Premier long métrage du studio Locksmith Animation, mais pas le premier des fondatrices puisque ce studio créé en 2014 a à sa tête Julie Lockhart productrice et directrice chez Aardman Studios et Sarah Smith qui oeuvrait chez Aardman avant de voler de ses propres ailes. Les deux femmes se connaissent donc très bien, elles ont d'ailleurs travaillés sur "Mission Noël" (2011) et "Les Pirates ! Bons à Rien, Mauvais en Tout" (2012). Pour cette première production les deux femmes ont voulu assurer et montrer leur ambition comme le souligne Julie Lockhart : "Nous voulions nous assurer que ce film définisse le niveau de qualité de l'entreprise pour l'avenir." Pour cette histoire, Sarah Smith assume les différentes casquettes de productrice-réalisatrice-scénariste et voulait une histoire sur la solitude quand on est à l'école, et la confrontation aux réseaux sociaux qui sont à la fois universels et un outil de replis sur soi : "Nous voulions faire un film sur les amitiés des enfants à l'ère des réseaux sociaux et sur ce sentiment universel qu'ont tous les enfants d'être mis à l'écart." La production avoue s'être inspiré du film "Her" (2014) de Spike Jonze. Pour ce film Sarah Smith s'associe à la réalisation avec Jean-Philippe Vine, connu comme animateur chez Aardman pour la série animée "Shaun le Mouton" (2007-2010), puis sur les films "Wallace et Gromit - le Mystère du Lapin-Garou" (2005) de Nick Park et Steve Box puis sur "Les Pirates ! Bons à Rien, Mauvais en Tout", ainsi qu'avec un troisième atout, Octavio E. Rodriguez artiste ayant travaillé sur des longs métrages Pixar comme "Monstres Academy" (2013) de Dan Scanlon, "Coco" (2017) de Lee Unkrich et Adrian Molina et "Les Indestructibles 2" (2018) de Brad Bird. Par contre pour le scénario Sarah Smith a fait appel à Peter Baynham avec qui elle a collaboré sur "Mission Noël", mais qui est surtout connu pour ses collaborations singulières "pas pour les enfants" avec les films "Borat" (2006) et "Brüno" (2009) tous deux de Larry Charles, suivi de "Grimsby" (2016) de Louis Leterrier et "Borat 2" (2020) de Jason Woliner tous avec l'inénarrable Sacha Baron Cohen...
Barney est collégien et tout semble normal, mais dans un monde hyper connecté, aujourd'hui il est l'unique élève de son collège à ne pas avoir de B-BOP, un robot "meilleur ami". Barney est donc exclu des réseaux sociaux ne pouvant se connecté et ni son père ni sa grand-mère ne comprennent. Mais un jour, enfin, son père lui offre un B-BOP mais qui s'avère dysfonctionnel. Après un début difficile, finalement Barney s'attache à son B-BOP qui découvre lui aussi qu'il n'est pas comme les autres. Envers et contre tous, les deux nouveaux amis vont tenter de ne plus se quitter... En V.O. citons quelques acteurs qui prêtent leur voix avec Zach Galifianakis qui n'avait jusqu'ici doubler qu'un personnage, Joker dans "Lego Batman, le Film" (2017) de Chris McKay, Jack Dylan Grazer neveu du producteur Brian Grazer révélé par les films "Ca" (2017-2019) de Andrès Muschietti et "Shazam !" (2019) de David F. Sandberg, Olivia Colman remarquée dans "The Lobster" (2015) et "La Favorite" (2018) tous deux de Yorgos Lanthimos et plus récemment dans "The Father" (2020) de Florian Zeller, puis enfin Ed Helms qui retrouve son acolyte Galifianakis après la saga "Very Bad Trip" (2009-2013) de Todd Phillips et qui a déjà prêter sa voix pour "Le Lorax" (2012) de Chris Renaud et Kyle Balda. Notons que la musique est signée Henry Jackman auquel on doit les B.O. de plusieurs franchises comme "Kick-Ass" (2010-2013) et "Kingsman" (2014-2017) tous de Matthew Vaughn, mais aussi de plusieurs films d'animation comme "Le Chat Potté" (2011) de Chris Miller et "Les Nouveaux Héros" (2014) de Don Hall et Chris Williams... Les enfants et le monde hyper-connecté n'est pas nouveau comme sujet, mais il est vrai que ce film doit être le premier à aborder le sujet frontalement dans un film d'animation et comme fil conducteur du récit. Un sujet salutaire, nécessaire et ludique donc avec lequel l'équipe de Locksmith ose même frapper assez fort que quelques mastodontes comme les GAFA (Google-Apple-Facebook-Amazon) l'équipe de Locksmith Animation ne cachant pas franchement ses références comme le "méchant" Andrew qui renvoie à Steve Jobs ou Bill Gates tandis que le B-Bot renvoie clairement aux produits Apple.
Le début du film est plutôt bien vu même si la caricature va un peu loin (TOUS les enfants ont leur B-BOT sauf Barney) oubliant du même coup le coût d'un tel produit et laissant penser qu'il est pourtant abordable pour tous. Du même coup le père et la grand-mère paraissent d'une naïveté proche de la stupidité qui est tout aussi trop invraisemblable, le fait de ne pas avoir les moyens aurait (là aussi) suffit à expliquer les injustices ressenties par les enfants, enfin l'enfant Barney. La vraie bonne idée est de faire de Ron un produit défectueux qui va en faire un exemplaire unique et donc original, différent et donc finalement rare, rare étant toujours plus "riche" d'intérêt. Ses défauts, ou plutôt ses capacités exclusives en font une curiosité drôle et personnelle. Les gags réussis ne reposent que sur lui et sa relation avec Barney. la première demi-heure est de haute volée donc, entre rire et émotion dans un bon rythme. Ensuite ça commence à tourner en rond avant de pousser le bouchon un peu loin lors du "délire" au collège ou le film tombe dans l'esbroufe et le too much, hyper connecté oui tomber dans la SF façon "Godzilla vs Kong" mode "Pacific Rim" passe la ligne jaune du plausible ce qui est pourtant nécessaire pour faire passer le message qui devrait rester ancré un notre époque contemporaine. On passera que les clichés quant aux "catégories" d'élèves, tandis que le graphisme des êtres humains manquent de personnalités, ils pourraient très bien sortir de chez Pixar. On reste par contre impressionné par les décors, et une fois de plus une claque sur les effets spéciaux concernant l'eau de la rivière. La suite est du même acabit, on a la sensation que les cinéastes ont dû beaucoup hésité à choisir une fin convenable. Une déception, et on espère alors que ce "ce film ne définira pas le niveau de qualité de l'entreprise pour l'avenir."
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :