© 1998 - Columbia Pictures, Inc.
Qu'on se le dise, même si elles arrivent à incarner des morceaux de cinéma légitimes - voire même franchement excellentes pour certaines -, les suites ont toujours eu mauvaise presse.
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !
#11. Souviens-toi... l'été dernier 2 de Danny Cannon (1998)
Dans la trop chargée vague de néo-slasher initiée par le carton monstrueux (mais totalement mérité) de Scream et de ses suites, gageons qu'elles sont rares, très rares les péloches à pouvoir se prétendre un tant soit peu à la hauteur du bijou de feu le regretté Wes Craven.
Sorti plus ou moins dans son sillage - une bonne année après -, et même s'il s'échine involontairement à accumuler la plupart des clichés dont se moquait justement le slasher né de la plume de Kevin Williamson - ici également au scénario -, Souviens-toi... l'été dernier de l'écossais Jim Gillepsie, n'en demeure pas moins tout à fait recommandable et s'avère même, quoi qu'en diront certains, l'un des meilleurs clones de Scream - au même titre d'ailleurs qu'Urban Legend de Jamie Blanks, ou Halloween, 20 ans après de Steve Miner.
© 1998 - Columbia Pictures, Inc.
Tellement qu'il était inévitable que, succès au box-office oblige, le film ne se voit pas franchiser manu militari par Columbia Pictures, cette fois sans le tandem Williamson/Gillepsie mais avec Danny " Judge Dredd " Cannon à la barre, et Trey Callaway au scénario.
Foireux jusque dans son titre effroyablement racoleur (I Still Know What You Did Last Summer...), le film délocalise le récit de Southport et son port de pêcheurs, au Bahamas via un artifice scénaristique ridicule as hell (dépenser un bras et faire face aux intempéries, pour organiser une vengeance familial à l'autre bout du globe pile deux ans après le drame du premier film; le tout grâce à une réponse démontrant le manque de culture générale de ses héroïnes : champion), justifiant sa plongée tête la première dans le slasher décérébré façon remake 2.0 du film original, bradant les - vrais - frissons qui l'habitait, pour du body count un chouïa gore aussi insignifiant que stupidement élevé.
Dégainant du jump scare faisandé perceptible dix kilomètres à la ronde via un score crachant ses violons à des décibels records (tout comme les cris d'une Jennifer Love Hewitt dont la caméra insiste beaucoup sur ses courbes généreuses, pour ne pas que cela soit gênant), cette suite déconstruit gentiment le statut d'héroïne forte et mature (même si fragile) de Julie du premier opus, pour en faire une jeune femme plus immature, traumatisée (à raison, il est vrai) mais surtout agitée et perpétuellement méfiante de tout - vraiment TOUT - ce qui l'entoure (au moins autant que son entourage est d'une incrédulité effarante), excepté l'évidence (un ami wannabe boyfriend, qui vient saloper son couple et incarnant - via un twist so discret jusque dans son nom -, le rejeton du tueur Ben Willis).
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Tentant des appels du pied insultants à l'encontre des fans du cinéma de genre (jusque dans la présence certes un poil jouissive, de l'immense Jeffrey Combs), tout en abandonnant continuellement ses explorations psychologiques naissantes pour un empilement corporel stéréotypé, capable d'incohérences scandaleuses (le fait que le tueur connaisse miraculeusement l'itinéraire de Ray en tête, voire qu'il dissimule habilement ses méfaits à une vitesse folle, là où il traque ses proies d'un pas traînant); I Still Know..., dont le titre plus approprié serait Who Cares What You Did Last Summer, préfère se complaire dans une horreur bas du front, ainsi que dans opportunisme artificiel et pervers de filmer à la volée, un décolleté généreux ou un dialogue mélodramatique.
Notre plaisir réside alors uniquement dans celui, forcément coupable, de voir Jack Black jouer les jardiniers à dreadlocks, enfiler pétard sur pétard en espérant draguer quelques touristes de passage.
On a autant de croyance que lui face à l'improbable et pourtant, on reste toujours inévitablement déçu à la fin...
Jonathan Chevrier