[CRITIQUE] : Flag Day

[CRITIQUE] : Flag Day Réalisateur : Sean Penn
Acteur : Dylan Penn, Sean Penn, Katheryn Winnick, Josh Brolin, Hopper Penn,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
John Vogel était un personnage hors norme. Enfant, sa fille Jennifer s’émerveillait de son magnétisme et de sa capacité à faire de la vie une grande aventure. Il lui a beaucoup appris sur l’amour et la joie, mais elle va découvrir sa vie secrète de braqueur de banques et faussaire. Tiré d’une histoire vraie, Flag Day est le portrait d’une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.


Critique :

Mélodrame familial émouvant et sensiblement méta sur une paternité jamais vraiment à la hauteur, imprégné par les cinéma de Malick et Eastwood, #FlagDay, modeste morceau d'Americana aussi sensible et nostalgique qu'il est maladroit, convoque à son meilleur, les 1ers longs de Penn pic.twitter.com/QHpKPaoqtn

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 29, 2021

Si Sean Penn n'est peut-être pas la personne la plus facile à soutenir (sa toxicité est clairement reconnue), et encore moins le cinéaste à la filmographie la plus défendable du cinéma ricain, force est d'admettre qu'il y a toujours quelque chose de substantiel et de singulier dans son travail - à la fois en tant qu'acteur et réalisateur -, rendant chacun de ses projets si ce n'est immanquable, au minimum fascinant à décortiquer (dans le bon comme dans sens le plus pervers du terme).
Après la catastrophe The Last Face, ou le bonhomme démontait la sincérité de son message humaniste par l'absurdité d'un penchant consternant pour le mauvais goût, Penn nous revient à la fois devant et derrière la caméra (c'est la première fois qu'il se met en scène, tout comme il met en scène ses deux enfants Dylan et Hopper), avec Flag Day, un mélodrame familial émouvant et sensiblement métaphysique sur une paternité jamais vraiment à la hauteur, et leur progéniture qui font face à ses défauts parentaux.

[CRITIQUE] : Flag Day

Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.


Il y a une sorte de frisson franchement voyeuriste à l'idée de voir une famille purement Hollywoodienne et émotionnellement blessée, résoudre de manière fictive et impressionniste leurs soucis devant une caméra - qui plus est également tenu par eux-mêmes -, mais rarement ce sentiment vient parasiter ce récit, vaguement basé sur les mémoires de la journaliste Jennifer Vogel, traçant les contours touchants du portrait complexe d'une jeune femme qui se réconcilie non seulement avec qui elle est - en surmontant notamment l'itinérance et la toxicomanie -, mais aussi et surtout avec son père criminel, qui a brûlé sa vie par les deux bouts mais aime réellement ses enfants.
Autant imprégné par le cinéma de Clint Eastwood que celui de Terrence Malick, dans ce drame intime à la lisière du road movie criminel et initiatique cher au cinéma Hollywoodien, vissé sur une étude de personnages profondément imparfaits et délaissés par les fausses promesses de l'American Dream; Flag Day convoque, à son meilleur, les premiers longs de Penn, imbibés d'une aura indy vintage purement 90s, mais surtout d'une rage retenue et sauvage captée via un rythme délibérément lancinant.

[CRITIQUE] : Flag Day

Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.


Un modeste morceau d'Americana aussi sensible et nostalgique qu'il est - partiellement - universel et pétri de maladresse, sur l'importance et la complexité des liens du sang, porté autant par la puissance incroyable de Dylan Penn, portrait craché de sa mère Robin Wright (à laquelle elle prend autant sa beauté que son assurance clinique) que l'alchimie tenace qu'elle partage avec son père.
Ce n'est peut-être pas un retour en pleine forme pour Sean Penn, gentiment lové dans l'ombre du Nouvel Hollywood, mais c'est au moins un pas sincère et humble dans la bonne direction, qui vient corriger une (grosse) erreur de parcours.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Flag Day