Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le parfum de la dame en noir » de Francesco Barilli.
« En Afrique, que ce soit dans la jungle, dans la savane, dans nos villages ou même dans nos villes les plus modernes, le vent lui-même véhicule la peur. Une peur antique qui porte bien des noms : magie noire, sorcellerie, superstitions, rites... »
Silvia, une jeune scientifique, se consacre exclusivement à son travail, délaissant son fiancé Roberto. Lors d’une soirée, elle rencontre un confrère africain qui va lui faire découvrir l’occultisme. Bientôt, des visions sur sa petite enfance vont ressurgir, des images érotiques avec sa mère, et tout ce qu’elle avait tenté de refoulé au plus profond de son être.
« Je ne te comprends pas. C’est comme si tu vivais ta vie en cherchant à m’en exclure »
Artiste aux multiples facettes et aux multiples talents, Francesco Barilli reste principalement connu pour avoir tenu le rôle principal de « Prima della revoluzione » (1964), l’un des premiers longs métrages de Bernardo Bertolucci, qui restera sans doute le sommet de sa (courte) carrière d’acteur. S’il se consacre désormais à la peinture, Barilli fut néanmoins, durant l’âge d’or du cinéma de genre italien, scénariste (« Qui l’a vu mourir ? » de Lado, 1964) et même réalisateur, le temps de films restés inédits chez nous - « Le parfum de la dame en noir » (1974) et « Pension paura » (1978) - considérés comme cultes par la cinéphilie et les amateurs de giallo.
« Ne me laisse jamais. Il n’y a que toi qui m’aime »
Afin de lever d’entrée toute ambigüité, il semble opportun de préciser que « Le parfum de la dame en noir », malgré son titre opportuniste, ne s’inspire en rien du célèbre roman de Gaston Leroux. Les amateurs de Rouletabille en seront ainsi pour leurs frais. Barilli serait lui davantage inspiré par l’œuvre de Lewis Caroll et, plus particulièrement, par son célèbre « Alice au pays des merveilles ». Comme elle, son héroïne, Silvia, se retrouve tiraillée entre deux univers distincts. Un premier, réel, dans lequel elle est une chef d’entreprise discrète et bourgeoise. Et un second, plus trouble, dans lequel elle semble être l’objet d’une machination menée par une étrange secte et qui impliquerait tous ses proches. Toute la réussite du scénario réside dans sa façon de brouiller les pistes entre réalité et fantasmes au point de ne plus savoir ce qui relève ou non de la folie de l’héroïne. C’est que le récit, labyrinthique à souhait, revêt aussi une dimension psychanalytique évidente. Avec, comme point névralgique, les souvenirs douloureux d’une enfance malheureuse et tourmentée, marquée par l’absence d’un père marin (toujours en mer où il finira par disparaitre) et la frivolité d’une mère adultère (dont elle s’accusera d’avoir causé la mort). Avec beaucoup de malice, Barilli se plait ainsi à nous faire perdre pied, à mesure que l’héroïne perd ses repères (visions de fantômes issus de son passé, disparitions d’objets, jeux de miroirs...) et dévoile sa personnalité double (aussi violente et monstrueuse qu’elle parait fragile et réservée en public). Le tout sur fond de voyance et de magie noire qui donnent au film une teinte légèrement paranormale. Un thriller psychologique très maitrisé, plus inquiétant que violent, qui s’inscrit parfaitement dans la lignée des thrillers d’épouvante qui hanteront les années 70 (« Rosemary’s baby », « Shining »...). Une belle découverte.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale italienne (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Emmanuel Le Gagne, du court-métrage « Plus loin encore » de Stéphane Derderian, du générique anglais, d’un diaporama d’affiches et de photos ainsi que du film-annonce original.
Édité par Artus Films, « Le parfum de la dame en noir » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 1er juin 2021.
Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.