[CRITIQUE] : Compartiment N°6

[CRITIQUE] : Compartiment N°6
Réalisateur : Juho Kuosmanen
Acteur : Seidi Haarla, Yuriy Borisov, Dinara Drukarova,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Finlandais, Russe, Estonien, Allemand.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Une jeune Finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

Critique :

Plus qu'une romance facile et familière, #CompartimentN6 se fait autant une histoire vivante et sincère sur le plaisir du lâcher prise, qu'un beau recit intime sur la nécessité réelle d'apprendre à être soi-même, d'embrasser qui nous sommes et d'arrêter de vivre sous conditions. pic.twitter.com/1MTUrZXTxm

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 31, 2021

Si l'on scrute ne serait-ce qu'un brin le pitch du second long-métrage de Juho Kuosmanen (l'excellent Olli Mäki), Compartiment N°6, vaguement inspiré du roman éponyme de Rosa Liksom, on pourrait très (trop) vite le considérer comme un rip-off facile du merveilleux Before Sunrise de Richard Linklater - jusque dans son cadre des années 90 -, voire même du Lost in Translation de Sofia Coppola.
Mais jamais ce second effort, plus taiseux mais pas moins significatif pour autant, ne dégaine une romance extravagante et idéaliste comme celle qui unit Jesse et Céline (pas de passion évidente ni de démonstrations d'affection particulièrement dramatiques); d'autant qu'il est assez difficile également de totalement considérer ce qui unit les deux personnages principaux, Laura et Ljoha, comme une histoire d'amour traditionnelle, tant elle est joue avec les attentes et son ambivalence, pour mieux incarner une rencontre ferroviaire (d'amitié et d'amour) réaliste et profondément douce-amère.
Plus qu'une romance facile et familière, la péloche se fait autant une histoire vivante et sincère sur le plaisir du lâcher prise et de vivre l'instant présent, qu'un recit intime sur la nécessité réelle d'apprendre à être soi-même, d'embrasser qui nous sommes et d'arrêter de vivre sous conditions, pour plaire ou se faire accepter par les autres.
Une odyssée réflexive aussi tendre que puissante sur les préjugés que nous portons (surtout envers nous-mêmes) et les artifices de facades que nous usons pour cacher nos vulnérabilités.

[CRITIQUE] : Compartiment N°6

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Sublimé par une mise en scène caméra au poing, qui renforce l'authenticité fragile et tremblante au coeur du chaos, des liens maladroits et charmants qui unissent peu à peu les deux protagonistes principaux, que par l'épure dont le film fait preuve (son manque de score écrasant en tête, pour ressentir plus viscéralement non seulement la multitude de sons et de bruits de fond qui occupent le cadre, mais aussi les silences gênants qui s'écoulent entre les deux héros, avant qu'il profite progressivement de la compagnie de l'autre); le métrage vaut aussi et surtout pour les prestations lumineuses et naturelles de son duo vedette.
Que ce soit Seidi Haarla, qui capture avec subtilité l'insécurité et le désir de Laura alors qu'elle se remet d'une relation décevante, là où Yuriy Borisov incarne joliment la candeur et la spontanéité de Ljoha, bien plus fragile qu'il n'en à l'air.
Si la comparaison avec le bijou de Linklater est inévitable, Compartiment N°6 est bien plus qu'un trajet romantique et faussement simpliste en train de Moscou à Mourmansk, accompagné de quelques rires et de quelques verres de vodka avec du Desireless dans les écoutilles (true story) : c'est un bonheur d'expérience humaine ou deux âmes inconnues qui, malgré leurs différences culturelles, sociales et économiques, apprennent que le bonheur réside dans l'authenticité des rapports avec soi-même et l'autre.
Ce qui compte toujours dans un voyage cinématographique ce n'est pas la destination, mais tout le parcouru pour l'atteindre.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Compartiment N°6