Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 19 Septembre au 25 Septembre.
Dimanche 19 Septembre. Zodiac de David Fincher sur Arte.
Zodiac, l’insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, se lança corps et âmes dans ce qui deviendra, l’enquête de sa vie.
Alors que le cinéaste s’apprête à faire son retour après 6 ans d’absence avec Mank — sur Netflix en décembre, pourquoi ne pas replonger dans ce qui fait figure — pour moi — de meilleur film de David Fincher ? En effet, Zodiac opère une bascule dans le cinéma de son auteur, la mise en scène luxuriante de ses débuts laisse place à une épuration qui ne sera que décuplée dans des œuvres telles que Millenium ou Gone Girl. Dans un certain sens, on pourrait dire que Zodiac fait figure de film somme, on se fait envelopper dans une ambiance de thriller qui va peu à peu gratter la surface pour laisser apercevoir autre chose. Car ici, la chasse d’un serial killer est — presque — un gadget qui sert a émulsionné l’humain. C’est bel et bien une quête journaliste et l’obsession qui en découle que Fincher décortique, c’est là que ce cache les vies bousillées pour savoir. Dans cette histoire sans point, le cinéaste signe l’une des œuvres les plus fascinantes du cinéma américain des années 2000.
Mais aussi... France 2 propose Night and Day de James Mangold. Un curieux blockbuster qui se savoure comme un hybride entre thriller d’espionnage, action movie et romcom. Le réalisateur s’en donne à cœur joie au sein d’un film ne reniant jamais sa légèreté et son humour tout en donnant à voir un spectacle des plus réjouissants.
La soirée continue... après Night and Day, France 2 propose le Spy Game de Tony Scott. Un film qui, indéniablement, a la patte de son auteur. Le cinéaste électrise son récit avec son sens pour l’image qui tache, ça secoue de droite à gauche, ça farfouille, amoncèle, comprime les idées de montage pour créer un labyrinthe ludique et décomplexé. En ressort un film d’espionnage aussi fun que adrénalitique, autrement dit du pur Tony Scott.
Mardi 21 Septembre. La Prisonnière du Désert de John Ford sur C8.
Texas 1868. La famille d’Aaron Edwards est décimée par une bande de Commanches qui attaque son ranch et enlève ses deux fillettes. Ethan, le frère d’Aaron, découvre le drame et se lance sur les traces des ravisseurs avec deux autres compagnons.
Dans ce genre qu’est le western, La Prisonnière du Désert est l’un des sommets les plus hauts. L’œuvre de Ford est d’une flamboyance tragique étourdissante et impressionne par sa beauté formelle. Mais plus encore, il y a là un long-métrage dont la violente, l’âpreté et la férocité viennent attraper la gorge. Car ici, le cinéaste filme l’agitement interne d’un homme, Ethan. Campé par John Wayne, ce cowboy sur le déclin est un être totalement bousillé par la guerre qui ne trouve plus sa place et n’a plus aucune sorte d’empathie pour cette société. Film presque misanthropique par instant, Ford va filmer le lent changement de cet homme, qui au bout de cette fresque romanesque qui fout le tournis plus d’une fois, trouvera un apaisement avec lui-même. Un chef d’œuvre.
Mercredi 22 Septembre. Les Liaisons Dangereuses de Stephen Frears sur Arte.
Deux aristocrates brillants et spirituels, la marquise de Merteuil et le séduisant Vicomte de Valmont, signent un pacte d’« inviolable amitié » à la fin de leur liaison. C’est au nom de celui-ci que la marquise demande à Valmont de séduire la candide Cecile de Volanges qui doit prochainement épouser son ex-favori, M. de Bastide. Mais Valmont a entrepris de séduire la vertueuse Mme de Tourvel.
La nature épistolaire du roman de Choderlos de Laclos est forcément, en soit, un petit défi quand on tient a en extraire un long-métrage. Un défi que relève haut la main Stephen Frears et son scénariste Christopher Hampton. En effet, cette adaptation ne perd rien de l’ambigüité mordante du bouquin tout en érigeant autour du récit un écrin d’élégance. Comme souvent, le cinéaste se livre à un travail de minutie pour sa mise en scène qui ainsi est parsemée de bout en bout de petites idées avant de mettre en avant les contradictions de son univers. À cela s’ajoute un John Malkovich magnifique, comme souvent et une Gleen Close qui referme le film avec une émotion des plus renversantes.Thibaut Ciavarella