Extremely Wicked..." (2019) de Joe Berlinger, Marina de Tavira vue dans "La Zona, Propriété Privée" (2007) de Rodrigo Plà et "Roma" (2018) de Alfonso Cuaron, puis Natalie Martinez remarquée dans des films comme "Course à la Mort" (2008) de Paul W.S. Anderson, "End of Watch" (2012) de David Ayer et "Message from the King" (2017) de Fabrice Du Welz... D'ores et déjà le speech, un coup de bande-annonce et on pense forcément à des films comme "Total Recall" (1990) de Paul Verhoeven et "Strange Days" (1996) de Kathryn Bigelow, mais aussi beaucoup à (2005) de Robert Rodriguez et Frank Miller. Le mixte de ces trois films est évidente, de la machine à souvenirs comme drogue, une femme fatale, ville sans foi ni loi, et une voix Off intriguante omniprésente mais qui ne sert à rien d'autre qu'à instaurer un climax singulier (et donc pas tant que ça !).

Reminiscence (2021) de Lisa Joy

Mais loin d'être originale et/ou personnelle, Lisa Joy fait du pompage plus qu'elle ne digère ses références. Elle le confirme par ailleurs dans ses déclarations qui sont loin d'être probantes à l'image : "... personnages complexes dans un monde qui peut se révéler sombre, cruel, sans foi, ni loi. Il n'y a pas de distinction manichéenne entre héros et victimes. Ce qui m'a intéressés, c'est la complexité de ces personnages qui tentent de survivre dans ce monde" ; une déclaration qui pourrait coller aux films sus-cités mais pas à son propre film où tout est limpide et justement très caricatural de la femme fatale et mystérieuse dont on devine le dénouement à un héros qui devient alcoolique par déception amoureuse jusqu'à l'assistante dévouée et vertueuse et le méchant très très méchant. D'ailleurs, on reste perplexe devant un héros aussi passif, dans son boulot il ne fait rien son assistante assumant et assurant quasi toutes les besognes alors même qu'ensuite il n'est jamais acteur et actif il subit toujours les événements. Plus "techniquement", il y a quelques incohérences ou soucis de crédibilité concernant la machine à souvenirs qui change de fonctionnement vis à vis des besoins scénaristiques plutôt qu'être cohérent avec la chaine elle-même ou ses clients. D'autres séquences sont même un peu gênantes, ou plutôt on sent que Lisa Joy la réalisatrice a été gênée par ses propres scènes. En effet, il y a clairement une volonté de sensualité dans le film, notamment avec et via le personnage de la femme fatale Mae/Ferguson mais jamais la réalisatrice n'ose filmer clairement cette émotion et cet élément de chair et luxure, en témoigne cette scène hors champs mais entièrement gratuite d'une robe dégraffée ou ce chevauchement entièrement habillé et ensuite qui "s'évapore". En conclusion, un film dont on ne perçoit que les influences de ses prédécesseurs dans le genre, des incohérences techniques aux clichés des personnages, sans compter une mise en scène timorée et tâtonnante. Un ersatz qui manque cruellement de fond comme de personnalité. Un film qui sera vite oublié.

Reminiscence (2021) Lisa