De Mélanie Laurent
Avec Mélanie Laurent, Lou de Laâge
Chronique : Avec la délicatesse qui caractérisait déjà ses précédentes mises en scène, Mélanie Laurent livre une fresque féministe et ésotérique d’une saillante intelligence. L’adaptation du roman de Victoria Mass associant esprits surnaturels et psychanalyse lui offre un médium idéal pour construire un récit incisif et émouvant sur la défiance de la France de la fin du 19ème siècle vis à vis des femmes. Elle le fait ostensiblement résonner avec notre époque en s’appuyant sur un biais romanesque pour dénoncer les ravages causés par une société patriarcale principalement mue par des préceptes virilistes.
En présentant les débuts brutaux de la psychiatrie et les expérimentations de Charcot pour traiter la folie et l’hystérie plus particulièrement, Le Bal des Folles s’érige presque en une étude étymologique de la misogynie. Les supplices endurés par ces femmes sont glaçants et traduisent la peur et la haine qu’elles peuvent susciter. Une femme différente ou qui parle un peu trop est vitre qualifiée d’hystérique sous couvert de la recherche médicale, ce qui est bien pratique pour la faire taire… La réalisatrice s’appuie sur le pan mystique de son récit pour faire émerger son propos pamphlétaire.
Le style ampoulé qu’adopte Mélanie Laurent pour ses dialogues peut rebuter mais elle s’en empare avec autorité et assume si bien ce classicisme qu’on y adhère assez rapidement. La reconstitution historique est par ailleurs admirable, reposant sur une image magnifique.
Enfin, elle a trouvé en Lou de Laâge une interprète ensorcelante, d’une intensité bouleversante.
Ce serait vraiment dommage qu’elle ne puisse pas concourir aux César parce que le film est sorti sur une plateforme de streaming…
Synopsis : L’histoire d’Eugénie, une jeune fille lumineuse et passionnée à la fin du 19è siècle. Eugénie a un don unique : elle entend et voit les morts. Quand sa famille découvre son secret, elle est emmenée par son père et son frère dans la clinique neurologique de La Salpêtrière sans possibilité d’échapper à son destin. Cette clinique, dirigée par l’éminent professeur Charcot, l’un des pionniers de la neurologie et de la psychiatrie, accueille des femmes diagnostiquées hystériques, folles, épileptiques et tout autre type de maladies physiques et mentales. Le chemin d’Eugénie va alors rencontrer celui de Geneviève, une infirmière de l’unité neurologique dont la vie passe sous ses yeux sans qu’elle ne la vive vraiment. Leur rencontre va changer leurs destins à jamais alors qu’elles se préparent à assister au fameux « Bal des folles » organisé tous les ans par le Professeur Charcot au sein de la clinique.