[CRITIQUE] : Une jeune fille qui va bien

[CRITIQUE] : Une jeune fille qui va bien

Réalisatrice : Sandrine Kiberlain
Acteurs : Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon, India Hair,...
Budget : -
Distributeur : Ad Vitam
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse.


Critique :

À la fois coming of age movie tragico-poétique, comédie décalée et mélodrame historique,#UneJeuneFillequivabien, dominé par une fantastique Rebecca Marder, se fait autant une étude de personnage vibrante et solaire, qu'un regard assez unique et un poil maladroit sur l'holocauste. pic.twitter.com/nZuWWEn8zu

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 24, 2022

Le sujet de l'holocauste a été abordé tant de fois au cinéma par le passé, que notre familiarité avec ses événements tragiques fait que nous sommes toujours douloureusement conscients de ce qui va se passer dans chacun de ces films et, à mesure que nous nous attachons avec leur personnages, on ne peut s'empêcher d'anticiper les événements - souvent à venir.
Et c'est précisément en raison de notre connaissance à la fois des événements historiques et de ce sous-genre spécifique du film historique, qu'il est difficile pour une péloche du genre de ne pas flirter dangereusement autant avec une prévisibilité évidente, qu'un sentiment plus racoleur d'exploitation de l'un des pans les plus sombres de l'humanité.
Si l'on fait confiance à Sandrine Kiberlain - dont c'est ici le premier long-métrage, qu'elle a également écrit -, pour ne pas se perdre dans le second cas de figure, elle évite également assez habilement le premier souci avec Une jeune fille qui va bien, un effort porté avec grâce et exubérance, même si son attitude cavalière vis-à-vis de la vraisemblance de l'époque et son choix de filmer la guerre et la peur qu'elle suscite, sans frontalement la montrer, pourrait cela dit en décontenancer plus d'un (une naïveté réellement à double tranchant).

[CRITIQUE] : Une jeune fille qui va bien

Copyright Jérôme Prébois


Instantané d'un moment très précis de l'Occupation autant qu'une étude de personnage réfléchie et toujours en mouvement, le récit nous entraîne au coeur de la vision d'une monde d'une jeune fille complexe et fascinante : Irène qui, comme le titre l'indique, est une jeune femme juive qui va très bien puisqu'elle arrive à jongler avec énergie entre son travail d'ouvreuse de théâtre, les répétitions d'une audition très importante (elle rêve de devenir comédienne), sa vie auprès de sa famille (de son frère Igor à son père André, en passant par sa grand-mère Marceline, la seule avec qui elle est réellement elle-même) mais aussi ses atermoiements amoureux, avec deux potentiels prétendants - Gilbert et Jacques.
Malgré quelques vertiges occasionnels, elle semble mener une vie trépidante sans se soucier du drame humain de son époque...
Tout comme elle, et pour mieux embrasser sa vision du monde, la narration embrasse cette attitude candide de négation de la réalité, de vouloir éviter la guerre dans tout ce quelle représente : pas de drapeaux nazis, pas de rafles, de déportations/raids dramatiques ou même d'adieux déchirants - voire macabres.
À contrario de ce que le genre a pu fournir jusqu'à présent, Kiberlain s'identifie totalement à la personnalité d'Irène et croque une expérience joyeusement absurde et décalée sur les dilemmes universels de la jeunesse (la volonté de réaliser son rêve, la peur pour l'avenir, les craintes et affres du premier amour,...), ou l'horreur n'est distillé que par de minuscules et minutieuses touches de tension (très) significatives.

[CRITIQUE] : Une jeune fille qui va bien

Copyright Jérôme Prébois


À la fois coming of age movie tragique et poétique, comédie décalée et mélodrame historique sous fond d'Holocauste, Une Jeune Fille qui va bien, dominé de la tête et des épaules par une fantastique Rebecca Marder (qui capte merveilleusement toute la complexité de son personnage aussi excentrique et excessive qu'elle est constamment authentique), se fait autant une étude de personnage vibrante et solaire, qu'un regard assez unique sur l'un des événements les plus tragiques de notre histoire récente.
Un premier effort (très) théâtral et étonnant, un brin naïf voire maladroit parfois - comme l'insouciance de la jeunesse au fond -, mais qui mérite décemment son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Une jeune fille qui va bien