Après quelques excellents films comme "Les Amants du Texas" (2013) ou "A Ghost Story" (2017), le réalisateur David Lowery revient avec un nouveau parti pris audacieux en adaptant le roman médiéval "Sire Gauvain et le Chevalier Vert" (fin XIVème - Tout savoir ICI !) de Pearl Poet vraisemblablement. Le cinéaste assume les postes de Producteur-Réalisateur-Scénariste comme à son habitude. Tourné en 2019 en Irlande ce film aura connu maintes fois des dates de sortie repoussées pour cause COVID, et normalement devrait sortir en première mondiale fin septembre au Royaume-Uni simultanément en salles et en vidéo à la demande... Précisons que Lowery a choisit un casting essentiellement européen parant du principe qu'ils s'agit d'un roman spécifiquement ancré dans la coutume du Vieux Continent. Rappelons toutefois que lui-même est un réalisateur américain... Sire Gauvain est le neveu du Roi Arthur, et lors d'une intrusion à la Table Ronde, Gauvain accepte un défi au cours duquel il décapite un mystérieux Chevalier Vert. Mais ce dernier demeure vivant, récupère sa tête et repart sans omettre de rappeler à Gauvain qu'ils se reverront pour un ultime face à face dans exactement un an. Un an se passe, Gauvain part donc à la rencontre de ce Chevalier Vert, une quête où il va aussi d'autres étranges rencontres...
Le rôle de Gauvain est tenu par Dev Patel, acteur révél par "Slumdog Millionaire" (2008) de Danny Boyle mais qui se fait finalement rare et qu'on avait pas vu depuis "The Personal History of David Copperfield" (2019) de Armando Iannucci. Le Chevalier Vert est incarné par Ralph Ineson qui avait déjà abordé l'univers de la Table Ronde dans "Lancelot, le Premier Chevalier" (1995) de Jerry Zucker et qu'on a pu voir récemment dans "Bloody Milkshake" (2021) de Navot Papushado. Le Roi Arthur est incarné par Sean Harris remarqué comme méchant dans "Mission Impossible : Rogue Nation" (2015) et "Mission Impossible : Fallout" (2018) tous deux de Christopher McQuarrie, qui a déjà été chevalier dans "Le Roi" (2019) de David Michôd, et qui retrouve après "Prometheus" (2012) de Ridley Scott sa reine Guenièvre jouée par Kate Dickie vue dans la série TV "Games of Throne" (2011) et qui retrouve son partenaire Ralph Ineson après le sublime "The Witch" (2016) de Robert Eggers. Un autre couple est joué par Alicia Vikander vue dernièrement dans "Beckett" (2021) de Ferdinando Cito Filomarino et qui retrouve un film en costume après plusieurs films dont le dernier en date "Tulip Fever" (2017) de Justin Chadwick, puis le seigneur interprété par l'australien Joel Edgerton qui retrouve Sean Harris après "Le Roi" et qui a surtout la particularité d'avoir lui-même incarné Gauvain dans "Le Roi Arthur" (2004) de Antoine Fuqua. Pour terminer citons la jeune Erin Kellyman aperçue auparavant dans "Solo : a Star Wars Story" (2018) de Ron Howard, et Barry Keoghan dont le dernier film est "The Renegade" (2018) de Lance Daly mais il retrouve lui aussi Sean Harris après les films "71" (2014) de Yan Demange et "A Ceux qui nous ont Offensés" (2017) de Adam Smith... L'intention de David Lowery est à l'évidence de coller au plus près au texte originel, mais pourtant il change la fin ce qui en retire toute l'ironie et l'humour, choisissant plutôt un drame plus classique et finalement moins surprenant. En effet, la fin originel se termine sur un ton moqueur et presque potache alors que le réalisateur-scénariste modifie cette fin pour une morale plus frontale sur une certaine idée de la chevalerie. Le cinéaste renoue avec son style singulier qui prend son temps, un rythme lancinant voir plutôt lent. Si on avait déjà pu apprécier ce travail sur ses précédents films, cette fois il est vrai que le côté contemplatif associé à un scénario qui tire en longueur peu créer un hermétisme chez certains.
La force du film repose donc sur ce côté contemplatif grâce à une photographie absolument sublime qui met en valeur des décors digne de n'importe quelle épopée chevaleresque et même de heroic fantasy. Mais évidemment, cet esthétisme soigné et merveilleux est un écrin bien luxueux pour une histoire qui a tendance à ennuyer. En effet, les épreuves que doit affronter Gauvain manquent d'intensité et de danger, on pourrait même sire assez inoffensives mais le pire se sont les incohérences ou les actions dont on ne comprend pas les tenants et aboutissants ; par exemple on se demande qui est vraiment le Renard ?! Pourquoi le couple royal est malade et de quoi ?! Les géants ont-ils une signification ?! La mère de Gauvain est-elle vraiment la soeur de Arthur ?! Pourquoi l'amoureuse de Gauvain est la même femme que la femme du seigneur chasseur ?!... Etc... Trop d'interrogations sans réponses, et même si on apprécie une certaine dose de mystère il faut néanmoins qu'on puisse comprendre et suivre le récit. Finalement il faut attendre la toute fin pour comprendre et se dire "ok tout ça pour ça". Les épreuves ne servent pas à grand chose, tout semble au final assez décousu, sans lien les uns avec les autres comme un assemblage de segments dans un film à sketch qui sont juste relié dans le twist final. Dommage, car David Lowery avait un matériau de base qui méritait lieux (peut-être aurait-il fallu assumer la "vraie" fin) et surtout, si on s'interroge beaucoup et trop sur le scénario et l'évolution du récit, on a droit à une mise en scène inspirée, des décors magnifiques. Un film où le fond patauge un peu mais qui surnage grâce à la forme, c'est déjà ça.
Note :
11/20
Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :
08/20