[CRITIQUE] : Frida : Viva la Vida

[CRITIQUE] : Frida : Viva la Vida
Réalisateur : Giovanni Troilo
Avec : Asia Argento
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Italien
Durée : 1h38min
Synopsis :
Le film présente les deux facettes de Frida Kahlo : d’un côté, l’artiste révolutionnaire, pionnière du féminisme contemporain; de l’autre, l’être humain, victime d’un corps torturé et d’une relation tourmentée. Au fil de la narration d’Asia Argento, ces deux aspects de l’artiste sont révélés par le biais des paroles de Frida, tirées de ses lettres, journaux intimes et confessions privées. Le film présente tour à tour entretiens, documents originaux, reconstructions captivantes et tableaux de l’artiste conservés dans certains des plus extraordinaires musées du Mexique.
Critique :

Construit en six chapitres, comme un voyage au cœur de l’histoire, #FridaVivalaVida est un documentaire qui célèbre la vie et l'œuvre de Frida Kahlo, dans un documentaire inégal mais intéressant quand il donne la parole à des passionnées de l’artiste. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/EUff2SXXci

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 26, 2021

Frida Kahlo, artiste connue et reconnue. Icône féministe. Modèle artistique. Avec ses cheveux noirs relevés, sa couronne de fleur et son port de tête altier, son visage est devenu le symbole d’une artiste, qui a hanté le XXe siècle de ses peintures révolutionnaires, sanglantes et douloureuses, miroir de sa vie et de ses idéaux.
Giovanni Troilo, réalisateur et photographe italien, continue son travail documentaire sur les grands artistes du siècle dernier. Après Waters Lilies of Monet : The Magic of Water and Light en 2018, le cinéaste se tourne vers l’artiste mexicaine. Frida : Viva la Vida est une discussion passionnante autour de la vie et des œuvres de Frida Kahlo, accompagnée par l’actrice Asia Argento.

[CRITIQUE] : Frida : Viva la Vida

Copyright A Contracorriente Films


« J’ai perdu trois enfants et une série d’autres choses qui auraient pu remplir mon horrible vie. Tout cela a été remplacé par la peinture. » La vie de Frida Kahlo a été structurée par la douleur. Une douleur physique, suite à un accident de bus dont les séquelles se répandent dans son corps jusqu’à sa mort. Une douleur psychologique ensuite, portée par un avortement et deux fausses-couches — l’accident lui laissant un utérus incapable de mener à terme une grossesse — et par sa relation avec Diego Rivera. Cette souffrance, l’artiste l’a peinte maintes fois. Elle se met en scène dans des tableaux, extériorisant ainsi son expérience et son vécu. Mais est-ce cette souffrance qui la hisse au statut d’icône ? Qui était véritablement Frida Kahlo ? À l’aide d’Hilda Trujillo, dirigeante du Musée Frida Kahlo, de Graciela Iturbide, une photographe mexicaine et de Cristina Kahlo, la petite-nièce de Frida, Giovanni Troilo sonde la dualité de la peintresse : d’un côté le symbole, de l’autre la femme libre d’aimer et de créer, malgré ses contraintes physiques.
Frida : Viva la Vida se construit grâce à six chapitres, comme un voyage au cœur de l’histoire. Avec des images d’archives (photos et vidéos, parfois inédites), des interviews et une partie plus fictionnelle (à l’aide de deux actrices, symbolisant la dualité de Frida Kahlo), le documentaire a à cœur de ne pas seulement parler d’art mais également de le vivre au travers d’une mise en scène. C’est pourquoi le cinéaste fait appel à la présence vocale et physique d’Asia Argento. L’actrice devient le lien qui regroupe les différents chapitres et les différentes séquences. Narratrice à la voix grave, parfaite pour analyser les œuvres de Frida Kahlo que le cadre nous montre, Asia Argento est cependant filmée avec beaucoup de zèle. Debout, un arrière-plan coloré, la caméra vient cadrer le regard sombre de l’actrice, qui apporte une intensité déjà présente par les autres intervenantes et Frida Kahlo elle-même, à travers son art. Il est aussi dommage d’avoir filmé des plans symboliques, à l’aide d’actrices et d’une image noire et blanche, pour apporter une touche “arty” au documentaire. En plus de couper net la narration au lieu de la nuancer, ces séquences n’offrent aucune plus-valus. Heureusement, quand le documentaire s’intéresse à son sujet, il le fait avec passion et dévotion. Grâce aux différentes interviews, aux plans généreux sur la fameuse maison bleue de Frida et à des images inédites d’objets découverts récemment par le Musée (restés dans une malle pendant plus de cinquante ans), le film offre un magnifique hommage à l’artiste et vient nuancer une histoire sombre en la colorant de joie et de liberté.

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Il n’est peut-être pas anodin d’avoir fait le choix d’une majorité d’intervenants féminins pour raconter Frida Kahlo. Ces femmes qui œuvrent afin de pérenniser l’artiste dans l’histoire du Mexique, de l’art et des femmes, offrent un matrimoine et permettent de revaloriser un héritage culturel. Même si l’artiste mexicaine est loin d’être oubliée dans l’Histoire, il est bien rare de mettre sur le même plan sa vie, son œuvre et ses idées politiques ; et de mettre en lumière ses écrits, au même titre que ses peintures. Il est alors intéressant de voir le documentaire placer sa caméra dans les rues mexicaines, là où elle a vécu et où son travail prend racine, s'ancre dans un art traditionnel et dans des idéaux révolutionnaires. Frida : Viva la Vida célèbre la vie et l'œuvre de Frida Kahlo, dans un documentaire inégal mais intéressant quand il donne la parole à des passionnées de l’artiste.
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Frida : Viva la Vida