La peau douce

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La peau douce » de François Truffaut.

« Je ne peux envisager de vivre sans vous »

Pierre Lachenay, âgé d’une quarantaine d’années, est marié. Il habite le XVIe arrondissement de Paris avec sa femme Franca et leur petite fille Sabine. Au cours d’un voyage à Lisbonne où il donne une conférence sur Balzac, Pierre rencontre Nicole, une jeune hôtesse de l’air. Il la revoit à Paris et devient son amant. La vie de Pierre bascule, car il ne sait pas mentir. Il se sépare de sa femme. Désormais libre, il va demander à Nicole de l’épouser.

« Te regarder danser sera mon plaisir »

Figure de prouve de la Nouvelle-Vague, François Truffaut mène une première carrière de critique au sein de la rédaction des Cahiers du Cinéma - période durant laquelle il brocardera un certain cinéma populaire français qu’il juge trop classique et conformiste - avant de finalement passer derrière la caméra à la fin des années 50. Ses débuts de cinéaste seront ainsi couronnés d’un succès critique et public immédiat grâce au succès instantané de sa première réalisation, « Les quatre cents coups » (1959), qui lui confère d’entrée une certaine reconnaissance internationale. Ses films suivants, « Tirez sur le pianiste » (1960) et « Jules et Jim » (1962), confirmeront la réussite du cinéaste qui souhaite alors enchainer avec un projet plus ambitieux, à savoir l’adaptation du classique d’anticipation « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury. Mais le film - qui doit être produit par une société britannique et tourné en anglais - se révèle difficile à monter et tarde à se concrétiser. Contrait de le mettre en stand-by (il se tournera finalement en 1966), Truffaut se lance dans la réalisation d’un nouveau film, « La peau douce » (1964), qui se révèlera être son premier revers critique et public.

« Ce soir, j’ai compris que tu avais honte de moi. J’ai passé une soirée humiliante »

« La peau douce » est ainsi l’histoire d’une passion adultère liant un éminent et respectable universitaire et une jeune et belle hôtesse de l’air. L’occasion pour le cinéaste de laisser pour la première fois libre court à ses obsessions (les femmes, la passion amoureuse, la séduction) et, surtout, d’interroger les mœurs de son époque. A travers ces deux personnages, il confronte ainsi deux générations antagonistes irréconciliables : d’un côté ce quadragénaire coincé, symbole d’une vieille France bourgeoise et rigide, et de l’autre cette jeunesse en quête de plénitude et de libertés. Plus que sa dimension dramatique, inspirée de plusieurs faits divers de l’époque et qui trouve son climax dans un final grandiloquent et un peu hors-sujet, le film vaut surtout pour l’habileté avec laquelle le cinéaste filme cette relation amoureuse : avec délicatesse d’abord lors de la rencontre entre les deux protagonistes (le jeu des regards qui se croisent, la découverte progressive des parties du corps de l’héroïne), mais aussi avec ingéniosité (la symbolique de la chambre qui s’éteint avec son épouse et qui s’allume avec sa maitresse). Le cinéaste fait également preuve d’une grande acuité dans la façon dont il filme la lâcheté de son héros et de sa pathétique fuite en avant. L’excellent Jean Desailly et la pétillante Françoise Dorléac forment là un couple parfaitement (d)étonnant. Un film résolument à part dans la filmographie de Truffaut (et sans doute l’un de ses plus personnels) qui mérite largement d’être réévalué comme l’un de ses films les plus intéressants.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré Haute-Définition et proposé en version originale française (1.0).

Côté bonus, le film est accompagné d’un Commentaire audio de Serge Toubiana et Jean-Louis Richard, d’une présentation du film par Serge Toubiana, d’une Bande-annonce originale, de plusieurs extraits d’émissions TV : Actualités télévisées : Françoise Dorléac et Nelly Benedetti au Festival de Cannes à propos du film « La Peau douce » (INA, 1964, 2 min.), « Première-Magazine » : François Truffaut et Françoise Dorléac interviewés par la télévision flamande (1964, 4 min.), « Cinéastes, de notre temps : François Truffaut ou l’esprit critique » (INA, 1965, HD, 10 min.) et « L’Ancien et le moderne » : analyse du film par Nicolas Saada (HD, 10 min.).

Édité par Carlotta Films, « La peau douce » est disponible en DVD, blu-ray ainsi qu’en édition limitée (blu-ray + DVD + goodies) depuis le 2 juin 2021.

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.