Réalisatrice : Gia Coppola
Acteur : Andrew Garfield, Maya Hawke, Nat Wolff, Jason Schwartzman,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Romance, Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Frankie, jeune youtubeuse, croise le chemin d'un étranger charismatique nommé Link. Aspirant à atteindre le succès, Frankie et Link font appel à Jake pour commencer la collaboration qui changera leur vie...
Critique :
En privilégiant trop sa forme à son fond malgré des prémisses plutôt engageantes,#Mainstream rate le coche et offre un regard cyniquo-surréaliste mais superficiel sur la culture de l'influence 2.0, une satire à l'excentricité plaisante mais manquant d'un point de vue plus aiguisé pic.twitter.com/K8UUCtDpZy
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 29, 2021
Qu'on en fasse parti intégrante ou non - et il est difficile d'en être totalement détaché -, nous vivons aujourd'hui dans une société du paraître où la popularité se mesure avant tout virtuellement, au nombre de likes et de partages dans les publications de nos réseaux sociaux.
Beaucoup d'entre-nous rêvent de devenir des influenceurs et sont prêts à faire tout ce qu'il faut - VRAIMENT tout - pour atteindre ce style de vie de gloire et de privilèges fugaces.
À tel point que ce qui était à la base un outil essentiel de communication et de recherche d'informations (vous savez, ces trucs qu'on appelle internet et les réseaux sociaux...), est devenu un espace toxique de faux semblants, de fausses apparences et de démolition de l'autre par jalousie - ou haine pure et simple -, une haine devenue d'ailleurs un élément fondamental de notre pendant contemporain.
Photo: IFC Films
Tout comme à l'époque où l'on disait que la télévision turait la radio, aujourd'hui les réseaux sociaux ont salement amoché non seulement la notion même de partage, mais aussi une partie non-négligeable de notre humanité.
C'est en partant de ce constat bien réel que Gia Coppola tisse les contours de son second long-métrage, Mainstream, un voyage aussi pertinent qu'il est bancal dans cette normalisation du désir de percer, de l'obsession face au monde virtuel à la montée en puissance terrifiante et rapide des stars virales, la (fameuse) cancel culture ou encore même la divergence violente des opinions, parrainée par un anonymat fournie justement ces outils de communication numériques; le tout emballé dans une ambiance so californienne et indie qui caractérisait déjà le premier effort de la cinéaste, Palo Alto.
Ambitieux donc, même si cette satire énervée visant à pointant la manière dont nos smartphones enlèvent notre esprit de connectivité et notre acuité mentale, autant qu'elle charge la nature superficielle et inconstante de la renommée virale (en étant vissé sur deux âmes qui, en goûtant au succès, deviennent exactement ce qu'ils parodiaient), manque finalement un poil de courage pour aller pleinement au bout de ses convictions.
Avec sa bande-son sous synthétiseurs, Mainstream se veut comme une sorte de cauchemar moraliste façon miroir éclairant et esthétiquement stylisé, mais n'ajoute rien de bien nouveau à la conversation dans son fond assez survolé, et paraît même déjà antidaté dans son discours depuis l'arrivée encore plus fracassante, de TikTok dans l'équation.
Photo: IFC Films
Dommage tant face caméra, Andrew Garfield se livre complètement à son personnage scandaleux dans une performance délirante et polarisante (un simili-Logan Paul aux actions/bouffonneries plus que crédible), aux côtés d'une Maya Hawke tout aussi convaincante, tant elle capture parfaitement la naïveté et la frustration qui caractérisent tout une génération de qui a grandi dans le rêve chimérique d'atteindre des standards de popularité et de beauté inaccessibles.
En privilégiant un peu trop sa forme à son fond malgré des prémisses plus qu'engageantes, Mainstream rate un brin le coche et offre un regard cyniquo-surréaliste mais superficiel sur la culture de l'influence 2.0, une satire à l'excentricité divertissante mais manquant d'un point de vue plus aiguisé et original, même si les graines du scepticisme sont bel et bien plantées.
Jonathan Chevrier