[CRITIQUE] : L’Affaire Collective

[CRITIQUE] : L’Affaire Collective

Réalisateur : Alexander Nanau
Acteurs : -
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Roumain, Luxembourgeois.
Durée : 1h49min.
Synopsis :
Après un tragique incendie au Colectiv Club, discothèque de Bucarest, le 30 octobre 2015, de nombreuses victimes meurent dans les hôpitaux des suites de blessures qui n’auraient pas dû mettre leur vie en danger. Suite au témoignage d’un médecin, une équipe de journalistes d’investigation de la Gazette des Sports passe à l’action afin de dénoncer la corruption massive du système de santé publique. L’Affaire collective suit ces journalistes, les lanceurs d’alerte et les responsables gouvernementaux impliqués, et jette un regard sans compromis sur la corruption et le prix à payer pour la vérité.


Critique :

Portrait édifiant de la corruption institutionnelle en Roumanie, #LaffaireCollective est un doc élégiaque et essentiel qui laisse espérer, un peu, que la seule chose + puissante que la corruption politique dans ce monde, reste la voix collective de ceux qui tentent de l'annihiler pic.twitter.com/8048HG6EIs

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 18, 2021

Il y a des histoires tellement incroyables qu'il est parfois bien difficile d'admettre quelles soient vraies, tant est si bien que certains documentaires, au-delà de leurs valeurs essentielles, remettent gentiment les pendules à l'heure.
Clairement de ceux-là, L'affaire Collective d'Alexander Nanau éclaire autant sur douloureuse tragédie humaine qu'une histoire de corruption à l'échelle nationale en Roumanie, au travers de l'enquête passionnante de la rédaction de la la Gazeta Sporturil (qu'un magazine résolument centré sur le sport, face une telle enquête en dit sûrement déjà long sur la corruption et les restrictions qui gangrènent le pays), sous la tutelle de la journaliste d'investigation Cătălin Tolontan.
À la suite de l'incendie de la discothèque Colectiv en 2015 à Bucarest (dû autant à un spectacle de pyrotechnie qu'à une salle clairement pas assez ventilée, sans sortie de secours ni système d'arrosage...), qui a causé la mort de 64 personnes (27 personnes sont mortes cette nuit-là et 37 autres sont décédés dans les heures/jours qui ont suivis) et blessés 180 autres, Tolontan et son équipe ont publié une série d'articles révélant que beaucoup d'entre eux sont morts à la suite d'infections bactériennes au sein même des hôpitaux, la faute à une utilisation de désinfectants dilués et donc inefficaces, tous achetés auprès de la même entreprise de biopharmacie corrompue.

[CRITIQUE] : L’Affaire Collective

Copyright Sophie Dulac Distribution


Avec peu de cérémonie et dans un style très cinéma-vérité direct et frontal, les événements de cette enquête de plus en plus effarante se déroulent devant nous, en temps réel, Nanau plongeant son auditoire au coeur de toutes ses révélations, méticuleusement sondées par Tolontan et son équipe, qui n'auront de cesse de creuser encore plus loin dans les maux d'une nation ayant le taux le plus élevé d'Europe, de décès évitables survenant dans les hôpitaux.
Portrait édifiant de la corruption institutionnelle et de l'opportunisme - jusque dans les plus hautes sphères du gouvernement - en Roumanie, avant de se concentrer sur les efforts du nouveau ministre de la santé, Vlad Voiculescu, tentant tant bien que mal de rattraper l'irrécupérable et de corriger un brin le tir (entre sa tentative de patauger dans les eaux sombres de la bureaucratie, tout en faisant face aux critiques de la presse et du public, alors qu'il n'est pas vraiment le fautif dans l'histoire); L'affaire Collective se double même d'une étude sobre et fascinante sur le milieu journalistique, dénué de tout romantisme à l'américaine et emprunt d'une sécheresse douloureusement relative à leur travail - la quête de vérité, coûte que coûte.
Révélateur, élégiaque et essentiel, le documentaire suggère, ou tout du moins laisse espérer, que la seule chose plus puissante que la corruption politique dans ce monde, reste la voix collective de ceux qui tentent de l'annihiler, et c'est toujours un peu rassurant de ce dire cela - surtout aujourd'hui.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : L’Affaire Collective