[CRITIQUE] : Summertime

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Carlos Lopez Estrada
Avec : Tyris Winter, Marquesha Babers, Maia Mayor,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min
Synopsis :
Les vies de 25 jeunes habitants de Los Angeles s'entrecroisent pendant une chaude journée d'été.


Critique :

#Summertime est une petite pépite de poésie urbaine, un mélo solaire (même si un poil décousu) donnant de la voix à ceux qui ont trop rarement l'occasion de l'avoir, et qui préfère constamment voir l'étincelle d'optimisme au coeur d'une société actuelle qui cherche à l'étouffer. pic.twitter.com/NrontOAcaW

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 16, 2021

Si l'on parle à longueur de journée qu'une représentation plus juste et plus diversifiée, que ce soit sur le petit comme sur le grand écran (chez nous comme ailleurs, même si la production correspond avant tout, au public qu'elle cible), rendrait ce monde si ce n'est meilleur, au moins un tant soit peu plus juste, rares sont les cinéastes à réellement sauter le pas - ou à être tout autant soutenu pour le faire.
Passer un formidable braquage sur pellicule, Blindspotting, de loin l'un des meilleurs films du circuit indé US de la dernière décennie, Carlos Lopez Estrada récidive avec un autre casse, peut-être moins imposant mais résolument plus léger et sensible : Summertime, teen movie " slamé " aussi poétique et optimiste qu'il est inspirant, vissant sa caméra tel un kaléidoscope sur une belle poignée de californiens de milieux sous-représentés, ou chacun à son petit quart d'heure de gloire pour briller.

Copyright Metropolitan FilmExport


Se déroulant au cours d'une seule journée, véritable balade enthousiaste de Venice Beach aux collines d'Hollywood, d'Eagle Rock aux EastWest Studios, le portrait de groupe plein d'humour se déroule de manière savoureusement ludique (sans pour autant masquer la gentrification forcée, la précarité, la violence,...), passant d'un personnage à le suivant dans une sorte de chaîn humaine rappelant fortement les premiers efforts du cinéma de Richard Linklater - Slacker et Waking Life en somme -, embrassant la structure du flux de conscience décousue (un melting-pot complexe et multidimensionnel d'identités, utilisant la puissance de leurs mots pour partager leur expérience et dévoiler leurs personnalités), où la caméra virevolte telle une abeille au coeur d'une conversation, avant de bourdonner tranquillement vers une autre.
Véritable ode à L.A. (Blindspotting était lui bel et bien une ode à Oakland), capturant comme rarement - et avec un spectre de problématiques imposant - ce qu'est être un jeune vivant dans la Cité des Anges, une ville de tous les possibles qui peut autant être un paradis qu'un véritable enfer pour certains, mais dont Estrada s'échine à casser l'image caricaturale d'une jeunesse qui, même issue de différents horizons, n'interagit pas entre elle.

Copyright Metropolitan FilmExport


Constamment entre la fiction et le documentaire, variant ses modes d'expressions aussi largement possibles que ses prestations diverses - et toutes plus ou moins égales - le permettent; Summertime est une petite pépite de poésie urbaine, un mélodrame mélancolique et solaire - même si un poil décousu - donnant de la voix à ceux qui ont trop rarement l'occasion de l'avoir, et qui préfère constamment voir l'étincelle d'optimisme au coeur d'une société contemporaine qui cherche à l'étouffer.
Jonathan Chevrier