[CRITIQUE] : The Harder They Fall

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Jeymes Samuel
Avec : Idris Elba, Jonathan Majors, Regina King, Zazie Beetz, Lakeith Stanfield, Danielle Deadwyler, Edi Gathegi, RJ Cyler, Delroy Lindo...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Western, Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 2h16min
Synopsis :
Décidé à se venger, le hors-la-loi Nat Love enfourche son cheval avec sa bande pour régler son compte à son ennemi Rufus Buck, un cruel chef de gang échappé de prison.


Critique :

Porté par une mise en scène enlevée et un enthousiasme non-feint,#TheHarderTheyFall n'est pas tant un western brutal, grisant et enflammé que la vision passionnée d'un cinéaste qui ne cherche pas à réinventer le genre, mais le représenter comme il aurait toujours voulu qu'il soit pic.twitter.com/VvE4o5IvCg

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 3, 2021

Il n'y a pas de genre plus dominant et représentatif de l'âge d'or Hollywoodien, que le western, chantre paternaliste, idéaliste de la conquête et de la masculinité - souvent blanche - imposante et courageuse face à une menace sauvage - très souvent - étrangère.
Un versant résolument représentatif d'une certaine Amérique que ne suis pas - volontairement - Jeymes Samuel pour son premier passage derrière la caméra d'un long-métrage, The Harder They Fall (réponse directe à son premier court-métrage They Die by Dawn), tant le wannabe cinéaste use certes tous les composants qui rendent le genre si emblématique (dont des scènes d'action intense et une violence brutale et décomplexée) pour mieux se les réapproprier avec panache, tout en y accrochant une composante essentielle : une quête de vérité, masquée sur les écrans et oubliée dans les livres d'histoires (selon le Smithsonian, un cow-boy sur quatre aux XVIIIe et XIXe siècles, était noir, ce que la production Hollywoodienne n'a que pas ou peu montré au fil des décennies), que la production récente tente de rétablir (comme Bull d'Annie Silverstein et Concrete Cowboy de Ricky Staub).

Copyright DAVID LEE/NETFLIX


La narration - fictive - est vissée sur le désir de vengeance du hors-la-loi Nat Love, sorte de Robin des Bois du Far West qui cherche à se venger du déviant Rufus Buck, qui a assassiné ses parents sous ses yeux avant de lui scarifié le front.
Il part alors, épaulé par son gang, à sa recherche quand il apprend que Buck a été libéré de prison par ses propres acolytes,...
Autant plus ou moins fidèle à la réalité historique que les quelques westerns récents (même si Rufus Buck et Nat Love ont réellement existé), cette fable du Far West aux sonorités bibliques à beau tisser ses rebondissements autour du duel familier du bien contre le mal (ou les héros sont bons et les méchants vraiment mauvais), il est pourtant incarné par deux personnages romanesques qui ne correspondent pas totalement aux moules qu'ils sont censés représentés.
Bien que Love ait une sorte de code moral et choisisse de voler d'autres hors-la-loi plutôt que des innocents, il est pourtant toujours prompt à appuyer sur la gâchette et à brandir son couteau, pour terrasser quiconque se dresse sur son chemin; et inversement, alors que Buck est motivé par le pouvoir et la cupidité (même si son humanité est toujours palpable, surtout en présence de son amante, Trudy), sa quête ultime est in fine tout sauf égoïste ou machiavélique : il veut construire une terre promise entièrement noire.
Même les personnages féminins, tout aussi nuancées et badass, esquivent le carcan restrictif des " demoiselles en détresse ", pour en faire des partenaires d'armes tout aussi létales et dangereuses.

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Porté par une mise en scène enlevée et un enthousiasme non-feint à tous les niveaux, The Harder They Fall n'est pas qu'une bande enflammée qui rend hommage aux cow-boys noirs qui ont vécu, prospéré et créé le chaos dans le Far West, riche en courses-poursuites poussiéreuses et en gunfights qui fleurent bon le sang et la poudre (non sans un humour pince-sans-rire plutôt bien amené), il est aussi et surtout la vision passionnée d'un cinéaste qui ne veut pas tant réinventer le genre, que le représenter comme il aurait toujours voulu qu'il soit : respectueux (il est à la fois avant-gardiste et rétro), moderne (jusque dans sa bande originale reggae, hip-hop et afrobeat), singulier et féroce.
Une sacrée surprise
Jonathan Chevrier