[CRITIQUE] : La Main de Dieu

Réalisateur : Paolo Sorrentino
Avec : Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Italien.
Durée : 2h14min.
Synopsis :
Naples dans les années 80. Fabietto Schisa, adolescent mal dans sa peau, vit avec sa famille excentrique et haute en couleurs. Mais son quotidien est soudain bouleversé lorsque Diego Maradona, légende planétaire du football, débarque à Naples et le sauve miraculeusement d’un terrible accident. Cette rencontre inattendue avec la star du ballon rond sera déterminante pour l’avenir du jeune homme. Avec La Main de Dieu, Sorrentino revient dans sa ville natale pour réaliser son film le plus personnel, qui mêle le destin et la famille, le sport et le cinéma, l’amour et les illusions perdues.

Critique :

Sorrentino renoue avec les souvenirs impérissables de sa jeunesse et fait de #LaMaindeDieu un acte de mémoire tendrement doux-amer, une introspection dénuée de toute auto-glorification putassière ni de nostalgique forcée, une superbe et déroutante quête sur la découverte de soi. pic.twitter.com/FLi317zyvq
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 16, 2021

Tirant son titre autant du geste controversé de Diego Maradona, auteur de deux buts de légendes en demi-finale de la Coupe du monde 1986 face à l'Angleterre (une divinité du football qui va embraser Naples et, indirectement, sauvé le jeune héros Fabietto), que de la tragédie qui a frappé sa vie (ses parents lui ont été retirés par la volonté de Dieu), La Main de Dieu - The Hand of God se fait un tendre regard vers l'adolescence façon mosaïque morcelée de la vie de famille du réalisateur (pas si éloigné de la commedia all'italiana classique, collision entre la comédie absurde et le drame domestique), virant peu à peu dès sa seconde moitié vers une balade triste et austère (à la suite de la mort tragique de ses parents); tout en se doublant d'un véritable hymne envoûtant et excentrique à Naples (de la beauté de son cadre côtier, la splendeur en décomposition de son architecture, la musicalité vigoureuse de sa langue chatoyante, la vitalité et de l'humour naturel de ses habitants, la ferveur de son club de football, l'importance de la religion et de la superstition sur la communauté,...).

[CRITIQUE] : La Main de Dieu

Si Paolo Sorrentino s'est toujours plus ou moins inscrit comme l'héritier naturel de Federico Fellini, La Grande Bellezza était d'ailleurs un hommage à peine voilé à La Dolce Vita (avec une pointe de 8½), force est d'admettre que l'on pourrait presque voir son formidable La Main de Dieu - The Hand of God, comme une sorte petit frère d'Amarcord.
À ceci près qu'ici, son inspiration est infiniment plus personnelle tant il opère un véritable retour aux sources de ses racines napolitaines pour mieux réfléchir aux expériences de sa tendre adolescence qui l'ont façonnés et fait le cinéaste qu'il est aujourd'hui; une introspection profonde et dense, sans doute ce que le réalisateur a croqué de plus poignant à ce jour.
Film d'une vie mûrement réfléchi et pensé, ou le cinéaste abandonne consciemment certains de ses maniérismes stylistiques qui l'ont rendu si singulier (tout autant qu'il jouit aussi bien du travail magnifique de Daria D'Antonio et sa photographie enlevée, que de la partition mélancolique de Lele Marchitelli), au profit de quelque chose de résolument plus simple et sincère, une épure telle que son penchant pour l'ironie et le grotesque semble même un poil plus conventionnel; la péloche est un instantané d'immédiatete, d'exubérance et d'énergie ou l'on se demande, comme dans toute autobiographie, ce qui est réel (pour donner un sens à la douleur) et ce qui relève de l'imaginaire (comme le pouvoir incroyable du cinéma) et de l'insouciance (pour retrouver ce bonheur mythifié de l'enfance, qui lui a été arraché avec la mort de ses parents).

[CRITIQUE] : La Main de Dieu

Sans tambour ni trompette mais avec un coeur vibrant comme rarement, Sorrentino renoue avec les souvenirs impérissables de sa jeunesse dans un acte de mémoire à la fois romantique et affectueusement doux-amer, une introspection dénué de toute auto-glorification putassière ni d'émotivité nostalgie forcé, une quête déroutante et pleine d'incertitude sur la découverte de soi.
Une merveille, rien de moins.
Jonathan Chevrier

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