Un grand merci à Eléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Résurrection » de Daniel Petrie.
« Ton pouvoir est un don à utiliser et à partager. C’est un don du Seigneur »
Après un accident de voiture et la mort de son mari, Edna se découvre des pouvoirs paranormaux de guérison. De retour dans sa petite ville de naissance, elle met son don au service de la communauté, ce qui attire l’attention et la colère de l’église. Edna va tenter de faire entendre sa voix, entre la circonspection des psychologues et la pression des bigots, qui voient en elle une incarnation du diable.
« Je ne suis pas le Saint-Esprit. Ni la Sainte-Vierge. Et tu es bien placé pour le savoir »
Comme ses condisciples Sidney Lumet, John Frankenheimer, Artur Penn ou encore Robert Mulligan, le canadien Daniel Petrie fait partie de cette jeune génération de réalisateurs qui émerge à Hollywood au début des années 60 après avoir ses classes à la télévision au cours de la décennie précédente. A cette différence près que Petrie, contrairement à ses camarades, aura beaucoup plus de mal à s’imposer durablement sur le grand écran et ce en dépit d’une vingtaine de films réalisés en l’espace de quatre décennies (dont « Un raisin au soleil » en 1961 dans lequel il dirige le jeune Sidney Poitier ou, plus tard, « Cocoon, le retour » en 1988, suite tirée du succès de Ron Howard). Il connaitra néanmoins un certain succès au tout début des années 80 grâce à deux films sortis coup sur coup : « Le policeman » (1981) avec Paul Newman et « Résurrection » sorti l’année précédente. Lauréat du Prix spécial du Jury au Festival d’Avoriaz, ce dernier sera en outre récompensé de deux nominations aux Oscars pour les actrices Ellen Burstyn et Eva Le Gallienne.
« Puisse l’amour briller dans vos yeux ! »
Toujours friande de sujets sensationnalistes, l’Amérique se passionne à la fin des années 70 pour les études du Docteur Raymond Moody sur l’expérience de mort imminente, ce phénomène par lequel des personnes ont été quelques instants en état de mort clinique avant de revenir à la vie et de témoigner de ce qui se passe de « l’autre côté ». Une étude qui inspira au cours des années suivantes plusieurs films comme « Brainstorm » (Trumbull, 1983) ou « L’expérience interdite » (Schumacher, 1990). C’est dans ce contexte que sort en 1980 « Résurrection » dans lequel une femme qui a frôlé la mort se réveille avec le don de guérison. Un pouvoir qu’elle mettra au service des autres mais qui, dans cette vieille Amérique rurale et puritaine, suscitera beaucoup d’interrogations (scientifiques) et de rejets (moraux et religieux). Avec cette interrogation de savoir si ce pouvoir est l’œuvre de Dieu ou la marque du diable. Film complexe dont l’intrigue mêle différents genres (mélodrame, chronique sociale, fantastique), « Résurrection » se sert de l’incongruité de son postulat pour dresser le portrait peu flatteur d’une Amérique bigote, rétrograde et conservatrice incapable d’appréhender des phénomènes mystérieux autrement que sous l’angle d’un obscurantisme mystique ou d’une science dévoyée à des fins mercantiles. C’est aussi, en creux, un joli film féministe, qui offre à la formidable Ellen Burstyn un remarquable rôle de femme courageuse, déterminée et au service des autres. Contre toute attente, Daniel Petrie signe avec « Résurrection » un film beaucoup plus subtil et consistant qu’il n’y parait et qui, à l’instar de son « Policeman », témoigne d’une certaine hauteur de vue de sa part sur la société américaine. Un film étonnant, qui mérite sans doute d’être redécouvert et réévalué à sa juste valeur.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Laurent Aknin (19 min.) ainsi que de Bandes-annonces.
Édité par Éléphant Films, « Résurrection » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 25 mai 2021.
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