Réalisateur : Andreï M. Paounov
Acteur : Christo.
Distributeur : Dissidenz Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Bulgare.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Sept ans après le décès de son épouse et complice artistique Jeanne-Claude, avec laquelle il avait empaqueté le Reichstag à Berlin ou encore le Pont Neuf à Paris, l'artiste d'origine bulgare Christo s’attelle à la réalisation de « The Floating Piers » (littéralement : les pontons flottants), sur le lac d’Iseo en Italie, une installation qu’ils avaient conçue ensemble des années auparavant, dans la droite lignée de leur projet artistique : s’emparer de monuments architecturaux ou de sites naturels pour les transformer et ainsi mieux les révéler, dans une temporalité toujours limitée. Présenté aux festivals de Locarno et Toronto, le film d’Andréï M Paounov est une plongée intimiste rare dans le monde hors du commun et sans compromis de Christo, où tractations entre art et politique, cauchemars logistiques et forces de la nature sont en ébullition permanente, et révèlent l'homme derrière l'artiste, dont toutes les œuvres sont autofinancées.
Critique :
#ChristoMarcherSurLeau ou un doc prenant même si un poil trop conscient, qui se plaît à capturer l'acte de création et la puissance artistique de Christo, une figure à part se battant contre la technologie, la bureaucratie, la corruption et les éléments, pour faire primer son art pic.twitter.com/abDnrqEMFh
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 19, 2021
Cinq ans après la mort de sa femme et collaboratrice créative Jeanne-Claude en 2009, l'artiste environnementaliste bulgare férocement controversé Christo - de son vrai nom Christo Vladimirov Javacheff - s'est lancé dans un projet dantesque qu'ils avaient conçu lui et son épouse, des décennies auparavant : " The Floating Piers ", une installation artistique qui donnerait aux gens la sensation de marcher sur l'eau.
Trois jetées (constituées de cubes de polyéthylène imbriqués, enveloppés dans un tissu jaune) situées stratégiquement à trois endroits différents sur le lac d'Iseo dans le nord de l'Italie, toutes convergeant vers une petite île au large...
Un projet démesurément extravagant, absurde pour certains voire même tout simplement génial pour d'autres (la magie de l'art réside aussi et surtout dans la subjectivité de son appréciation ou non), que la caméra du scénariste-réalisateur bulgare Andreï M. Paounov retranscrit dans le fascinant mais un poil trop conscient documentaire Christo : Marcher sur l'eau, objet cinematographique qui se veut le témoin de la ténacité hors du commun d'un artiste qui l'est tout autant.
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Un documentaire condensé (fruit de 700 heures de séquences filmées par 10 équipes différentes, au cours d'une année) et libre qui prend donc totalement fait et cause de Christo (un aspect qui, de facto, n'en fait pas un garant de la vérité mais bien d'une vision unique), sorte de clone énervé du Doc Brown de Christopher Lloyd, dont l'irascibilité semble parfois autant naturelle que pleinement orchestrée face caméra pour entretenir son mythe, perpétué grâce à des créations à l'impermanence légendaire dont la beauté n'a d'égale que leur destin éphémère (" The Floating Piers " aura été visité par 1,2 million de personnes en 16 jours, lors de sa courte existence en 2016).
En résulte alors une oeuvre qui se plaît à capturer l'acte de création et la puissance artistique d'un homme à part, se battant contre la technologie, la bureaucratie, la corruption et les éléments, pour faire primer son art.
Les coulisses de la vie d'un génie en somme (drôle d'ailleurs que le film ne débarque que maintenant dans les salles, alors que son art " habille " en ce moment même l'Arc de Triomphe), entre autodérision délicieux et humble vantardise, qu'on l'apprécie ou non, l'expérience ne se refuse (absolument) pas.
Jonathan Chevrier