De Jon Watts
Avec Tom Holland, Zendaya, Benedict Cumberbatch
Chronique : Difficile de faire la part des choses entre les qualités intrinsèques du film et le bonheur quasi extatique que nous procure le fan service délicieusement délivré par Spider-man : No Way Home. Et il est tout aussi compliqué de parler du film sans le spoiler a minima. Je ne révèlerai rien de précis mais si vous souhaitez découvrir le film totalement vierge, je vous conseille de ne pas lire ma chronique avant de l’avoir vu. Ça vaut franchement le coup de ne rien savoir.
L’attente autour de Spider-man No Way Home dépasse largement et sans doute déraisonnablement celle d’un film de super-héros lambda. Parce qu’il promet d’aller titiller nos souvenirs les plus marquants de l’homme-araignée et de jouer ostensiblement sur notre fibre nostalgique. Parce qu’il annonce également des bouleversements majeurs pour le futur de l’univers Marvel. Ces promesses sont-elles tenues ? En grande partie, oui. No Way Home est tout ce qu’on pouvait attendre d’un tel film évènement, avec ses défauts, ses surprises étourdissantes et de belles satisfactions.
S’il n’est pas un grand réalisateur, Jon Watts est néanmoins un bon faiseur qui sait délivrer ce qu’il faut d’action et d’effets spéciaux. Une mise en scène spectaculaire mais assez quelconque et parfaitement soluble dans l’esthétique calibrée du MCU. Sa trilogie a par conséquent moins de caractère que celle de Sam Raimi ou que du diptyque Amazing de Marc Webb.
En revanche, on peut mettre à son crédit d’avoir installé un Peter Parker sensiblement différent des itérations précédentes avec Homecoming et Far From Home, un Peter ancré dans un quotidien de lycéen entouré de ses amis (les parenthèses Avengers mises à part). Il parachève ici sa mue en le rapprochant du personnage des comics, l’éloignant de l’encombrante présence de Iron Man..
Annoncé à grand renfort de communication comme le Endgame du Spider-man Universe, on pouvait craindre que No Way Home soit écrasé par les multiples références aux sagas précédentes et se perde dans une multiplication d’arcs narratifs qui éclipseraient le Peter de Tom Holland. Ce n’est pas le cas, son personnage est bien au cœur du récit et c’est son histoire, son évolution et ses conflits intérieurs qui alimentent constamment No Way Home, qui s’apparente donc plutôt à un anti-Avengers. Spider-man n’est pas là pour sauver le monde, mais pour faire le bien autour de lui et protéger ses proches tout en jonglant avec ses deux identités.
Le retour aux sources du personnage est le carburant de No Way Home, qui se révèle être une lettre d’amour au personnage.
Le retour annoncé des bad guys ayant affronté les Spider-man de Garfield et Maguire est soigné et satisfaisant. En revanche l’humour un peu potache du MCU ne fonctionne pas vraiment avec ces vieilles icônes, et le rythme peine à prendre dans une première heure un peu désinvolte et laborieuse.
Et puis un évènement inattendu va totalement relancer le récit, bouleverser le spectateur et faire entrer No Way Home dans une autre dimension. Les deux derniers tiers sont intenses, multipliant les rebondissements avec de l’action, mais surtout du cœur et des larmes.
Le film nous emporte alors dans un tourbillon d’émotions et de nostalgie et se drape d’une noirceur inédite. On ne s’y attendait pas forcément…
La complicité construite depuis trois films entre Tom Holland, Zendaya et Jacob Batalon est désormais un moteur émotionnel fort de la saga. No Way Home permet à Holland d’embrasser enfin la complexité du personnage. L’acteur signe son interprétation du tisseur la plus aboutie et le couple qu’il forme avec Zendaya prend de l’épaisseur pour s’avérer des plus touchants.
Cette profusion aurait pu être indigeste mais la grande réussite de Watts est de parvenir à contenir ce récit gargantuesque en tissant un lien solide entre les différentes générations présentes à l’écran tout en se projetant vers l’avenir. Oui, No Way Home délivre son lot de scènes iconiques, parfois bouleversantes, et de références méta, oui nos âmes de gosses sont rassasiées et non, on ne veut surtout pas bouder ce plaisir un peu simplet qui provoque la chair de poule. Et si les scènes post génériques ont peu d’intérêt, la conclusion de cette trilogie est parfaite et laisse entrevoir un futur aussi incertain que passionnant pour Spider-man.
Malgré ses défauts, qu’un tel film ait pu voir le jour en dépit de la pandémie et de la garde partagée du personnage parfois compliquée entre Sony et Marvel s’apparente autant à un tour de force qu’à un petit miracle. Au regard des réactions hystériques des fans aux quatre coins du monde, cela valait la peine.
Synopsis : Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu’être Spider-Man signifie véritablement.