[CRITIQUE] : Olga

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Elie Grappe
Acteurs : Nastya Budiashkina, Sabrina Rubtsova, Caterina Barloggio,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Suisse, Français, Ukrainien.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
2013. Une gymnaste de 15 ans est tiraillée entre la Suisse, où elle s’entraîne pour le Championnat Européen en vue des JO et l’Ukraine où sa mère, journaliste, couvre les événements d’Euromaïdan.


Critique :

Sobrement mis en scène et jouissant d'un travail sonore exceptionnel, renforçant l'immersion tout autant que la tension et la montée en puissance de son drame, #Olga incarne une captivante, sensible et nerveuse balade dans les méandres complexes de l'élite du sport de haut niveau pic.twitter.com/qiR7dnfXBT

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 17, 2021

En 2013, l'Ukrainienne Olga (Anastasia Budiashkina, impressionnante et quasiment de toutes les scènes), à peine 15 ans au compteur, est l'une des meilleures gymnastes de son pays et se prépare assidûment pour les prochains Championnats d'Europe à Stuttgart.
Mais lorsqu'elle et sa mère, une journaliste critique à l'égard du gouvernement controversé de Viktor Ianoukovitch, tombent dans une embuscade et échappent de peu à la mort.
La vie à Kiev n'est plus sûre pour elles, sa mère l'envoie alors en Suisse, la patrie de son père décédé.
Une nation dont la fédération de gymnastique n'est que trop intéressée à naturaliser la jeune femme, afin qu'elle puisse à l'avenir partir à la chasse aux médailles sous le drapeau rouge et blanc.
Mais la vie en Suisse n'est pas facile pour elle, non seulement la barrière de la langue la renferme encore plus sur elle, mais les différences culturelles couplées aux concurrents envieux rendent son quotidien difficile et commence à jouer sur son avenir ambitieux.

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Et tout ne fait qu'empirer lorsque des émeutes éclatent en Ukraine et que le peuple commence à se rebeller contre le gouvernement.
À des milliers de kilomètres de là, elle doit regarder, impuissante, l'escalade des manifestations sanglantes à Kiev - et en plein milieu d'elles, sa mère et sa meilleure amie...
Catapulté au coeur du mouvement de masse ukrainien Euromaïdan (un mouvement de révolte du peuple visant à destituer Ianoukovitch et restaurer la Constitution), des manifestations contestataires ayant provoquées des centaines de morts - dont les images, bien réelles, émaillent le récit -; le puissant premier effort du wannabe cinéaste Elie Grappe, Olga, croque un douloureux et captivant portrait psychologique d'un jeune athlète dévouée, dont la vie de sacrifice (tribu de tous les athlètes de haut niveau) tend vers une rupture de plus en plus insistante.
S'il est sans doute un peu trop confus pour son bien (dont un troisième acte chaotique, surchargeant plus que de raison la confusion déjà salée de son héroïne), la péloche n'en reste pas moins incroyablement hypnotique, frappé d'une authenticité viscérale dans cette plongée au coeur d'un monde d'élite hermétique, qui requiert un contrôle parfait de son corps autant que de ses émotions.

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Pas si éloigné du superbe Slalom de Charlène Favier, ou la menace d'une jeune athlète solitaire est ici encore plus intime - soi-même -, Grappe capture avec crédibilité autant toutes les complexités psychologiques d'une âme qui se désintégre à petits feu (tant aux prises avec son ambition et son identité, face à la menace existentielle qui pèse sur tout ce qu'elle peut appeler sa maison), que la vérité de ses jeunes femmes physiquement puissantes mais mentalement vulnérables, dont le dévouement extrême est motivé par le même but : monter sur chaque podium à tout prix, quitte à oublier d'être simplement ce qu'elles sont avant tout, des adolescentes.
Sobrement mis en scène et jouissant d'un travail sonore exceptionnel, renforçant l'immersion tout autant que la tension et la montée en puissance de son drame, Olga est une étonnante, sensible et nerveuse balade (parfois à la lisière du body horror) dans les méandres complexes de l'élite du sport de haut niveau, captée d'un oeil précis et acéré par un cinéaste qu'il faudra suivre avec intérêt à l'avenir.
Jonathan Chevrier