De Cédric Jimenez
Avec Gilles Lellouche, François Civil, Karim Leklou
Chronique : Au-delà des réserves légitimes qu’on peut avoir sur le projet (on y reviendra), Bac Nord fait preuve d’une efficacité dans son écriture et d’une puissance dans sa mise en scène pas si fréquentes dans le cinéma français. Une montée en tension implacable accompagne les trois flics jusqu’au point d’orgue du film, l’intervention de la BAC dans une cité hostile. Scène coup de poing impressionnante, précise et suffocante, ce tour de force finit d’illustrer la force de la réalisation de Cédric Jimenez, très à l’aise pour immerger ses personnages dans des situations très inconfortables (il l’avait déjà brillamment démontré dans la French, polar sanguin sur le grand banditisme marseillais dans les années 70 qui révélait réellement Gilles Lellouche). Nerveuse et anxiogène, sa mise à scène capture parfaitement l’urgence et le mélange de peur, d’excitation et de ras le bol qui anime les brigades en mission.
Si Bac Nord adopte quasi exclusivement le point de vue des flics, le constat sur les quartiers perdus de la République n’est pas nouveau, il est en cela complémentaire de l’indispensable Les Misérables, portrait d’une jeunesse des cités livrée à elle-même et qui offrait lui aussi des scènes saisissantes de violences urbaines.
Non, ce qui embarrasse dans Bac Nord, c’est surtout que le film peut être apparenté à une entreprise de réhabilitation pour les policiers impliqués dans le scandale, et ce alors que le jugement n’a pas encore été rendu (le parquet ayant fait appel, 12 des 18 anciens baqueux concernés par l’affaire vont être rejugés). Or le charisme et le bagou du trio d’acteurs qui incarne les principaux protagonistes leur confèrent une évidente humanité. C’est évidement problématique. D’autant plus que le film, en se concentrant sur les trois flics, leurs motivations, leurs frustrations, leurs erreurs, passe à côté d’une critique objective de la police et ses disfonctionnements. C’est sa (grosse) limite.
Synopsis : 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…