Alors qu'un autre film sur "Le Bal des Folles" (2022) de Arnaud des Pallières est en projet avec Léa Seydoux, voici qu'il est devancé par un autre film sur le sujet qui est adapté du livre éponyme (2019) de Victoria Mas. Cette production est le premier film français siglé Amazon Original. Cette histoire est inspirée de faits réels, soit un bal qui était organisé annuellement par le professeur Charcot à l'hôpital de la Salpêtrière à la fin du 19ème siècle ; pour tout savoir sur le Bal des Folles c'est ICI. Ce film est réalisé, écrit et joué par Mélanie Laurent qui signe là son 5ème long métrage en tant que réalisatrice après "Les Adoptés" (2011), (2014), "Plonger" (2017) et son film américain (2018), le second dans lequel elle apparaît après "Les Adoptés" (2011) sans compter l'excellent documentaire "Demain" (2015) co-réalisé avec Cyril Dion. La cinéaste co-signe le scénario avec Christophe Deslandes, avec qui elle avait déjà collaborer sur ses films "Les Adoptés" et (2017)... Dans les années 1880, Eugénie est une jeune fille radieuse et passionnée mais lorsque sa famille apprend qu'elle aurait le don d'entendre et de voir les morts, elle décide de l'interner à la clinique neurologique de la Pitié Salpêtrière sous l'autorité du célèbre professeur Charcot. Eugénie intègre le service dit des "hystériques" où elle va devoir participer à un événement très attendu par certain, le bal des folles. Eugénie ne pense alors qu'à une chose, s'échapper...
Eugénie est incarnée par Lou de Laâge vue récemment dans "Boîte Noire" (2021) de Yann Gozlan et qui retrouve après "Respire" (2014) sa réalisatrice Mélanie Laurent, qui elle a joué dernièrement dans le film de SF (2021) de Alexandre Aja. Chez les femmes citons Emmanuelle Bercot réalisatrice de "La Fille de Brest" (2016) mais qui a surtout été actrice depuis notamment dans le récent (2020) de Zoé Wittock, Martine Chevalier qui retrouve sa partenaire Mélanie Laurent après "Je vais Bien, Ne t'en fais pas" (2006) de Philippe Lioret et vue dans "Chanson Douce" (2019) de Lucie Borleteau, Lauréna Thellier vue dans (2016) de Bruno Dumont et "Fleuve Noir" (2018) de Erick Zonca, puis Alice Barnole vue dans "L'Apollonide : Souvenirs de la Maison Close" (2011) et "Saint-Laurent" (2014) tous deux de Bertrand Bonello. Chez les hommes il y a évidemment Charcot alias Grégoire Bonnet vu entre autre dans "Toute Ressemblance..." (2019) de Michel Denisot et "Divorce Club" (2020) de Michaël Youn, citons encore le jeune espoir Benjamin Voisin remarqué dans (2020) de François Ozon et "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli, et Cédric Khan réalisateur surtout notamment de "Fête de Famille" (2019) après lequel il retrouve donc Emmanuelle Bercot, mais également acteur vu notamment dans "L'Economie du Couple" (2016) de Joachim Lafosse et (2018) de Pawel Pawlikowski... L'histoire se déroule en 1885, Victor Hugo vient de mourir, et le professeur Charcot est au sommet de sa carrière, tandis que le bal des folles est un événement particulièrement couru par les nantis curieux de de choses aussi scabreuses que singulières. Le début en famille est un peu long avant de d'entrer dans le vif du sujet mais on constate ainsi que l'héroïne, Eugénie/De Laâge, semble avoir de réels dons pour entrer en contact avec les morts.
La reconstitution historique est soignée et offre une immersion à la fois choquante et réaliste dans les couloirs de la Pitié-Salpêtrière à l'époque où le patriarcat scientifique se passionne pour l'"hystérie féminine" et l'hypnose. Décors et costumes sont parfaits. Alors que le contexte historique pousse à un film historique qui se doit d'être un minimum objectif on s'aperçoit que la dimension fantastique prend finalement un peu trop de place dans la mesure où les "dons" sont objectivement de la superstititon et qu'on se dit que finalement Eugénie doit être effectivement suivi psychologiquement. Problème, le fait de tenter de nous faire accepter ces dons de voyance atténue forcément la portée du film, à savoir de dénoncer les pratiques et les théories de quelques scientifiques de l'époque autour des soit-disants soucis hystériques des femmes. Il aurait fallu démontrer la fausseté des accusations envers Eugénie ou carrément en faire une personne démente victime de mauvais traitement plutôt que de jouer la carte fantastique qui en fait presque un film hors sujet. Dommage... heureusement, outre la reconstitution formelle, le climax est en adéquation avec ce qu'il faut d'austérité et de sobriété, cela n'empêchant pas non plus à la réalisatrice de passer au crible quelques traitements et/ou abus qui avaient cours dans ce "lieu de santé". En prime un joli panel d'actrice merveilleuse, juste et touchante pour de jolis portraits de femmes qui étaient encore sous le joug de la volonté des hommes. On apprécie aussi un montée en puissance discrète mais bien évolutive avec même un petit suspense, ou plutôt tension qui offre des émotions non feintes dans la dernière partie du film. Mélanie Laurent signe un beau et bon film, on regrette juste cette partie occulte qui empêche le film d'avoir la portée qui aurait dû être la sienne.