Taras Bulba

Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Taras Bulba » de Jack Lee Thompson.

Taras_Bulba

« Les Cosaques sont des animaux. Des diables portant toupet. Mais ce sont les meilleurs guerriers du monde ! »

A l’aube du 16ème siècle. Pour chasser les armées turques du pays, le roi de Pologne fait appel au peuple cosaque, mais il trahit son allié au soir de la victoire. Désormais dispersées sur toute l’étendue des steppes d’Ukraine, les tribus cosaques attendent le jour de la vengeance, en particulier Taras Bulba, l’un de leurs principaux chefs. En envoyant ses deux fils étudier chez l’ennemi, celui-ci croit avoir trouvé un moyen de mieux le connaître pour ensuite le combattre plus facilement. Mais l’un d’eux s’éprend de la fille du gouverneur.

« Les guerriers cosaques ont une armure qui s’appelle la Foi »

Taras_Bulba_Yul_Brynner

A la fin des années 50, Hollywood se prend de passion pour les grandes fresques d'aventures épiques, tout autant historiques qu'exotiques. Pendant près de dix ans, les studios produisent ainsi à tour de bras des superproductions souvent fastueuses censées représenter la quintessence du grand spectacle Hollywoodien. Si derrière la caméra, David Lean reste sans doute l'un des cinéastes les plus emblématiques du genre (« Le pont de la rivière Kwaï », « Lawrence d'Arabie », « Le docteur Jivago »), devant l'objectif deux acteurs - incarnations parfaite de la virilité - se partagent principalement les succès, à savoir Kirk Douglas (« Spartacus », « Les vikings ») et Charlton Heston (« Ben Hur », « Le Cid », « Les 55 jours de Pékin », « Le seigneur de la guerre », « Khartoum »). Fraichement débarqué à Hollywood deux ans plus tôt, le cinéaste anglais Jack Lee Thompson, pourtant jusqu'ici plutôt adepte des comédies, se glissera dans la brèche et se fera rapidement un nom dans ce type de productions grâce au succès commercial la fresque militaire « Les canons de Navarone » (1961), son premier film américain. Deux ans plus tard, après un détour réussi par le thriller (« Les nerfs à vif »), il revient à la fresque d'aventures, cette fois en costumes, avec « Taras Bulba ».

« Il n’y a qu’une seule façon de tenir parole avec un polonais : c’est de mettre sa foi dans son épée, et son épée dans le polonais »

Taras_Bulba_Tony_Curtis

Immense classique de la littérature russe, « Taras Bulba » n’avait jusqu’alors intéressé que les cinéastes européens, donnant lieu à deux films russes (1909 et 1924) ainsi qu’à un film français réalisé en 1936 par le cinéaste (d’origine russe) Alexis Granowsky. Pourtant, le célèbre roman de Nicolas Gogol avait de solides arguments pour intéresser alors les studios hollywoodiens, que ce soit sa trame tragique classique, marquée par la rivalité entre le héros et son fils, ou encore par son sous-texte religieux qui correspondait bien aux standards hollywoodiens de l’époque. Et de fait, J. Lee Thompson nous livre une grande fresque en costumes qui fait la part belle à l’aventure et à la violence. Avec en point d’orgue deux grandes séquences qui assurent le spectacle : celle de l’ouverture dont la violence donne le ton au récit, et celle finale du siège la ville au cours de laquelle le héros verra finalement ses rêves de gloire s’envoler. Entre les deux, le récit sera essentiellement centré sur le fils de Taras, Andrei, et son impossible acclimatation à la vie polonaise. Ce qui donnera lieu à nombre de séquences plutôt légères et assez amusantes. Si le spectacle reste agréable à suivre pour qui aime les grandes fresques hollywoodiennes classiques, force est de constater que le film souffre néanmoins de deux défauts assez importants. D’une part, son passage par la moulinette hollywoodienne donne lieu à des changements substantiels (et pas des moindres puisque la fin est ainsi largement modifiée) qui dénaturent un peu le roman d’origine. D’autre part, si les acteurs - Yul Brynner en tête - n’hésitent pas à s’affubler de looks et de costumes pittoresques censés coller à la représentation qu’on peut avoir des guerriers cosaques, on s’étonne de voir Tony Curtis et Perry Lopez conserver très dignement leur impeccable brushing de jeunes premiers bellâtres en toutes circonstance, y compris au plus dur de la bataille. Ce qui donne tout de même un petit côté kitsch à l’ensemble. Passé ce constat, le film reste au demeurant assez plaisant à voir, d’une part pour la qualité de son casting (et notamment la savoureuse interprétation que nous livre Brynner), mais aussi pour la nostalgie qu’il procure du cinéma de cette époque. Un très honnête divertissement.

Taras_Bulba_Christine_Kaufmann

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master ? et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Histoire de la musique du film » par le journaliste Rafik Djoumi (19 min.) ainsi que de « Du livre au film », présentation par Pierre-Etienne Royer doctorant en littérature russe et spécialiste de l’œuvre de Nicolas Gogol (42 min.).

Édité par BQHL Editions, « Taras Bulba » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 octobre 2021.

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