Nous avons appris un peu tard que le producteur-réalisateur-scénariste-acteur afro-américain pionnier de la Blaxploitation, Melvin Van Peebles est mort ce mardi 21 septembre 2021 à l'âge de 89 ans.
Né en 1932 à Chicago, d'un père tailleur, le jeune Melvin effectue sa scolarité jusqu'à son baccalauréat en littérature à l'Université de l'Ohio mais stoppe ensuite ses études pour s'engager dans l'Air Force pour plus de trois ans avant de partir au Mexique où il reste peu de temps en gagnant sa vie comme portraitiste.
Il devient après conducteur de téléphérique qui lui donne envie d'écrire un livre sur son expérience, "The Big Heart" (1957) signé sous le pseudo Melvin Van et qu'il a étoffé à partir d'un article et de photos de Ruth Bernhard. Selon lui, c'est justement un de ses passagers qui lui aurait conseillé un jour de devenir cinéaste. Pas têtu, il s'y essaie aussitôt et signe son premier court métrage avec "Pickup Men for Herricksen" (1957). Il signe ensuite les courts métrages "Sunlight" (1957) suivi de "Cinq Cents Belles" (1963).
Il part à Hollywood pour se lancer mais il ne trouve aucun studio prêt à lui laisser sa chance. Il repart à New-York où il rencontre un homme (qui est-il ?!) qui dit avoir adorer ses courts métrages et qu'il aimerait les diffuser en France. Aussitôt dit aussitôt fait ! Il traverse l'Atlantique et trouve un travail de traducteur pour le magazine MAD, il en profite pour apprendre le français. Il collabore également pour quelques numéros à la revue Hara-Kiri. Il écrit quelques pièces de théâtre en utilisant le sprechgesang (kezako ?! Un aperçu ICI), ce qui l'amène à créer son premier disque "Brer Soul" (1968).
Mais surtout il réalise donc en France son premier long métrage, "La Permission" (1968) avec notamment Nicole Berger qui mourra peu de temps après le film dans un accident de voiture. Le film raconte l'histoire d'amour entre un GI afro-américain et une française et les conséquences quant à son retour au pays.
Le film est sélectionné dans divers festivals sous drapeau tricolore et est notamment remarqué au Festival de San Francisco où Van Peebles est donc pris pour un français ! Le film attire l'oeil de producteurs ce qui permet le retour du cinéaste aux Etats-Unis non sans avoir avant co-signer avec Francis Girod et Pierre Grimblat le scénario du "Slogan" (1969) de Grimblat avec le couple culte Serge Gainsbourg et Jane Birkin.
Son second long métrage est aussi son premier film américain et sa première apparition devant la caméra comme acteur, "Watermelon Man" (1970) sur un raciste blanc qui se réveille dans la peau d'un noir et se retrouve rejeté par ses proches.
Il enchaîne avec une comédie musicale fantastique, "Don't Play Us Cheap !" (1972) où des chauves-souris démoniaques tentent d'interrompre une fête à Harlem ! Le film connaît un succès surprise qiu se poursuivra sur les planches de Broadway et sera même nommé pour un Tony Award.
Etonnament, pourtant le cinéaste va se faire plutôt discret dans les années suivantes. Il signe quelques scénarios pour les autres et surtout pour la télévision, revenant également devant la caméra en 1981 pour un téléfilm. On constate alors qu'il semble prendre goût à l'actorat puisqu'il va multiplier les apparitions devant la caméra souvent dans de petits rôles. Il va jouer notamment dans le film "Vous avez dit Dingues ?" (1987) de Robert Altman et dans plusieurs épisodes de la série TV "Sonny Spoon" (1988) dont son fils Mario (ci-dessous ensemble) est le héros.
Il revient en tant que réalisateur-scénariste-producteur-monteur, comme la plupart du temps sur ses films, avec le film "Identity Crisis" (1989) avec son fils Mario dans le rôle principal.
Après avoir tourné avec Eddie Murphy dans "Boomerang" (1992) de Reginald Hudlin, Melvin Van Peebles joue aussi pour et aux côtés de son fils dans le western "Posse - La Revanche de Jesse Lee" (1993), et enchaînera toujours en tant qu'acteur dans "Terminal Velocity" (1994) de Dean Sarafian avec Charlie Sheen.
Il revient avec u nouveau film en tant que cinéaste assurant plusieurs casquettes comme à son habitude avec le court métrage "Vrooom Vrooom Vrooom" (1995) où un ado reçoit une moto qui se transforme en femme lorsqu'il la conduit la nuit ! Il signe aussi le téléfilm "Gang in Blue" (1995) avec son fils en tête d'affiche.
Il signe quelques scénarios encore pour la petite lucarne, fait l'acteur de temps à autre notamment on le voit dans le téléfilm "Shining" (1997) de Stephen King, et plus étonnant apparaît dans la comédie française "Antilles-sur-Seine" (2000) de et avec Pascal Legitimus ce qui signe son retour en France.
Il en profite pour réaliser son second film en France avec "Le Conte du Ventre Plein" (2000) avec entre les acteurs français Andréa Ferréol, Claude Perron et Jacques Boudet.
Rentré aux Etats-Unis, il signe un court documentaire "The Real Deal" (2003) au sujet de son film phare "Sweet Sweetback's Baadassss Song". Son dernier long métrage est "Confessionsofa Ex-Doofus-ItchyFooted Mutha" (2008).
Il signera aussi un clip "Lilly a fait le zampoughi chaque fois que j'ai tiré son manteau" (2012), sa dernière oeuvre derrière la caméra, sur une de ses chansons de 1970 qu'il chante en 2012 avec son groupe à New-York.
Parmi ses derniers films, citons deux réalisés et joués par son fils Mario Van Peebles (ci-dessus père et fils) mais restés inédits chez nous, "Redemption Road" (2010) et "Armed" (2018) qui sera sa dernière apparition.
Le cinéaste disait non sans malice : "Je fais un film comme je ferais la cuisine à des amis. J'espère qu'ils aiment ça. Mais si ce n'est pas le cas, je suis prêt à en profiter tout seul !"
Melvin Van Peebles est mort ce mardi 21 septembre 2021 tranquillement chez lui à l'âge de 89 ans.