Réalisateur : Will Sharpe
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Claire Foy, Toby Jones, Andrea Riseborough, Adeel Akhtar, Taika Waititi,...
Budget : -
Distributeur : Canal Play (Canal +)
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
En Angleterre, à la fin du XIXe siècle, aîné de six enfants, Louis Wain est contraint de subvenir aux besoins de sa mère et de ses soeurs après le décès de son père. Il devient illustrateur et se faire remarquer par ses dessins de chats. Parallèlement, il tombe amoureux de la gouvernante de ses soeurs, Emily.
Critique :
Même s'il n'est évidemment pas parfait et qu'il s'éparpille un peu trop dans sa seconde moitié, #LaVieExtraordinairedeLouisWain n'en est pas moins une œuvre psychédéliquement poétique et burlesque, au romantisme suranné et à l’émotion bouleversante. (@thiboune) pic.twitter.com/aBme0ISkei
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 12, 2022
Après avoir officié à la télévision, avec notamment la comédie noire Flowers et sa sublime minisérie Landscapers (bientôt sur Canal+), Will Sharpe s’attaque à son premier long-métrage en mettant en scène la vie de Louis Wain. Il en résulte une œuvre psychédéliquement poétique, au romantisme suranné et à l’émotion bouleversante.
Pourtant, La Vie Extraordinaire de Louis Wain suit une voie narrative peu révolutionnaire. Comme souvent dans ce genre d’exercice, le film tient a évoquer la vie de son protagoniste de ses quasi-débuts à sa fin. Le problème de ce type de canevas narratifs est qu’on peut vite se retrouver face à une adaptation en live-action d’une page Wikipedia. Autrement dit, un produit instructif, oui, mais qui manque souvent d’un réel point de vue. Ce n’est pas le cas ici. En effet, Will Sharpe ausculte la vie de Louis Wain non pas pour rendre compte de ses accomplissements et ses revers, mais bien pour y trouver quelque chose de plus profond. En l’occurrence, l’amour d’un homme pour une femme.
Copyright Studiocanal GmbH / Jaap Buitendijk
Une grande partie du film est consacré aux premiers émois de Louis Wain envers la gouvernante de ses sœurs - et future épouse, Emily Richardson. Ces instants sont capturés dans un romantisme sincère, comme dans cet échange de baiser dans les toilettes d’un théâtre londonien. Sans pour autant se débarrasser d’une tendre maladresse, comme en témoigne l’éruption de Louis dans la chambre d’une Emily peu vêtue. Pour le cinéaste, Louis et Emily sont deux êtres extravertis qui trouvent l’un dans l’autre, une parfaite moitié. Si l’on peut regretter le fait qu’Emily; censée avoir 10 ans de plus que Louis soit incarnée par Claire Foy (au demeurant excellente) 8 ans plus jeune que Benedict Cumberbatch, on se laisse attendrir par ce couple défiant les normes de son époque.
La mort de son épouse, atteinte d’un cancer du sein, marque le début d’une fuite en avant pour Wain. Dès lors, Will Sharpe accélère le pas, la réussite, la célébrité, les tourments de ses sœurs, les difficultés financières, la maladie. Tout est là, oui, mais dans une sorte de fouillis ressemblant à l’esprit de Louis qui se retrouve désespérément seul; surtout après la mort de Peter, chaton qu’il avait recueilli avec sa femme et initiateur de son goût pour les illustrations de félins. Il faut attendre les derniers instants du métrage, pour comprendre que tout cela n’était qu’une grande histoire d’amour. Alors que Louis est au bord de la mort, il part retrouver un lieu où, des années avant, il s’était assis avec son épouse et leur chat. C’est son Paradis à lui. Un lieu qui à lui seul mérite qu’il ait vécu.
Copyright STUDIOCANAL SAS / CHANNEL FOUR TELEVISION CORPORATION
À l’émotion du récit se rajoute l’étourdissement plastique de l’œuvre. Le cinéaste se nourrit des travaux de Louis Wain, évidemment, mais également de la science du cadre de Wes Anderson au travers d’une multitude de petites trouvailles visuelles. C’est comme cela que certaines scènes sont baignées d’une douce irréalité là où d’autres embrassent une étonnante burlesquerie.
Alors oui, La Vie Extraordinaire de Louis Wain n’est pas un film parfait, il s’éparpille un peu trop dans sa seconde partie. Mais, quand tout est terminé, qu’on laisse l’œuvre se reposer, on se rend compte que c’est pas grand-chose comparer à la sincérité que parvient à injecter Will Sharpe. C’est sur Canal+ et cela vaut votre coup d’œil.
Thibaut Ciavarella