Le film s’ouvre sur le crash d’un avion de ligne commercial en mode immersif. Mais nous ne sommes pas dans un film catastrophe, mais plutôt dans un thriller psychologique industriel. En effet, le BEA est dépêché sur place pour analyser les boites noires et trouver les causes de ce crash ayant causé la mort de 300 personnes. Un jeune érudit de l’écoute (une première référence cinématographique : « Le chant du loup ») est laissé à Paris ; lui se voyait bien en analyste sur cette grosse affaire. En sous-marin, il s’y intéresse jusqu’à ce qu’on le mette officiellement sur le coup. Et là, c’est « Bow out » de De Palma, de l’écoute et de l’analyse pour arriver à une conclusion folle bien loin de celle que sa direction lui voyait cracher sans sourciller. De surprises en surprises, il affine son analyse, change de version quitte à passer aux yeux de sa direction et des gens qui l’entourent pour un instable peu fiable. Le spectateur reste de son côté et n’a que très peu de doute sur son intégrité psychique. De twist en twist, le film s’accélère et monte en intensité jusqu’à un final haletant et surprenant appelant à nous faire réfléchir sur la place que nous octroyons aux technologies pour sous disant rendre nos vies plus sécures.
Très rapidement dans ce film les références cinématographiques pleuvent : le cinéma parano US des 70’s avec « Blow out » ou « Conversation secrète » ; l’analyse et la description méticuleuse de métiers très techniques avec « Le chant du loup » ou « Le bureau des légendes ». On pourrait croire le film peu inspiré ; classique bien entendu, cependant très bien écrit avec un scénario dense et implacable tenant la durée. Ce film décrit aussi un monde froidement libéral et reposant sur des techniques de surveillance toujours de plus en plus sophistiquées ; effrayant de voir que l’Homme peut s’en remettre autant aux algorithmes, donc à quelques-uns de ses congénères, les programmateurs.
Deux petits bémols pour moi tout de même ; le premier concerne le twist final qui affadi le propos général très proche du cinéma politique des 70’s tout au long du film. Déçu de voir que toute cette machination ne repose que sur l’égo démesuré d’un seul homme. Aussi, le personnage de Lou de Laage manque de profondeur et d’écriture, trop stéréotypé et manichéen.
Quoi qu’il en soit un film français marquant de cette année cinématographique.
Sorti en 2021
Ma note: 15/20