J'adore la question posée sur l'affiche qui révèle toute l'ambigüité du scénario et du personnage principal... Il a tout d'un coupable, mais l'est-il?
Claus Von Bulow, que tout accuse, a-t-il tué sa femme ? Un mobile, il en a un, sa femme est une riche héritière. Leur relation était chancelante. Et avec ses allures hautaines, il parait être au-dessus de la loi et de la morale. Les faits plaident aussi pour l’accusation. Cependant, dans cette affaire qui défraya la chronique outre atlantique, la lumière ne sera jamais faite entre suicide et meurtre ; et le film de Barbet Schroder se garde bien de nous donner la réponse ou plutôt sa réponse.
Barbet Schroder démarre son film par un plan sur la victime ; Mme Von Bulow dans un coma sans fin. Une voix off, celle de Mme Von Bulow, va mettre en scène par d’astucieux flash-back, le déroulé de ses derniers mois. Film procès, il en a tous les atours ; il pose pourtant d’autres questions beaucoup plus complexes et profondes qu’une simple connaissance des faits. En mettant en scène un avocat talentueux, une sorte d’ « acquittator », Barbet Schroder déplace la lecture de cette histoire bien au-delà de la culpabilité ou de l’acquittement. On y voie toute l’action de l’avocat pour démonter les théories de l’accusation ; on y voie aussi combien la personnalité antipathique d’un homme peut le condamner a priori ; on y voie encore combien la qualité de la défense repose sur des moyens financiers et humains énormes ;…
Barbet Schroder livre un film d’une intelligence rare ; ouvrant et fermant sans cesse des portes qui démontrent combien il est difficile de rendre justice. Et pour porter son film, dans le rôle de Claus Von Bulow, un homme froid, calculateur et peu aimable ; il s’appuie sur une composition magnifique de Jeremy Irons au sommet de son art.
Un petit coup de vieux mais un grand film.
Sorti en 1990
Ma note: 15/20