[CRITIQUE] : Twist à Bamako

[CRITIQUE] : Twist à Bamako
Réalisateur : Robert Guédiguian
Acteurs : Stéphane Bak, Alicia Da Luz Gomes, Saabo Balde,...
Budget : -
Distributeur : Diaphana Distribution
Nationalité : Français, Canadien, Sénégalais.
Genre : Drame, Historique.
Durée : 2h09min.
Synopsis :
1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d'Amérique. Samba, le fils d'un riche commerçant, vit corps et âme l'idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C'est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s'éclaircira...

Critique :

#TwistABamako incarne une balade humaniste et mélodramatique sur une jeunesse idéaliste et rêveuse confrontée à la rudesse de son continent, une douce et cruelle tragédie sur la lente déliquescence de l'innocence et des idéaux, porté par le très joli duo Stéphane Bak/Alice Da Luz pic.twitter.com/tlHeAkfpHB

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 6, 2022

On a toujours eu, à tort comme à raison, d'associer le cinéaste Robert Guédiguian à sa ville de coeur Marseille, oubliant presque que sa caméra n'a pas toujours uniquement été vissée dans les arcanes de la cité phocéenne, d'autant que ces - légères - infidélités, lui ont parfois plutôt bien réussis.
Preuve en est avec Le Voyage en Arménie mais également son dernier effort en date donc, Twist à Bamako, un drame romantico-historique inspiré par les clichés du photographe Malick Sidibé et catapulté dans le Mali du début des années 1960, époque où le pays a fraîchement obtenu son indépendance et a été du joug colonial français.
On y suit Samba, un jeune militant/révolutionnaire membre du mouvement socialiste qui voudrait profiter de cette liberté nouvelle pour faire avancer sa nation.
Arpentant le pays pour expliquer les vertus du socialisme, il est confronté à beaucoup de résistance de la part des villages et des commerçants plus traditionnels, parmi lesquels se trouve son père, dont les bénéfices ont été affectés par cette indépendance et ce nouveau gouvernement.

[CRITIQUE] : Twist à Bamako

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Mais au milieu de cette lutte politique et idéologique, il fait la rencontre décisive de Lara, une jeune fille dont la famille est sur le point de marier de force.
Elle va bousculer sa vie, et ils vont éperdument tomber amoureux l'un de l'autre...
Énième variation du mythe de Roméo et Juliette dont l'originalité vient décemment de son cadre plus qu'inédit dans le septième art hexagonal (le Mali des 60s et à une heure charnière de son histoire), le Guédiguian nouveau, qui ne dénote absolument pas auprès de ses précédents efforts (lui aussi est mué par un désenchantement mélancolique et douloureux), se fait une captivante balade humaniste et mélodramatique sur une jeunesse idéaliste et rêveuse confrontée à la rudesse de son continent, embaumée dans une reconstitution soignée et une mise en scène joliment vivante et exubérante.
Brassant une pléthore de thèmes forts et universels (le rejet du progrès, le mariages arrangé, la relation de l'Afrique avec la culture occidentale, le socialisme panafricain,...), tout en étant porté par la grâce et la justesse de son couple vedette (l'excellent Stéphane Bak mais surtout la révélation Alice Da Luz), Twist à Bamako se fait une douce et cruelle tragédie sur la lente déliquescence des idéaux et de l'innocence, face à la dure réalité d'une liberté/émancipation dont les préceptes révolutionnaires deviendront eux-mêmes le terreau fertile d'une politique (dictature) liberticide.
Jonathan Chevrier
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