[CRITIQUE] : Barbaque

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Fabrice Éboué
Acteurs : Fabrice Eboué, Marina Foïs, Virginie Hocq, Jean-François Cayrey,...
Distributeur : Apollo Films / TF1 Studio
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min
Synopsis :
Vincent et Sophie sont bouchers. Leur commerce, tout comme leur couple, est en crise. Mais leur vie va basculer le jour où Vincent tue accidentellement un vegan militant qui a saccagé leur boutique… Pour se débarrasser du corps, il en fait un jambon que sa femme va vendre par mégarde. Jamais jambon n’avait connu un tel succès ! L’idée de recommencer pourrait bien les titiller…

Critique :

Mélange hybride et décomplexé entre la satire macabro-acide, le slasher romantico-viandard et la comédie horrifico-étrange, difficile de dire si #Barbaque séduit, car à taper équitablement sur tout le monde sans nuance ni le moindre recul critique, on finit par taper dans le vent pic.twitter.com/tE8C0ehz2o

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 18, 2021

Il y a quelque chose de presque frustrant à la vision du - très - singulier Barbaque, second long-métrage en solo de Fabrice Éboué, tant tout comme son Co-Exister (qui recèle cela dit bien plus de qualités que de défauts), le bonhomme aborde avec une certaine habileté le terrain pourtant sinueux de la comédie vacharde et subversive, mais peine inexplicablement à donner du corps à sa volonté (louable au demeurant) de mettre les pieds dans le plat en abordant des sujets sociétaux qui fâchent - ou au minimum, font débat -, autant qu'en tirant sur à peu près tout ce qui bouge - sans forcément pleinement toucher chacune de ses cibles.
Pourtant l'essentiel était là, tapis dans l'ombre du sens d'observation féroce que peut avoir l'humoriste, et sa propension à titiller de manière irrévérencieuse nos complexes sociétaux vis-à-vis de la norme et de ce (et ceux) qui s’en écarte, dans des séquences parfois bien senties et même plutôt acerbes.

© Cécile-Mella - 24-25 Films - Apollo Films - Orange Studio - France 3 Cinéma


Mélange hybride et décomplexé entre la satire macabro-acide, le slasher romantico-viandard et la comédie horrifico-étrange, dont la révérence plus qu'assumée à C'est arrivé près de chez vous (voire, soyons fous, un brin à Sweeney Todd - les chants en moins -, mais aussi aux Bouchers Verts - Mikkelsen et sa coupe improbable en moins), fait qu'il rêve - un peu trop - d'être embaumé par le même cynisme pur et dérangeant, le film, qui accumule copieusement les caricatures avec une boulimie gênante (des vegans aux grands industriels, en passant par des bouchers/commerçants bien franchouillards aux doux relans racistes), cherche constamment à artificiellement provoquer son auditoire dans un récit à charge sans nuances mais qui, paradoxalement, a pour lui quelques élans trashs aussi savoureusement rentre-dedans et insolents, que son pendant gore est frontal.
Taclant autant les militants/activistes vegans que les consommateurs de malbouffes, les grands industriels que les petits artisans et les minorités, Barbaque joue la carte de l'expérience radicale et culottée, rythmée au hachoir - jusque dans son final expéditif - mais aux prestations ciselées (Marina Foïs en impose, comme toujours, en épouse gentiment psychopathe).
Jusqu'au-boutiste et gras aussi bien qu'il est maladroit et plus odieux que réellement subversif, difficile à dire si on est finalement un tant soit peu séduit par ce morceau de « porc d’Iran », car à taper équitablement sur tout le monde sans le moindre recul critique, on finit par taper... dans le vent.
Jonathan Chevrier