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Réalisateur : Jean-Christophe Meurisse
Acteurs : Alexandre Steiger, Christophe Paou, Lilith Grasmug,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Le film est présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2021
Au même moment en France, un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre est soupçonné de fraude fiscale, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel. Une longue nuit va commencer. Les chiens sont lâchés.
Critique :
Louchant sur la férocité austère d'Haneke, #OrangesSanguines est un défouloir radical et illisible qui se fait aussi bête qu'il est méchant, laissant déconfit un auditoire espérant rire devant un film à sketchs corrosif, qui finit avec une charge (trop) inégale censée être drôle. pic.twitter.com/0jZR7KPVuV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 17, 2021
Jean-Christophe Meurisse avait clairement annoncé la couleur avec ses deux premiers efforts, Il est des nôtres et Apnée : son cinéma n'est absolument pas fait pour tout le monde, et encore moins aux âmes sensibles tant la radicalité de son humour, tape frontalement sur tout ce qui bouge et avant tout et surtout, là où ça fait mal.
Avec Oranges Sanguines, le bonhomme, plus armé d'une massue cruelle et aveugle que d'une vraie envie d'offrir une expérience aussi étrange et absurde, dresse un portrait jamais totalement drôle mais furieusement cynique et nihiliste de la France d'aujourd'hui; une tentative désinvolte de satire qui déraille à mi-chemin (là ou la premiere se tient plutôt bien, pas encore tronqué par l'envie de jouer avec l'intelligence de son auditoire) au moment même ou une épigraphe du philosophe marxiste Antonio Gramsci, vient exploser à l'écran (" Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. ").
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Imbibé par l'aura du Nouvel Hollywood (jusqu'à cité clairement Taxi Driver) et pensé comme une vraie oeuvre provocatrice - tout dû moins dans sa seconde moitié -, la péloche démarre comme un fil d'histoires éclatées (un couple de retraités confronté à une ruine financière imminente, doit gagner un concours de danse; un ministre de l'économie véreux qui pousse à l'austérité économique, accumule dans le même temps des sommes astronomiques dans des comptes offshore; un jeune assistant d'un avocat lubrique, fils des retraités, tente tant bien que mal de gravir les échelons sociaux; une jeune femme qui va perdre sa virginité avec son petit ami), entre moqueries de classe, constats politiques et titillage du politiquement correct/incorrect, avant de se laisser aller à une brutalité aussi maladroite qu'odieuse, étirant plus que de raison des situations douteuses à l'utilité qui l'est encore plus.
Louchant sur l'humour et la structure non sequitur de Dupieux, autant que sur la férocité (intelligemment) méprisante et virulente d'Haneke, Oranges Sanguines est un défouloir radical, agressif et illisible qui se fait aussi bête qu'il est méchant, laissant déconfit un auditoire venu se bidonner devant un film à sketchs corrosif, et qui termine in fine avec une charge (trop) consciente et inégale censée être drôle.
Trop d'acidité tue l'acidité.
Jonathan Chevrier