[CRITIQUE] : Mes frères et moi

[CRITIQUE] : Mes frères et moi
Réalisateur : Yohan MancaActeurs : Maël Rouin Berrandou, Judith Chemla, Dali Benssalah, Sofian Khammes,...
Budget : -
Distributeur : Ad Vitam
Nationalité : Français.
Genre : Drame.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Librement inspiré de la pièce de théâtre Pourquoi mes frères et moi on est parti… de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre.
Nour a 14 ans. Il vit dans un quartier populaire au bord de la mer. Il s'apprête à passer un été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d'intérêt général. Alors qu’il doit repeindre un couloir de son collège, il rencontre Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons...

Critique :

Avec un naturel désarmant et un réalisme brut, Yohan Manca fait de #MesFrèresEtMoi une joli drame familial vivant et délicat, un étonnant et enthousiasmant moment de cinéma à l'ancienne, proche du cinéma italien de la grande époque, aux valeurs aussi simples qu'universelles. pic.twitter.com/buHwtfRU8o

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 4, 2022

Sur le papier, Mes frères et moi, premier effort du scénariste et réalisateur Yohan Manca (librement inspiré d'une pièce de théâtre de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, et passé par la dernière Croisette dans la section Un Certain Regard), à tout du coming of age movie tellement familier - même dans l'hexagone - que l'on aurait même pas besoin d'en lire le script, pour le connaître sous toutes ses coutures.
À l'écran en revanche, même s'il coche des cases plutôt attendues, le long-métrage touche et fait mouche autant dans sa positivité et sa spontanéité, que dans sa manière sincère d'explorer les subtilités de ce que signifie d'être obligé de grandir trop tôt, de découvrir qui l'on est réellement et d'apprendre à se construire en tant que futur homme.
D'autant plus au coeur d'une fratrie aux personnalités aussi fortes que disparates, ou chacun tente tant bien que mal de joindre les deux bouts tout en payant les factures qui s'accumulent, soudés pour s'occuper de leur mère alitée qui est dans le coma, dans une pièce de l'appartement du quartier (très) défavorisé dans lequel ils (sur)vivent.

[CRITIQUE] : Mes frères et moi

Copyright Ad Vitam


Vissé sur le plus jeune des quatre frères qui habitent l'écran, l'adolescent Nour, un brin écrasé par l'ombre de ses frères, respectivement Heidi (un jeune homme impulsif et dégoûté de ne pas pouvoir mener la vie qu'il a toujours voulu, qui tire sa virilité de la vente de drogue - qui aide à subvenir aux frais médicaux de sa mère - et de sa contestation de l'autorité), Mo (heureux de la vie qu'il mène, qui passe son temps à prendre soin de son corps afin de l'utiliser pour gagner de l'argent en divertissant les touristes) et Abel (l'aîné, qui a pris sur lui le rôle de nouveau patriarche de la famille et qui est le plus sévère avec Nour, plus par inquiétude qu'autre chose), qui dictent sensiblement sa vie aussi aimant soient-ils; le film montre comment ce petit bout d'homme est forcé de trouver un équilibre, même précaire (peut-il en être autrement ?) entre ses frères parfois intimidants, ses devoirs de service communautaire, les soins de sa mère et sa nouvelle passion : le chant (et l'opéra, un art perçu comme élitiste), pour lequel il développe un talent aussi miraculeux qu'inné, qui lui montre le potentiel de l'homme qu'il pourrait devenir et surtout de la vie future pourrait choisir de vivre.
Avec un naturel désarmant et un réalisme brut, Yohan Manca fait de Mes Frères et Moi une jolie comédie dramatico-familiale vivante et délicate, aussi drôle qu'elle peut s'avérer touchante, bien aidé par un solide casting à l'alchimie incroyable ainsi que par la photographie solaire de Marco Graziaplena; un étonnant et galvanisant moment de cinéma à l'ancienne, proche du cinéma italien de la grande époque, aux valeurs aussi simples qu'universelles (aimer ce que l'on fait, les siens et surtout soi-même).
Jonathan Chevrier
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