Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Devilman le diabolique » de Paolo Bianchini.
« Nous appelons les hommes comme lui des diables car il n’est pas possible d’être plus cruel »
Venus à Rome pour un congrès scientifique, le chirurgien Becker est enlevé sous les yeux de sa fille. Celle-ci, aidée par le journaliste Mike, part à sa recherche.
Ils vont arriver en Afrique, au sein d’une forteresse commandée par le terrible Devilman, qui va tenter une substitution de cerveau sur Becker.
« Réaliser qu’on est pris au piège dans une souricière dont on ne s’échappe pas, ça fait une drôle d’impression n’est-ce pas ? »
Alors que le péplum et le western – genres jusqu’alors les plus populaires – ont amorcé leur déclin et brûlent leur dernier feu, le cinéma des années 60 voit l’émergence d’un nouveau type de héros masculin, très influencé par l’avènement de James Bond. Plus moderne, celui-ci sera tout à la fois sophistiqué, élégant, intrépide et séducteur. Un archétype souvent copié et rarement égalé. Mais très souvent pastiché. A l’image de notre « OSS 117 » national ou de son homologue américain « Flint ». En Italie, pays où le cinéma de genre connait son âge d’or, le film d’espionnage (ou Eurospy) se développe rapidement (la série des « Agents 3S3 » de Sergio Solima ou des « Commissaire X » de Gianfranco Parolini), parfois sous un angle volontairement satirique (« L’espion qui venait du surgelé » de Mario Bava). C’est dans ce contexte que Paolo Bianchini, ancien assistant des plus grands maîtres italiens des années 50 (Luigi Zampa, Vittorio De Sica, Luigi Comencini, Mario Monicelli) réalise pour ses débuts derrière la caméra deux purs films de genre que son « Bagarre à Bagdad pour X-27 » (1966, avec Roger Hanin en tête d’affiche) et « Devilman le diabolique » (1967).
« Sa fille est l’otage d’un démon, et non du diable. Car c’est en vérité un homme comme nous. »
« Devilman le diabolique » nous plonge ainsi dans les affres d’un vaste complot international dans lequel un supervilain - le « Devilman » du titre, vraiment diabolique ! - kidnappe un éminent professeur de neurologie pour tenter une expérience de transplantation de cerveau aussi dangereuse qu’inédite. Associé à la fille du professeur, un journaliste intrépide partira donc à sa recherche. Ce qui le conduira de Rome au Maghreb jusqu’aux confins du désert africain. A l’évidence, le charme particulier de cette déclinaison italienne de l’eurospy tient dans son esprit délirant, très fortement influencé par l’univers de la BD et notamment des fumetti, ces bandes-dessinées populaires et bon marché, équivalents transalpins des comics américains. Une influence que l’on retrouve jusque dans le personnage du méchant, sorte de savant fou masqué et coloré, qui n’est pas sans rappeler « Fantomas » ou « Diabolik », l’un des plus célèbres personnages de Fumetti. Mais ce « Devilman » fonctionne aussi grâce au souci constant du cinéaste de soigner sa mise en scène et à l’esthétique d’ensemble de son film. En cela, celui-ci fait preuve d’une ambition formelle plutôt rare pour un film d’exploitation et qu’il convient par conséquent de souligner. Porté par l’américain Guy Madison - dont on retiendra davantage le physique en parfaite adéquation avec son personnage plus que ses qualités d’acteur - ce « Devilman le diabolique » offre un très honnête cocktail d’aventure, d’action et d’exotisme qui en font un divertissement bien plus recommandable qu’il n’y parait.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale italienne (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Un diable d’homme » : présentation du film par Christian Lucas (16 min.) ainsi que d’un Diaporama.
Édité par Artus Films, « Devilman le diabolique » est disponible en DVD depuis le 1er juin 2021.
Le site Internet de Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.