[CRITIQUE] : Sans Répit

[CRITIQUE] : Sans Répit

Réalisateur : Régis Blondeau
Avec : Franck Gastambide, Simon Abkarian, Michaël Abiteboul,…
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Action, Thriller, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Alors qu'il fait l'objet d'une enquête pour corruption, le lieutenant Thomas Blin doit se rendre en pleine nuit aux funérailles de sa mère. En voulant éviter un chien sur le route, il percute accidentellement un homme et le tue sur le coup. Paniqué, il décide de cacher le corps. Croyant être tiré d'affaires, il se retrouve embarqué dans une spirale infernale, quand l'enquête sur l'individu disparu est confiée à un de ses collègues, et qu'un mystérieux témoin tente de le faire chanter...


Critique :

Sans chercher à révolutionner le genre ni même à singer l'oeuvre originale, #SansRépit roule habilement sa bosse et incarne un thriller musclé et efficace, une variation humble et efficace au film de Kim Seong-hun fleurant bon le 80s/90s flavor. Solide tandem Gastambide/Abkarian. pic.twitter.com/HrQiMbmAmL

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 25, 2022

Ce qu'il y a d'étonnant jusqu'ici avec la carrière Franck Gastambide, c'est que son physique taillé pour le cinéma burné n'a jamais vraiment pu s'exprimer justement, dans ce genre abordé avec beaucoup trop peu d'entrain (de moyen) dans l'hexagone; tout juste à peine dans quelques exceptions à la résonance médiatique timide - le furieux Enragés d'Éric Hannezo en tête.
Mais le changement est - peut-être - maintenant comme le dirait si bien François Hollande, appuyé par une Netflix ayant considérablement passé la seconde côté production made in France (la réception positive de Balle Perdue ayant sensiblement changé la donne), puisqu'il est la vedette de Sans Répit, remake français de la petite bombe sud-coréenne Hard Day de Kim Seong-hun, qui avait fait un méchant boucan à sa sortie en 2014 - et précédé d'une belle tournée des festivals.

[CRITIQUE] : Sans Répit

Copyright Jean-Michel Clajot/Netflix


Estampillé comme le premier long-métrage de Régis Blondeau, directeur de la photographie rompu à la comédie bien de chez nous (sacré grand écart donc), le film ne se réclame pas tant comme une relecture stricto sensu de l'oeuvre originale (dont il reprend évidemment les scènes phares et les passages obligés de l'intrigue), qu'une réadaptation sérieuse et appliquée, plus épurée (un bon quart d'heure de gras en moins au chronomètre) et visant à aller constamment à l'essentiel.
Si le petit bijou de Seong-hun prenait volontairement à contre-pied le sérieux du polar sauce Corée du Sud avec un humour noir savamment dosé et des twists férocement rocambolesques, Sans Répit lui préfère un pendant plus tendu et âpre, vissé sur la lente descente aux enfers d'un flic corrompu qui encaisse de plein fouet les fruits d'une journée qui n'aurait aucun mal à rivaliser avec celles infernales de John McClane.
Démarrant crescendo (tout est distillé dès la première bobine, avec une perte maternelle, une dissimulation de corps chaotique suite à un accident de la route ultra-violent et une hiérarchie sur les côtes de notre anti-héros) avant d'épouser un rythme effréné et ludique qui lui sied plutôt bien (tout en suivant le même leitmotiv essentiel : tout est possible dans un thriller coréen, même l'inattendu), Sans Répit coche toutes les cases du polar solide et captivant qui, bien qu'il sait pertinemment qu'il peut pas concurrencer son écrasant modèle, lui offre une variation humble et efficace, fleurant bon le 80s/90s flavor.

[CRITIQUE] : Sans Répit

Copyright Jean-Michel Clajot/Netflix


Porté par une tension qui tient autant au sort du personnage titre qu'à la façon dont Blondeau - également crédité au scénario - réussit à faire avancer son histoire de manière cohérente, la péloche est aussi et surtout dominé par un casting totalement voué à sa cause, d'un Simon Abkarian imposant en bad guy à un excellent Franck Gastambide, qui dévoile une nouvelle facette plus sombre et torturé de son jeu d'acteur, déjà entraperçu dans le méconnu La Surface de Réparation de Christophe Regin.
Son Thomas Bin n'est d'ailleurs pas si éloigné (toute propension gardée) du Nick Conklin du bouillant Black Rain de Ridley Scott - le cadre nippon en moins -, lui dont la corruption n'a été motivée que dans un but familial (ici soigner une mère qu'il n'aura pas pu sauver), un flic au code moral bien à lui et qui met gentiment notre empathie à rude épreuve dans sa quête bancale de rachat.
Sans chercher à révolutionner le genre ni même à singer l'oeuvre originale, Sans Répit roule habilement sa bosse et incarne un thriller musclé et efficace ayant gentiment plusieurs coudées d'avance sur ce que la plateforme nous propose ces derniers temps.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Sans Répit