Réalisateur : Marco Pontecorvo
Acteurs : Harvey Keitel, Goran Visnjic, Sônia Braga,...
Distributeur : Saje Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Portugais.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Portugal. 1917, trois jeunes bergers de Fatima racontent avoir vu la Vierge Marie. Leurs révélations vont toucher de nombreux croyants mais également attirer la colère des représentants de l’Eglise et du gouvernement. Ils vont tout faire pour essayer d’étouffer l’affaire et obliger les trois enfants à se rétracter. Mais la rumeur s’est propagée dans tout le pays. Les pèlerins affluent à Fatima en espérant être les témoins d’un miracle.
Critique :
Sentimentalement attaché à l'idée - indiscutable - de sa véracité,#Fatima soulève des questions intrigantes sur la foi mais ne donne jamais suffisamment de réponse et encore moins de corps à sa narration, résolument plus lisse et édulcorée que ne le laisse présager sa 1ère partie pic.twitter.com/bA7NloMzoP
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 6, 2021
Si le cinéma confessionnel est un vrai business de l'autre côté de l'Atlantique, un sous-genre prospère qui se plient aux croyances des chrétiens conservateurs avides de divertissements totalement voués à leur cause (et parfois à la limite de la prêche publicitaire), en revanche sur le vieux continent, la mayonnaise est sensiblement différente.
Loin de cette mouvance sans forcément incarner une oeuvre plus équilibrée pour autant - casting de luxe inclus -, Fatima de Marco Pontecorvo (basé sur une histoire vraie, celle des apparitions de Notre-Dame de Fátima, petit village du centre du Portugal, en 1917) revendique le fait de pouvoir regarde la foi au travers du prisme de notre connexion et de notre définition de Dieu, se voulant comme une exploration plus objective de la religion et de la spiritualité, flanqué au coeur d'une époque désespérée ou la mort imprime sa présence au quotidien - la Première Guerre mondiale.
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Peut-on réellement avoir confiance en la foi d'un enfant ?
Vissée autour de cette question essentielle et profondément ambiguë, le film déroule sans trembler le récit de l'histoire vraie de Lucie dos Santos, conté au présent et bardé de flashbacks (à la patine sépia insipide), alors quelle est interrogé par un universitaire sceptique - Harvey " Fucking " Keitel -, qui rappelle l'aspect rationnellement sombre du maire de son village (excellent Goran Višnjić).
Sentimentalement attaché à l'idée de sa véracité, le film soulève des questions intrigantes sur la foi mais ne donne jamais suffisamment de réponse et encore moins de corps à sa vision/narration dont le contexte désespéré et terrifiant de la guerre (ou une population fatiguée par les conflits, ne demandent qu'une lueur d'espoir ou un miracle pour s'embraser), semble infiniment plus palpable.
Pourtant, il est indéniable qu'un frisson sacré parcourt tel une ombre la narration, mais celle-ci semble toujours trop sur de sa foi - et du message de repentance qui l'accompagne - pour la sonder pleinement (même lors d'une escapade ridicule et sous CGI foireux, dans les enfers), voire même la rendre plus accessible.
Ajouté à ça quelques parti-pris ridicule (opposer une restitution précise du cadre et du contexte historique, à une narration uniquement en anglais) et un maniérisme désuet, et Fatima s'avère une expérience infiniment plus lisse et édulcoré que ne le laisse présager sa première bobine... dommage.
Jonathan Chevrier