Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les contrebandiers de Santa Lucia » de Alfonso Brescia.
« Il est tellement rare de collaborer avec la police que j’en suis presque ému ! »
Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne entre l'Iran et l'Amérique. Prédisant que le convoi fera escale à Naples, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers locaux, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.
« A vous les mariages. Et à moi les enterrements ! »
Fils d’un producteur de cinéma qui ne voulait surtout pas que son fils devienne un saltimbanque, l’italien Alfonso Brescia (parfois crédité sous le pseudonyme d’Al Bradley) se laissera néanmoins gagner par le virus du cinéma et finira par mener - contre l’avis paternel - une carrière dans l’industrie cinématographique. Profitant de l’essor du cinéma de genre italien, il réalisera de façon quasi compulsive une cinquantaine de films en près de trente ans de carrière (1964-1995). Il touchera ainsi à peu près à tous les genres en vogue, depuis le western (« Furie au Missouri », « Pour un dollar d’argent ») jusqu’au giallo (« Un joli corps qu’il faut tuer ») en passant par le film érotique (« Les Amazones, filles pour l’amour et la guerre ») quitte à flirter parfois avec la série Z. Il sera ainsi l’un des rares réalisateurs italiens à s’essayer à la science-fiction et plus spécifiquement au space opera (avec des productions très fauchées comme « La bataille des étoiles » ou « La guerre des robots »). En Italie, il reste surtout connu pour une série de néo-polars tournés à la fin des années 70, prenant tous pour décor la ville de Naples et à laquelle appartient « Les contrebandiers de Santa Lucia » (1979) dont nous allons ici parler.
« Nous, les contrebandiers, sommes des gens honnêtes. Nous ne touchons pas à la drogue. »
Capitale officieuse du Mezzogiorno, cette Italie du sud à la fois pauvre et paysanne méprisée par le Nord, Naples est - avec Palerme - la ville associée à la mafia. C’est donc tout naturellement qu’elle se retrouve ici au centre d’une vaste enquête internationale centrée sur un trafic de drogue entre l’Iran et la côte est des États-Unis. Toute l’originalité du scénario résidant dans l’alliance officieuse et contre-nature proposée par la police des stupéfiants aux contrebandiers locaux pour tenter de repérer et de stopper ledit convoi. Ce qui déclenchera une violente guerre des gangs. Plus encore que son intrigue aux tenants parfois abscons, on retiendra du film sa relative efficacité (malgré des moyens que l’on devine assez limités et l’utilisation un peu voyante et hasardeuse de très nombreux stock-shots) et notamment ses accès de violence brutale (la fusillade en mer ou encore le règlement de compte final). Mais plus encore, le film vaut surtout pour son réalisme et sa dimension sociologique, notamment dans sa façon de filmer le quotidien des quartiers populaires de Naples, avec ses gamins des rues, ses populations miséreuses et ses petits trafics en tous genres. S’il n’atteint sans doute pas la maestria de certains poliziottesco signés des grands noms du genre (Umberto Lenzi, Fernando Di Leo, Alberto Di Martino), « Les contrebandiers de Santa Lucia » n’en demeure pas moins un polar assez plaisant à regarder.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version intégrale (jusqu’ici inédite en France) et proposé en version originale italienne (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Monnaie de sang » : présentation du film par Curd Ridel (2021, 30 min.), d’un Diaporama et de Bandes-annonces.
Édité par Artus Films, « Les contrebandiers de Santa Lucia » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 7 septembre 2021.
Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.