Après la mort du confère américain Melvin Van Peebles on apprend la mort du réalisateur britannique Roger Michell survenu ce 22 septembre 2021 à l'âge bien plus jeune de 65 ans.
Né en 1956 en Afrique du Sud d'un père diplomate britannique affecté à l'époque à Pretoria. Vu la profession de son père le jeune Roger voyage beaucoup et a donc connu une scolarité multi-culturelle en passant par Beyrouth, Damas et Prague où il a vécu lors des événements de l'invasion de 1968. Rentré au Royaume-Uni il suit des études au college de Bristol où il commence à écrire et mettre en scène de ocurtes pièces de théâtre avant d'entrer au Queen's College à Cambridge. Il met alors en scène et joue dans une dizaine de pièces remportant même des prix du meilleur réalisateur étudiant lors du Edinburgh Fringe Festival pour sa pièce "Private Dick". Il sort diplômé en 1977.
Il emménage à Brighton en 1978 et devient assistant metteur en scène au Royal Court Theatre. Il va gérer, mettre en scène plusieurs pièces de théâtre durant des années, devenant entre autre directeur du Royal Shakespeare Company en 1985.
Au début des années 90 le metteur en scène de théâtre décide de se former au dénommé BBC Director's Course, un cours sur plusieurs mois conçu pour aider les professionnels du théâtre à s'orienter vers les écrans et donc à apprivoiser la caméra. Il connaît sa première expérience en tant que réalisateur sur la série TV "Downtown" (1992), suivi de "The Buddha of Suburbia" (1993) et "Reday When You Are, Mr. Patel" (1994). Mais il réalise son premier long métrage de cinéma avec "Persuasion" (1995 - ci-dessous), une adaptation d'après Jane Austen qui toujours considéré outre-Manche comme une des meilleures adaptations de la romancière et obtient ainsi le BAFTA du meilleur drame.
S'il enchaîne avec deux films qui passent assez inaperçus, "My Night with Reg" (1996) et "Titanic Twon" (1998) le désormais cinéaste ne délaisse pas le théâtre mais le cinéma le rappelle quand le producteur-scénariste Richard Curtis lui propose son projet "Coup de Foudre à Notting Hill" (1999 - ci-dessous sur le tournage) avec Hugh Grant et Julia Roberts. Le film est un énorme succès devenant le film britannique le plus rentable de l'Histoire. Pour l'anecdote, dans la dernière scène, on voit Julia Roberts lire un livre, clin d'oeil à son prochain film mais qu'il ne tournera pas suite à une crise cardiaque, ce projet sera "Capitaine Corelli" (2001) de John Madden.
Ensuite, il réalise un thriller hollywoodiens avec "Dérapages Incontrôlés" (2002 - ci-dessous) avec les stars Ben Affleck et Samuel L. Jackson qui accusera un accueil décevant autant critique que public. Le tournage ne semble pas avoir été des plus attrayants pour le cinéaste qui annonce peu de temps après qu'il ne travaillera plus qu'au Royaume-Uni pour "raisons personnelles".
Il tourne ensuite un drame social dans un style plus british, écrit par Hanif Kureishi auteur du roman et scénariste de son film "The Buddha of Suburbia", l'excellent "The Mother" (2003 - ci-dessous) avec un Daniel Craig qui commence à se faire un nom mais n'est pas encore devenu un certain 007. L'accueil est très bon, et l'acteur est choisi pour être le nouveau James Bond. On propose alors au réalisateur de prendre les commandes du nouveau projet mais, malgré une bonne entente avec les producteurs, le cinéaste va se désengager pour "différents artistiques". Le film "Quantum of Solace" (2006) sera finalement réalisé par Marc Forster.
Néanmoins, Roger Michell est toujours aussi prolifique, en parallèle des planches désormais travaillant au Hampstead Theatre, il continue à réaliser pour le grand écran. Il réalise "Enduring Love" (2004) où il retrouve Daniel Craig et Rhys Ifans qui était dans "... Notting Hill". Mais cette fois le film reste plutôt confidentiel, suivi du film "Venus" (2006) en collaboration une troisième fois avec Hani Kuresihi, avec Peter O'Toole mais c'est une seconde déception.
Ces deux échecs semblent avoir poussés à une remise en question puisque le cinéaste retente une expérience à Hollywood avec "Morning Glory" (2010 - ci-dessous) avec les stars Diane Keaton, Rachel McAdams et Harrison Ford. Le succès est mitigé et repart au Royaume-Uni.
Il tourne alors "Week-End Royal" (2012 - ci-dessous sur le tournage) avec Bill Murray sur une visite du roi britannique au président Roosevelt en 1939. Le film reçoit de bonne critique et connaît un joli succès au vu de son budget. Un week-end assez savoureux semble-t-il pour que le réalisateur y reparte (en week-end !), cette fois avec son scénariste Hanif Kureishi et en changeant de pays avec "Un Week-end à Paris" (2014) avec Jeff Goldblum et Jim Broadbent sur un couple anglais qui vient fêter ses 30 ans de mariage.
Le cinéaste retourne un peu au théâtre, travaille aussi pour la télévision et notamment pour les deux téléfilms "The Lost Honour of Christopher Jefferies" (2014-2015) racontant l'affaire judiciaire concernant un instituteur accusé de meurtre ; cet homme qui s'avèrera innocent a été un des professeurs de Roger Michell à l'école ! Ces téléfilms ont offert au cinéaste son second BAFTA.
Le réalisateur-scénariste revient avec une nouvelle adaptation littéraire éponyme d'après Daphné du Maurier qu'il écrit lui-même, "My Cousine Rachel" (2017 - ci-dessous) avec Rachel Weisz (devenue entre temps l'épouse de Daniel Craig ceci expliquant peut-être cela), un joli film qui pêche par un scénario pas assez cohérent.
Il réalise en suite le film "Blackbird" (2019), un drame familial avec les stars Susan Sarandon, Kate Winslet et Mia Wasikowska mais qui sera un échec cuisant, passant même assez inaperçu. Il enchaîne avec l'histoire vraie du vol du tableau "Portrait du Duc de Wellington" de Francisco de Goya à la National Gallery en 1961 par un simple chauffeur de taxi. Le film "The Duke" (2020 - photo promotionnelle ci-dessous) avec Jim Broadbent et Helen Mirren souffrira comme beaucoup de la pandémie du Covid.
Roger Michell a épousé la comédienne Kate Buffery avec qui il aura les enfants Rosanne Michell devenue agent d'artiste et Harry Michell devenu réalisateur-scénariste. En seconde noce il épouse l'actrice Anne Maxwell Martin avec qui il aura deux filles, Maggie et Nancy. Ils se sont séparés en 2020.
Roger Michell aura offert quelques magnifiques morceaux de cinéma, mais il ne sera pas assez régulier, passant toujours du très bon au moyen.
Roger Michell est mort ce mercredi 22 septembre 2021 à l'âge de 65 ans.