Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Milagro » de Robert Redford.
« Merci mon Dieu de m’offrir une nouvelle journée »
Milagro, Nouveau-Mexique. Joe Montragon est un ouvrier agricole pauvre. Un jour, il décide d’irriguer le champ de son défunt père en détournant l’eau du chantier d’un parc de loisirs. Son geste va provoquer une série d’évènements qui vont vite devenir incontrôlables jusqu’à initier une petite révolution locale.
« C’est quand même un monde : être à côté de l’eau et ne pas pouvoir s’en servir ! »
Révélé dès le début des années 60 par Robert Mulligan dans son film « Daisy Clover » (1965), Robert Redford s’impose rapidement comme le jeune premier charismatique du cinéma américain des deux décennies suivantes. Portant un soin très scrupuleux au choix de ses rôles, il reste fidèle à quelques grands cinéastes de son époque - tels Sidney Pollack (« Le cavalier électrique », « Jeremiah Johnson », « Out of Africa »), George Roy Hill (« Butch Cassidy et le kid », « L’arnaque », « La kermesse des aigles ») ou encore Michael Ritchie (« Votez McKay ! ») - tout en affirmant ses convictions humanistes dans une série de films politiquement engagés (« Les hommes du Président », « Les trois jours du Condor », « Nos plus belles années »). Mais à partir des années 80, Robert Redford devient aussi réalisateur avec le drame « Des gens comme les autres » (1980) qui ouvrira la voie à une poignée de succès critiques et publics (« Et au milieu coule une rivière », « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux »). Il faudra attendre huit ans après sa première réalisation pour le voir revenir derrière la caméra avec « Milagro » (1988) qui sera présenté hors compétition au Festival de Cannes.
« Les miens vivent ici depuis près de trois cent ans. J’ai le droit de vivre ici. A quoi bon appartenir à une terre si c’est pour voir partir les nôtres ? »
« Milagro ». Ou littéralement, en espagnol, le miracle. Du nom de cette vallée perdue au milieu de nulle part, aux confins du désert du Nouveau-Mexique. Le miracle faisant référence au ruisseau qui irrigue les terres des quelques habitants du crû, leur permettant de survivre dans cette contrée aride et particulièrement inhospitalière. Mais tout cela, c’était avant que ledit ruisseau ne soit privatisé par un puissant consortium immobilier, bien décidé à laisser s’appauvrir la vallée pour mieux racheter les terres sur lesquelles ils souhaitent construire un luxueux golf. En adaptant le roman de John Nichols, Robert Redford signe là une fable morale, politique et humaniste qui interroge le fondement même du système américain et, plus spécifiquement, la notion d’État de droit. Un principe totalement dévoyé par l’argent et la cupidité au point de ne plus être capable de défendre le Bien commun et d’assurer aux citoyens les moyens les plus essentiels à leur subsistance. Un système qui laisse toute une communauté s’appauvrir sciemment au nom du sacrosaint respect de la propriété privée. Sans même se demander si, au fond, cela est juste. Avec beaucoup de générosité, Redford filme ainsi la révolte intérieure d’un homme désabusé, qui entrainera le réveil des consciences de la communauté, bien décidée à faire front et à se battre pour reprendre en main son destin. Car c’est bien connu, les petites rivières font les grands fleuves. Comme un moyen d’opposer moralement la force du collectif face aux dérives de l’individualisme forcené. Sous ses faux airs de western moderne, « Milagro » met en scène avec une dose d’humour l’affrontement pittoresque entre les villageois et les nervis à la solde du pouvoir politico-économique. On y retrouve pêle-mêle les éléments qui seront la marque du cinéma de Redford : le portrait d’une Amérique rurale profonde, la dénonciation des injustices sociales ou encore des personnages bourrus mais attachants. A l’image de cette garagiste déterminée ou de ce shérif pacifique et plein de bon sens qui tente en permanence de jouer les juges de paix. Une comédie douce-amère, aussi charmante que touchante. Une belle réussite.
****
Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un document d’archive, à savoir la conférence de presse donnée par l’équipe du film le 15 mai 1988 à l’occasion de sa présentation hors compétition au Festival de Cannes.
Édité par Rimini Éditions, « Milagro » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 18 mai 2021.
La page Facebook de Rimini Éditions est ici.